J'en pense qu'au lieu de remettre en cause le nombre et la méthode de sondage, ils devraient s'inquiéter que 60 parisiennes prises au pif dans la rue soient toutes dans le même cas, ce qui laisse présager que OK, peut être pas 100% mais tout de même une bonne partie des autres sont dans le même cas...
J'en pense que j'exècre les commentaires des hommes qui disent 'nan mais elles exagèrent, on voit jamais ça" étant donné que quand deux de mes amies et moi, séparément et à des périodes différentes, on a failli se faire mettre une main dans la culotte par un vieux dégueulasse, tout le monde fixait ses chaussures/ son journal/ les lumières dans le tunnel dehors.
J'en pense que les mecs qui commentent à grand coup de "Faut arrêter on est pas tous comme ça" sont con parce qu'on le sait très bien et que, un seul mec pouvant toucher plusieurs culs et faire des remarques à plusieurs femmes, il suffit de 10% des hommes (au pif) pour que 100% des femmes aient été harcelées.
J'en pense que ceux à qui c'est arrivé de façon isolée et qui disent que "c'est pas traumatisant/ c'est plutôt flatteur" devraient essayer de s'imaginer ce que ça fait quand
1) ça arrive souvent
2) ça vient d'une personne physiquement plus forte dont on sait qu'elle pourrait se permettre plus qu'une remarque dégueulasse ou une main au cul
3) ça arrive à quelqu'un sur qui on s'est déjà permis plus qu'une remarque dégueulasse ou une main au cul
J'en pense que ça me met profondément en colère et que ça me déprime complètement de voir des gens perdre leur énergie sur des histoires de nombres et de statistiques au lieu de l'utiliser pour réfléchir à des vraies solutions contre les vrais problèmes des vrais gens, tout ça pour décrédibiliser un vrai combat.
Je suis d'accord avec toi sur le sens du sondage et le fait que les mecs qui disent "non 100% des femmes ne se font pas harceler car je ne le vois pas mais bon c'est vrai que des fois aux heures de pointe on voit pas bien" MAIS LOL MEC on parle pas de ton expérience là!
Par contre s'il y a UN TRUC que je déteste ce sont les sondages partisans dont la méthodologie est douteuse et sert exclusivement à soutenir un postulat qu'on a décidé à l'avance au lieu de servir à mieux comprendre. Si on accepte de s'appuyer sur ce genre de sondage pour défendre des causes féministes, ça veut dire qu'on doit aussi admettre une certaine validité à tous ces sondages débiles sur petit échantillon qui "démontrent" que les femmes ont un cerveau gauche plus gros que les hommes, qu'elles sont excitées sexuellement par les odeurs d'aisselles masculines ou encore que les guenons préfèrent jouer avec des casseroles rouges et les singes mâles avec des camions bleus.
"60 parisiennes prises au pif dans la rue" ce n'est pas un échantillon suffisant pour prouver quelque chose car le hasard étant ce qu'il est... ben on peut effectivement tomber par hasard sur 60 femmes victimes quand toutes les autres qui n'ont pas été interrogées n'ont pas été victimes. En plus, tout dépend des conditions dans lesquelles on a interrogé ces femmes et l'article a raison de souligner que de trouver les sondées lors de "rencontres sur le genre" va forcément influencer les résultats.
Je trouve ça incroyable (si c'est vrai) que le commanditaire du sondage dise tranquillement qu'il s'en fout de la méthodo, que le but c'était de faire réagir. Parce que t'as vraiment besoin d'un sondage bidon pour démontrer qu'il y a du harcèlement dans les transports??? Je trouve assez pertinent la réflexion du chercheur bien qu'un peu "moralisatrice" : « une noble cause n'a pas besoin de
chiffres d'appels pour être défendue » - avec un harcèlement bien réel, pas besoin d'orienter les sondages, ça se prouvera toujours au bout du compte.
Bref je trouve que cet article a raison même si je n'aime pas certaines formulations (la comparaison avec la Corée du Nord par exemple - on est pas loin du "féminazi") et je trouve ça important d'être rigoureux intellectuellement en tant que militant. On ne peut pas dire "nan mais c'est la cause qui compte pas la rigueur des chiffres" comme le fait le commanditaire du sondage alors qu'on utilise justement ces chiffres pour attirer l'attention.
En plus même pour les actions militantes c'est intéressant d'avoir des statistiques crédibles pour bien comprendre ce à quoi on a affaire.
Après, j'aurais tendance à trouver le mec un peu naïf de dire
"Au-delà des bonnes intentions, comment croire qu'aucune femme n'a jamais échappé au phénomène de harcèlement dans les transports en commun?". Mais en même temps, en statistique la probabilité du 100% parfait est quasiment impossible et c'est vrai que je comprends mal comment 100% des femmes seraient conscientes du harcèlement qu'elles vivent si elles en vivent bien toutes : entre celles qui sont dans le déni, qui n'identifient pas le harcèlement comme tel, celles qui prennent trop peu les transports pour remarquer quoi que ce soit, celles qui prennent des lignes de bus plus calmes etc. il y en a bien quelques unes qui ont l'impression d'avoir une expérience 0. Et je veux bien croire que quelques-unes passent à travers les mailles du filet.
A l'Ile Maurice, mes copines qui ont une voiture et les femmes touristes presque toujours accompagnées sont persuadées que le harcèlement de rue n'existe pas alors que nous qui n'avons pas de voitures, on a toutes traversées une période de gros pétâge de câble à cause de ça. Du coup, je pense bien qu'à Paris aussi cette différence de point de vue doit exister entre différentes parisiennes qui prennent quand même parfois le métro.