J'ai pleuré toute l'après midi. Je regardais une série quand m'a mère m'a appelé pour m'annoncer la terrible nouvelle. Elle me dit pour l'attentat. Elle me dit pour Charb. Je n'ai pas vu la fin de mon épisode. J'ai tout de suite allumé la télé sur iTélé. J'ai été abasourdie, choquée. J'apprends pour Cabu. Je suis restée immobile devant ma télé, le téléphone à la main, sans rien pouvoir dire. J'ai téléphoné à mon copain, à ses grands parents, ma grand-mère m'a appelée... On était tous sur le cul. Puis j'ai pleuré, en serrant mon chat dans mes bras.
Quand j'étais petite, mes parents achetaient Charlie Hebdo toutes les semaines ou presque. A l'époque, je ne faisais que regarder vaguement les dessins, alors que souvent mes parents me disaient que ce n'était pas trop pour moi. Pourtant, même maintenant, les dessins de Charb me rappelle cette enfance où, pour moi, Charlie Hebdo se limitait à ses caricatures. Puis, en grandissant, j'ai commencé à lire quelques articles, seulement ceux que je trouvais "pas trop chiant".
Puis, petit à petit, on l'a un peu moins acheté, puis plus du tout. Sans vraiment nous en rendre compte. De temps en temps, on y pensait, à l'acheter, mais après on oubliait.
Cet après midi, à 14h, je suis descendu chez le marchand de journaux en bas de chez moi, et j'ai acheté Charlie Hebdo. Je me suis sentie coupable. Coupable de ne pas avoir fait ça plus souvent, plus tôt. J'avais l'impression d'être de ces gens qui ne s'intéresse à quelque chose que lorsqu'il se passe quelque chose.
On arrive pas à le lire. On regarde les dessins, les signatures en bas à droites des caricatures. Et on a le cœur qui se serre.
Vers 15h30, j'ai appris que Bernard Maris faisait également parti des victimes. J'ai appelé ma mère. Il m'a suffit de dire ce nom pour qu'elle comprenne. Son "oh non, pas lui" résonne encore dans ma tête.
Je suis même pas en colère. J'ai aucune haine. Je suis juste triste. Profondément malheureuse.