Pour poussez la réflexion, il y a une chose que je n'ai jamais réussi à pleinement comprendre vis a vis de la phrase : "Ne pas remettre en cause la parole des victimes". Déjà croire d’emblée quelqu'un parce qu'il a statut (quelle qu'il soit) m'a toujours parut casse gueule. Mais ok admettons.
Ensuite c'est quoi une victime ? C'est une personne lambda qui se dit victime, quelqu'un de confiance qui nous raconte une agression, ou quelqu'un déclaré comme tel par un tribunal ou une instance publique ?
Puis quand on dit ne pas remettre leur parole en question, c'est dans quelle contexte ? Quand on communique avec eux ou quand on essaye de se faire un avis sur ce qu'il s'est réellement passé ? Car ok quand on récupère une pote en pleure qui nous raconte une agression, si effectivement c'est vrai (et il y a de bonnes chances que cela le soit) ce serait super violent de lui dire qu'elle se trompe. Mais hors de ce contexte précis ou de preuves évidentes, c'est pas un peu ultra simpliste de dire "il faut croire les victimes" ? Donc ok c'est un truc qui s'applique plutôt bien pour les statistiques et les études de masse, mais que je trouve trop hasardeux pour le cas par cas.
Bref, définitivement je ne suis pas fan des mantras type: "il faut croire les victimes". Ça me fait le même effet que "pas d’utérus, pas d'avis", "not all men" ou d'autre slogan du même genre. Ça claque peut être sur une pancarte et ce sont des bases à connaitre quand on démarre sa déconstruction, mais pour moi cela ressemble quand même énormément à des raisonnements prémâchés dont il faut s'affranchir au fur et à mesure ou on avance dans les réflexions. La société et les rapports humains sont complexes et ce n'est pas en réfléchissant avec des slogans de 4 mots que l'on arrivera à y voir clair.
Pour revenir au sujet, autant des connards genre Wenstein ou Polanski je suis d'accord pour leur balancer des bûches. Mais Amber Vs Johnny, et même si c'est certainement une histoire tragique, l'histoire est bien trop obscure pour que je m'aventure à avoir un avis sur la question.
C'est sûr que si tu résumes la phrase "il faut croire les victimes" à un slogan ou un raisonnement prémâché...
Perso je vois ça comme : l'immense majorité des femmes qui parlent/dénoncent des violences n'est pas écoutée, ou pire se prend une shitstorm en pleine face, donc prenons le parti de renverser la tendance et de partir du principe que, quand une personne se dit victime de quelque chose, il faut l'écouter et a priori la croire. Parce que bon, dans les faits, il y a quand même peu d'intérêt (ceci est un euphémisme) à inventer une histoire de toutes pièces, et de toute façon les mensonges ou les véritables incohérences se détectent assez vite. Dans les cas de violence conjugale, il y a peu de chance que la société t'acclame pour ton courage, ta parole et te déroule le tapis rouge, c'est carrément le contraire qui se produit. Tout ça pour dire que le statut de victime n'est absolument pas confortable dans notre société, il est au contraire source d'angoisse et de culpabilité, donc si quelqu'un parle, je me dis qu'il ou elle fait preuve de courage et ma première idée va être de le/la croire. Parce que c'est dur de dénoncer des violences.
Ce qui ne veut pas dire qu'il faut tout gober de manière naïve, après on voit au cas par cas bien évidemment. Là par exemple, dans l'affaire Johnny Depp/Amber Heard, je ne suis pas leur intime, je ne connais pas les dynamiques qui étaient à l'oeuvre dans leur couple, et comme des preuves les accablent tous les deux, bah je n'ai pas d'opinion et peu importe. Ou plutôt, je crois qu'être victime de violences n'empêche pas de devenir violente à son tour, sans savoir ni préjuger de qui a porté le premier coup.
Et enfin, oui, je me base avec confiance sur les statistiques, sachant que seulement 2 à 8% des accusations de viol (si on prend cet exemple spécifique) sont fausses. Soit le même pourcentage que toutes les autres fausses plaintes, tout motif confondus.