Mille

. Tout simplement. Parce que je ne trouve pas d'autre mots pour vous, les Madz.
Je ne l'ai évoqué qu'à 2 psy, et une amie.
Une amie qui partage mes opinions féministes.
Et qui m'a dit "
ah, oui, mais ça c'est plutôt des problèmes de couples finalement".
Je n'ai pas réagi.
Parce qu'elle avait bu et était détachée. Parce que je veux continuer de minimiser ce qui est arrivé avec cet ex. Faire comme si ça n'avait pas eu lieu, comme ça je ne suis pas vraiment blessée, pas vrai ? Ma stratégie : le déni.
Je n'en parle pas, parce que je ne veux pas qu'on me voit comme une victime. Je ne veux pas que le regard des gens sur moi change.
Mais j'aimerais parfois le clamer avec rage, le clamer à tous, pour que leur regard change sur la réalité des viols. Mon cas est loin d'être le pire, mais je me dis que savoir qu'ils fréquentent au moins une personne qui l'a vécu leur ferait arrêter de le voir comme un phénomène lointain, flou, presque légendaire.
Récemment, je me rends compte que puisque c'est arrivé et que malgré tout je suis restée avec lui, vu que je n'avais pas réalisé... eh bien si un jour je me retrouvais avec un homme violent, qui me dit qui je serais capable de partir ? Qui me dit que je pourrais me défendre puisque j'étais juste abasourdie avec mon violeur ? Qui me dit que j'identifierais l'anormalité de la chose ? Qui me dit que je serais capable de mettre mes sentiments de côté pour fuir plutôt que de lui trouver des excuses comme je le fais pour mon ex ?
Qui me dit que j'oserais en parler, alors que je ne parle de mon viol à personne parce que malgré tout je ressens de la honte d'être victime, comme si je devais me justifier que ce soit arrivé, et puisque je ne suis toujours pas moi-même convaincue que c'en était un alors que les faits sont là ? Putain,
qui me dit que ça ne recommencera pas, mais en pire forcément vu comme mon premier viol était "soft" ?
Ça me donne la nausée, ça me donne envie de pleurer. Je ne suis pas à l'abri, je ne le serai jamais, dans les bras de personne, au fond.
Pardon pour le pavé. Ça me travaillait depuis hier, j'avais besoin d'un endroit safe pour me vider.
