@tortelette L'accompagnement en lycée est assez complexe. N'ayant jamais expérimenté l'accompagnement ailleurs qu'en lycée je ne peux pas comparer mais je vais essayer d'expliquer au mieux.
Déjà ce qu'il faut savoir c'est qu'au lycée ce sont très majoritairement des élèves dys (ou multi dys). J'en ai eu 3 et l'accompagnement est pratiquement toujours le même. Ce sont des élèves assez autonomes. J'en ai eu 2 qui ne voulaient même pas que je les aide en classe. Même lorsqu'il y avait des textes à lire, des prises de notes. Refus catégorique de mon aide. Coïncidence ou pas, ce sont tous les deux des garçons. Lors des contrôles c'est différent, ils me sollicitent s'ils n'ont pas compris le texte pour que je le leur réexplique. Ils refusent que je le lise à leur place. Ils me sollicitent aussi pour la reformulation des questions. Et ça s'arrête là. C'est très frustrant.
Ma 3ème élève dys était une fille et cela se passait différemment. Elle demandait à ce que je lui lise les textes, les questions aussi. Comme c'était moi qui lisait elle n'avait pas besoin que je reformule ou alors très rarement. Elle avait un ordinateur avec un logiciel spécial pour dys installé par la MDPH, donc elle pouvait prendre en note les cours toute seule sur son ordinateur. Je la laissais faire et je prenais les cours à côté sur une feuille. Cela lui permettait, si elle ratait un mot, une phrase, de regarder sur moi plutôt que d'interrompre la classe et le professeur. Si elle avait trop de retard sur la prise de notes je tapais le cours à l'ordinateur chez moi et je le lui envoyais par mail, ce qui lui permettait d'être à jour pour le lendemain. C'était vraiment un très bel accompagnement car elle avait confiance en moi et on arrivait très bien à fonctionner ensemble sans que je prenne "son espace". Car en lycée l'élève dys n'est pas seul à une table devant ou derrière avec son AVS, il est au milieu de son groupe de copains copines et ça papote, ça rigole, bref une adolescence totalement normale. Et il faut savoir se placer là dedans. Ne pas intervenir, mais quand même "recadrer" quand le professeur recommence à dicter, expliquer etc. sans paraître prendre la place du professeur et être "la vilaine".
Il faut avoir le rôle d'une amie bienveillante, sans être une amie.
Ensuite en lycée viennent les handicaps moteurs, les TDA(H) puis très rarement des élèves porteurs de troubles autistiques. Mais cela reste très rare car généralement ils n'arrivent pas à ce niveau là dans le système scolaire basique et sont souvent redirigés vers des IME bien avant.
J'ai donc accompagné une élève handicapée moteur suite à une non oxygénation à la naissance. Elle est donc en fauteuil. A cela se mêle plusieurs dys (mais pas de dyslexie). Et bien il s'agit de mon plus bel accompagnement.
C'est une élève en demande d'AVS. Elle a fait une grande partie de sa scolarité sans AVS, Elle n'en a eu qu'à son entrée en seconde....
Avec elle tout se passe pour le mieux. Elle est très autonome lors des cours. Elle prend ses cours sur ordinateur et se débrouille seule. Je prends seulement le relais en fin de journée quand elle fatigue et qu'elle n'est plus capable de prendre des notes en même temps qu'elle a une écoute active.
Je ne l'accompagne pas lors des repas et des récrés car soit elle souhaite se débrouiller seule, soit ses amies sont toujours là pour pousser le fauteuil.
Cependant c'est une élève qui court après les bonnes notes, donc dès qu'elle a une heure de trou elle file au CDI pour faire ses devoirs. Je l'accompagne très souvent (je fais parfois des heures sup, mais de mon plein gré !) et nous révisons les contrôles et je supervise ses devoirs . Je m'assure juste qu'elle comprenne bien les consignes et je réponds à ses questions. Pendant qu'elle bosse je réorganise aussi son ordinateur. Je regroupe ses cours, je marque les dates, corrige les grosses fautes.
Elle passait son bac français l'année dernière, je me suis alors occupée de récupérer tous les textes vierges auprès du professeur, d'imprimer les explications de texte qu'elle avait sur son ordinateur et de les classer dans l'ordre en mettant en gras les plans et les idées principales, les problématiques.
Globalement voilà comment cela se passe au lycée. Je ne sais pas pourquoi, mes deux meilleurs accompagnements sont avec des filles. Elles ont plus tendance à accepter des AVS et surtout le regard des autres quand elles sont accompagnées de l'AVS. La jeune fille dyslexique n'avait aucun problème à faire le changement de salle à mes côtés alors que les deux garçons me fuyaient comme la peste dans les couloirs.
J'ai entendu pas mal d'AVS en lycée qui disaient que leur élève avait tendance, comme tu dis Tortelette, à vouloir les faire bosser à leur place. Mais ce n'est pas mon cas, j'ai plutôt eu le cas inverse des élèves qui ne veulent pas que je bosse mais qui sont quand même content quand je suis là lors des contrôles car mine de rien une consigne comprise peut faire passer d'un 5 à un 12...
Sinon pour ce que tu racontes je trouve ça aberrant. Nous sommes plusieurs dans mon lycée à avoir demandé à passer en AESH pour accompagner nos élèves jusqu'au bac, et nous avons toutes eu nos dossiers acceptés sans même avoir un seul entretien ni rien...
Après maintenant il y a le diplôme AES qui permet de rentrer par voie "officielle" dans le métier si jamais tu veux vraiment, mais ça implique de reprendre des études et donc de ne pas être rémunéré...