J'avoue que comme @L'atrabilaire j'ai un peu de mal à comprendre cette démarche autour de Carmen, voire je n'y adhère pas du tout Et pourtant je ne suis pas des plus attachées à l'intégrité des oeuvres, j'aime les réécriture et les réinterprétations. Mais là, même d'un point de vue féministe ça me paraît relever plus du contresens que d'autre chose. Déjà, parce que si je comprends bien ce que j'ai lu, cela ne relève pas d'une démarche globale de réflexion autour de l'oeuvre - que cette démarche soit artistique ou sociale - mais qu'il s'agit d'une modification à la fois conséquente et complètement ponctuelle. Est-ce que cette modification est cohérente avec le reste de la mise en scène et les choix artistiques de cette production en général ? Difficile d'en juger sans la voir, mais s'il s'agit d'une contrainte qui vient du directeur du théâtre, ça me paraît quand même peu probable.
Et en plus, parce que faire ce genre de chose neutralise justement à mon sens tout discours un tant soit peu politique ou historique sur l'oeuvre en fait. Je m'explique. Ce genre de dénouement est extrêmement courant dans l'opéra du XIXe siècle. L'esthétisation du destin tragique d'une héroïne, souvent dans un contexte amoureux, est vraiment une constante (on peut le voir par exemple dans ce livre : https://www.decitre.fr/livres/l-opera-ou-la-defaite-des-femmes-9782246007722.html) Et oui, on peut tout à fait trouver que cela constitue un réel problème en termes de mise en scène actuelle, et se poser la question du contexte historique, artistique et social de cette époque où on mettait en scène de façon aussi systématique des femmes malmenées, en le prenant comme occasion de faire un bel air tragique que tout le parterre pourra applaudir lorsqu'il sera chanté par une cantatrice star
Ce choix un peu cosmétique de l'effacer complètement d'une oeuvre empêche à mon sens toute remise en contexte générale de cette problématique (pourquoi les spectateurs du XIXe siècles trouvaient que c'était le summum du sublime ? pourquoi peut-on même aujourd'hui être touché par ce type de dénouement ?) et surtout fait comme si ce n'était pas un élément constitutif de l'histoire de l'opéra. Pour moi, une démarche féministe intelligente vis à vis de ce type d'oeuvre passe par la mise en contexte et le débat. Là, c'est un peu faire comme si on pouvait effacer les aspects "problématiques" et déclarer que, c'est bon, l'opéra n'est pas sexiste, alors que c'est une question beaucoup plus structurelle.
Et en plus, parce que faire ce genre de chose neutralise justement à mon sens tout discours un tant soit peu politique ou historique sur l'oeuvre en fait. Je m'explique. Ce genre de dénouement est extrêmement courant dans l'opéra du XIXe siècle. L'esthétisation du destin tragique d'une héroïne, souvent dans un contexte amoureux, est vraiment une constante (on peut le voir par exemple dans ce livre : https://www.decitre.fr/livres/l-opera-ou-la-defaite-des-femmes-9782246007722.html) Et oui, on peut tout à fait trouver que cela constitue un réel problème en termes de mise en scène actuelle, et se poser la question du contexte historique, artistique et social de cette époque où on mettait en scène de façon aussi systématique des femmes malmenées, en le prenant comme occasion de faire un bel air tragique que tout le parterre pourra applaudir lorsqu'il sera chanté par une cantatrice star
Ce choix un peu cosmétique de l'effacer complètement d'une oeuvre empêche à mon sens toute remise en contexte générale de cette problématique (pourquoi les spectateurs du XIXe siècles trouvaient que c'était le summum du sublime ? pourquoi peut-on même aujourd'hui être touché par ce type de dénouement ?) et surtout fait comme si ce n'était pas un élément constitutif de l'histoire de l'opéra. Pour moi, une démarche féministe intelligente vis à vis de ce type d'oeuvre passe par la mise en contexte et le débat. Là, c'est un peu faire comme si on pouvait effacer les aspects "problématiques" et déclarer que, c'est bon, l'opéra n'est pas sexiste, alors que c'est une question beaucoup plus structurelle.
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