Je trouve certains posts hyper violents envers les parents, surtout (et désolée si ça fait "vieille conne") provenant de madz qui n'ont pas d'enfants.
Ce que je trouve dur, c'est que parmi les parents qui ont réellement recours à la violence
éducative, c'est-à-dire ceux qui mettent un intérêt pédagogique dans la violence physique ou verbale, peu vont chercher à se remettre en question, convaincus du bien-fondé de leur opinion puisque "iels ont été éduqué.e.s comme ça" et que "faut bien se faire obéir/avoir de l'autorité/etc.". On est tous.tes d'accord ici pour dire que ça ne devrait pas exister. Mais ces parents-là, jusqu'ici, n'ont pas témoigné dans les commentaires, ils ne sont pas venus expliciter leurs choix en matière d'éducation, donc techniquement on ne s'adresse pas à eux.
Par contre il y a ici plusieurs parents qui ont expliqué que oui parfois, on craque (d'autant plus quand on a subi la VEO nous-mêmes et donc qu'elle est "engrammée" en nous comme quelque chose de naturel, voire de réflexe), qu'être parents c'est hyper dur, et
d'autant plus dur quand on veut sortir des schémas nocifs dans lesquels on a été éduqués. Quand on n'a pas connu une patience à toute épreuve enfant, c'est vrrrraiment pas évident de la développer avec son propre enfant, en plus de mille soucis qu'on peut avoir à côté, et du manque de sommeil (le manque de sommeil est une réelle torture qui change le comportement).
C'est hyper dur aussi car comme je le disais dans mon premier post ici, je pense qu'
il est infiniment + difficile pour un parent de mener l'éducation positive et bienveillante, plutôt que l'éducation VEO, parce que dans la première il faut : savoir prendre sur soi d'une manière sacrificielle, remettre en question sa propre éducation, accepter que son enfant n'obéisse pas (car on part du principe qu'on cherche la coopération et non l'obéissance : les enfants ont mille lubies à la seconde, c'est pas toujours compatible avec "on a 5 minutes pour mettre les chaussures, le manteau et monter dans la voiture")... tout en ayant pleinement conscience de l'impact qu'a notre manière d'éduquer (parce qu'a priori les jeunes parents aujourd'hui portés sur l'éducation bienveillante ont fait un chemin pour en arriver à la conclusion que c'était mieux de faire sans violence à cause de l'impact). Et
en plus, devoir se battre contre l'opinion générale qui trouve qu'on est toujours trop laxiste, qu'on est un parent dépassé, que notre gosse est un enfant-roi, qu'on ne le prépare pas à la vraie vie, j'en passe et des meilleures. Et quand t'en chies avec ton gamin et qu'on te sort que c'est normal parce que "t'es trop gentille", bah merde.
Dans l'éducation VEO, très rapidement on a des enfants qui ne vont plus bouger une oreille, par peur ou crainte d'être humilié : c'est bien plus facile (et merdique, on est d'accord), mais du coup quand on vit le truc, qu'on se donne à fond pour donner le meilleur à son gosse parce qu'on veut faire les choses le mieux possible... quand le gosse continue à vivre sa lubie, et que lui crier dessus apporte satisfaction à notre besoin de l'instant, bah :
c'est dur. Purée, c'est dur de pas se laisser aller, de ne pas céder à la facilité parce qu'
on est déjà au bout du rouleau et que ouais bah quand on crie, le gosse il obéit.
(ok, il obéit par peur, parce qu'il est tétanisé, on peut lister toutes les mauvaises raisons du monde, mais sur le moment bah c'est dur de continuer à choisir le chemin plus difficile de la bienveillance.)
Donc lire des trucs genre "ouais enfin si tu sais pas gérer ta colère, c'est pas à ton gosse de subir" : juste non.
Ça fait du bien à personne de lire ça. On sait que c'est pas bien, on sait que faut pas se laisser submerger par la colère, mais quand la colère sort de toi tellement vite que tu l'as même pas vue aller dans ta main, que tu culpabilises à mort, t'as juste envie qu'on te prenne dans tes bras, qu'on te fasse un câlin et qu'on te dit que ça va aller. Pas qu'on vienne te faire la morale parce que t'as pas réussi à gérer. Y'a un monde entre un parent maltraitant ou simplement ignorant, et un parent qui fait du mieux qu'il peut et qui craque de temps en temps.
Et franchement les remarques sur "A notre époque, on choisit quand on fait un gosse, on s'y attend un minimum donc y'a pas de quoi être surpris" :
Comme le dit le dicton "Avant j'avais des principes, maintenant j'ai des enfants." Un enfant on s'y attend jamais, que ce soit en bien ou en mal c'est un bouleversement de dingue. Je vous invite à sous-mariner le
topic des parents, pour avoir une idée de ce qu'on peut vivre en tant que jeune parent porté sur la bienveillance.
Et détrompez-vous aussi, quand je lis "ouais moi j'ai des copines elles frappent jamais leurs gosses hein" : vous savez pas ce qui se passe quand il n'y a pas de témoin. Comme pour beaucoup de choses, ce qu'on montre en public c'est une surface qui peut être magnifique et polie comme tout, ça reste superficiel. Croyez-moi, énormément de mon entourage pense que je suis beaucoup trop gentille avec ma fille, que je lui crie jamais dessus, que je fais d'elle une enfant-reine et compagnie, tout simplement parce qu'en public je suis déjà en réaction à la VEO qu'elle peut recevoir de personnes pas du tout bienveillantes, donc je m'efforce moi d'être au taquet dans la douceur pour contrecarrer. Quand on est seules à la maison, qu'elle veut pas lâcher mes bras sans se mettre à chouiner, qu'elle me tape ou me fout ses doigts dans le nez, bah à un moment merde, juste merde. J'ai aussi un exemple de parents dont je suis hyper admirative, hyper bienveillants et tout, bah des fois ils me disent que ouais ils ont merdé, qu'ils ont fait mal à leur fils parce qu'ils ont pas géré, qu'ils s'en sont voulus. Et ça fait vraiment pas d'eux de mauvais parents.
Et au-delà de ça, quand j'ai reparlé à mon père il y a même pas un an des coups qu'il me portait quand j'étais petite, il ... a nié. Il ne s'en souvenait pas. Il s'est offusqué que je dise ça, disant que jamais ô grand jamais il ne m'avait frappée, que c'était pas dans ses principes. Il était sincère. Ça se voyait, il ne s'en souvenait pas.
Bref je pars un peu en cacahuète là, mais juste, si on parle de bienveillance, il en faut aussi pour les parents qui ont besoin d'aide pour y arriver. La gestion des émotions c'est un problème de dingue dans notre société, la parentalité c'est aussi un problème que l'on ne considère pas assez, enfin y'a tellement de paramètres et facteurs qui entrent en compte !
Oui la VEO doit être éradiquée. Non c'est pas facile du tout, ça dépend pas "juste" du parent qui, décidément, ne fait jamais les choses comme il faut.
Et je conclurais sur le fait que des parents parfaits seraient certainement très mauvais, car grandir avec des parents parfaits, c'est avoir la certitude qu'on ne sera jamais à la hauteur. Quand un parent ne gère pas, ça montre aussi à l'enfant que son parent n'est pas tout-puissant, qu'il se trompe parfois, qu'il n'a pas toujours raison. C'est, au final, très constructif aussi.
J'espère sincèrement que ce post-fleuve va être bien compris, je redis que je suis contre toute forme de VEO, mais que fustiger les parents qui craquent ne fait pas avancer le débat.