Dire que je m'étais jurée de ne pas participer à cette veille au risque de devenir complètement addict..
Mais là c'est trop
!
Autant quand ça parlait bouffe je pouvais me permettre de juste baver derrière mon écran, de vous imaginer derrière vos fourneaux (aucune vision sexiste là dedans, hein!) et noter activement tout vos bons conseils, mais maintenant qu'un débat émerge, suite au témoignage de Yellow avec son élevage de serpent, je ne peux plus rester de marbre
Coucou
Je viens aussi de sortir du topic serpents et... Je suis encore bloquée par rapport au commentaire que j'y avais posté. J'aimerais bien vos avis...
Est-ce que l'anti-spécisme se définit par le refus d'un animal de compagnie, dans l'absolu ? Est-ce qu'il y a un consensus ou c'est encore en débat ? Est-ce que soutenir les élevages de particuliers responsables dont le but est d'assainir les lignées toutes pourries des animaleries c'est spéciste ? Est-ce que avoir des poules dans son pré c'est spéciste ? Est-ce que monter à cheval c'est spéciste ?
Parce que du coup je suis perdue, et je ne suis plus sûre de ce qui est spéciste et de ce qui ne l'est pas, et de avec quoi je suis d'accord...
Ces questions je me les suis tellement posée, je me reconnais tellement dans tes interrogations et j'ai en vain tenter d'y trouver des réponses.
Avant de te donner ma petite (euphémisme ^^) vision de la chose, j'voudrais déjà te féliciter (oui je suis une grosse partisane du renforcement positif
) d'oser t'interroger.
Parce qu'on ne va pas se mentir, mais ce genre de question remet tellement en cause un paquet de trucs, et impliquent tant d'autres choses, qu'il est bien plus facile de les faire disparaitre aussi vite qu'elles sont apparues, que d'y répondre, histoire d'éviter la culpabilité, l'angoisse et ce fameux doute.
Ensuite, j'aimerais tout simplement te dire qu'il n'y a pas de vérité inéluctable. Que le tout c'est d'être en accord avec soi même (non non pas les délires énergétiques tout ça)
J'ai un paquet d'amis qui ne sont pas végétariens, et sont parfois assez éloignés d'une vision que je considère respectueuse de l'animal (je parle surtout de l'équitation là, vu que je traine dans l'univers équin depuis plus de 18ans), mais qui suite à de nombreuses discussions, ne sont plus dans un système hypocrite, où ils tentent sans cesse de justifier leur actes et assument réellement leur choix,. Et qui, j'en suis persuadée, ne cesseront d'évoluer, parce qu'en s'acceptant tels qu'ils sont désormais, donc en tant qu'exploitant de la gente animale, ils ont déjà fait un grand pas.
Bon, maintenant passons à ce qui t'intéresse réellement (enfin je crois. Ma vie reste fascinante (big up Pénélope
!), donc j'aurais encore pu causer longtemps en mode 3615 raconte ta life)(la parenthèse dans la parenthèse, ce concept merveilleux
)
Si je me réfère à la définition de wikipédia:
"L'antispécisme est un mouvement datant des années 1970, qui affirme que l'espèce à laquelle appartient un être n'est pas un critère moral pertinent pour décider de la manière dont on doit le traiter et des droits qu'on doit lui accorder. " on parle seulement de pouvoir décisionnaire en général et pas d'exploitation en particulier. C'est deux choses différentes et je considère que l'un n'implique pas forcément l'autre. On peut décider quelque chose pour quelqu'un sans nécessairement réduire ce quelqu'un à un être dont on peut profiter.
Je suis donc spéciste dans la mesure où je considère que, si, j'ai des devoirs mais aussi des droits envers le canari , ou le chien plutôt (vu que l'on est dans un débat sur les animaux de compagnie), parce que je suis supérieure à eux
en intelligence.
J'estime que j'ai le droit, par exemple, de mener le chien chez un vétérinaire même s'il ne m'a rien demandé, parce que j'estime que c'est immoral de le laisser souffrir, ou au canari de le laisser crever dans sa marre.
Cependant, je considère , en tant qu'être "intelligent" que je n'ai pas non plus à en abuser -maltraitance, exploitation, utilisation de techniques éducatives ou de dressage conduisant à une souffrance physique ou psycho...-.
La frontière étant difficile à déterminer et c'est bien là notre problème.
On dit qu'un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, je pense que c'est le cas ici, nous avons entre autre le devoir de prendre soin du chien ou du petit canari.
Bon, j'avoue que c'est peu rapide de conclure que l'on est "spéciste" parce qu'on a déjà eu l'occasion, en certaines circonstances, de poser des choix "pour" des animaux. Le "truc" c'est qu'à mes yeux, considérer la supériorité de l'homme dans le pouvoir décisionnaire (mon opinion, donc) soulevait une contradiction avec la définition de l'antispécisme cité. Ca s'arrête là.
Le fait de ne pas être totalement noir sur un point n'implique pas nécessairement d'être blanc, c'est clair. En fin de compte je suis un peu en mode Hamlet là... Être ou ne pas être telle est la question....
Donc on pourrait effectivement dire que ça n'est pas du spécisme, seulement une forme de prétention peut-être, dans la mesure où je me dis moi-même supérieur, en tant qu'individu, à tous les autres animaux.
Le spécisme voudrait finalement surtout (enfin du moins dans ce que j'en ressens quand je lis vos écrits) que l'on applique cette supériorité à toute l'espèce humaine. Ce qui n'est pas possible, à cause de ce que l'on appelle, dans la réflexion antispéciste, les cas marginaux
Donc à mon sens le spécisme c'est surtout ça:
- considérer que l'espèce humaine, dans son ensemble, est supérieure à toutes les autres espèces animales.
- que certains d'entre nous préfèrent certaines espèces animales à d'autres et donc qu'il se forme un clivage dans les relations que nous pouvons entretenir avec certaines d'entre elles.
- et que ces deux arguments justifient tels ou tels actes, impliquant de la souffrance chez l'animal
Là où c'est difficile je trouve, c'est de déterminer quels sont ses droits et devoirs en tant qu'être humain, et à partir de quand est ce qu'on empiète sur l'autre.
Je serais tentée de penser qu'être végan n'exclut pas de réfléchir en temps et en heure.
En physique, on dit qu'il ne faut jamais bâtir de théorie sans référentiel. Gommer toute différence entre les espèces, me parait donc être ce genre d'absolutisme bancal, qu'on balance cash sans tenir compte de faits concrets.
Un homme n'est pas un chien, un chien n'est pas un canari, on est certes faits pour vivre ensembles dans l'amour, la joie et la bonne humeur mais l'on n'aura jamais les mêmes besoins ni les mêmes aptitudes parce qu'on n'est pas foutus pareils.
Bientôt un fumeux nous sortira, en se basant sur Tarzan
et autres cas isolés, qu'on ne naît pas homme, gorille, loup ou encore canari, mais qu'on le devient.
Alors, certes, on a toujours le choix de vivre dans la forêt en slip panthère et de manger du bambou, chacun ses trips, mais on ne luttera jamais contre ce qui est factuel.
Les expériences de ce type d'ailleurs ne se sont pas toujours bien terminées, là je vous renvoie par exemple à celle de Timothy Treadwell, un aventurier qui voulait vivre au milieu des ours. Certes il est devenu un ours. Dans l'estomac de ce dernier. Triste fin, ou mythe de l'incarnation revu par un idéaliste? Ceci est une autre histoire (oui, je m'égare aussi très souvent)
Les Indiens d'Amérique du Nord avaient un profond respect pour la nature. Ils en faisaient partie tout en gardant l'idée qu'ils n'en étaient pas les maîtres, seulement les locataires (et on retrouve encore pas mal ce schéma là dans la culture bouddhiste). Ce qui ne les empêchaient pas de consommer du bison en tant que bison. Là je vous renvoie à mon histoire de référentiel à savoir qu'il n'existait pas de boutique bio ni de diététicien réputé dans le grand Ouest, qu'il fallait bien survivre et qu'ils n'avaient tout bonnement pas trente-six solutions à leur portée.
Tout ça pour dire que, selon moi, encore et toujours, le véganisme se base avant tout sur une affaire de conscience.
Respecter la nature c'est aussi respecter ses éléments en tant que tel.
La nature, dit-on, est un vaste engrenage d'éléments disparates qui forment une harmonie d'ensemble. Cette harmonie n'existe que si on admet les similitudes, mais aussi
les différences. L’annihiler est une façon égoïste de reproduire son propre schéma sur un être qui a déja le sien, sous prétexte que tout le monde est beau et gentil -le cas des croquettes végétariennes par exemple-. Annihiler la différence ce n'est pas la respecter.
Peut-on parler pour autant de "hiérarchie" entre les espèces ? Je ne pense pas qu'il s 'agisse d'une "hiérarchie" au sens dominants-dominés mais d'une bête et simple répartition des tâches dans un contexte donné. Ou, si hiérarchie il y a il faut cesser de considérer ce mot avec connotation négative car hiérarchie n'implique pas nécessairement une échelle de "valeurs" et de castes. Là encore il est question de contexte différent.
Une hiérarchie, il en faut, sinon c'est le bordel: nous sommes intelligents, plus du moins que le petit canari, ça ne signifie pas pour autant que nous valons mieux que le petit canari (qu'est ce que la valeur d'ailleurs, encore une autre histoire).
Par contre utiliser ce fait pour mieux exploiter une espèce ou justifier des techniques d'éducation basées sur la peur et la douleur: NO WAY.
Et là on en revient à l'exploitation des animaux dit de compagnie, comme les chevaux en équitation, où les méthodes peu éthiques prônées par encore trop d'éducateurs canins, qui justifient leur emploi par le biais de théories fumeuses sur la domination inter-espèce -et donc le spécisme-.
Du coup là j'en profite pour rebondir sur ce que tu disais
@leahnrt à propos de l'équitation éthologique, qui n'est en faite pas plus respectueuse que l'équitation classique..
Elle est simplement mieux construite (dans le discours et son application), mais elle se base sur un système d'apprentissage fort peu éthique à mon goût, puisque c'est une combinaison entre renforcement négatif et punition positive, où l'animal n'est pas motiver à recevoir mais à éviter. Alors tu me diras c'est mieux qu'un gugus qui emploie la cravache à outrance, mais l'équitation étho n'est en rien synonyme de plus douceur et d'abscence de pression physique ou psychologique non préjudiciable.
C'est la fille qui qui a expérimenter et épouser cette idéologie équestre avec ses chevaux pendant plus de cinq ans et qui l'a même "enseignée" et continue un peu malgré elle de le faire, qui te l'affirme
Mais heureusement pour nous, il est possible de faire autrement
Je dis surtout qu'il faut toujours placer les choses dans leur contexte car une théorie n'est jamais un absolu.
Donc partir du principe que l'on ne peut pas vivre ensemble, qu'un animal sera forcément malheureux en notre présence: non. Mais il faut toujours éviter la relation unilatérale, revenir "à la source" et prendre en compte le contexte.
Les animaux de compagnie et d'élevage comme les chiens, les chats, les chevaux les poules, les vaches ou encore les cochons, ne peuvent
aujourd'hui, dans notre monde actuel, plus vivre sans nous. Par contre un serpent ou tout autre NAC (même si à mon sens, le furet c'est légèrement différent, parce qu'on en trouve pas à l'état sauvage), eux si, si nous ne les faisons pas naitre en captivité à la base bien entendu.
Donc il n'y a à mon sens, aucun soucis éthique à avoir des animaux de compagnie ou d'élevage, créer par l'homme et pour l'homme, SI et seulement si, nous faisons ça dans les règles de l'art, en répondant aux besoins fondamentaux de notre animal (et j'ai encore du mal à concevoir qu'un serpent soit heureux en terrarium, qu'un chien soit bien, attaché à une niche H24, ou un cheval épanouie en boxe), en appliquant des méthodes d'éducation véritablement respectueuses et éthiques, et enfin que nous ne participons pas à un système préjudiciable à un autre (les élevages versus les refuges)
Bref pour conclure ce pavé (qui peut accessoirement servir de somnifère bio
) je dirai que je suis l'heureuse humaine de deux animaux de compagnie (un chien et un cheval) et que ce n'est pas à mes yeux, contradictoire avec une vision respectueuse du monde animal.