nezentrompette
Le train de vie d'une noix de Saint-Jacques
@Slaw Merci pour ta réflexion, c'est très intéressant et je te suis parfaitement.
Pour ton questionnement:
Tu appréhendes une réalité et ensuite tu lui apposes une étiquette linguistique: soit un néologisme, soit tu étends le sens d'un mot existant, soit tu lui colles la belle étiquette "truc, machin, bitoniau" (genre moi face à des outils et des morceaux de machin à monter
). Regarde les gamins qui apprennent à parler: c'est quoi? comment ça s'appelle? Ils peuvent voir un couple homo dans la rue en revenant de l'école et demander des précisions le soir à table, où on lui donne le mot pour désigner cette réalité.
Dans les années 90, j'étais lycéenne. On parlait à peine d'homo (et encore, homo = mec qui aime les mecs. Les lesbiennes là-dedans, zéro représentation), les a-genre, les trans je te jure que dans le monde dans lequel j'évoluais ils étaient invisibilisé.e.s à 1000%. Pourtant il y avait une personne qui travaillait à ma cantine, femme très masculine ou mec très androgyne, que tout le monde, comme des cons qu'on était, appelait "madame monsieur". Vingt ans plus tard, je comprends que cette personne était clairement trans. A l'époque, on n'avait pas le mot, mais sa réalité était sous nos yeux. Ce qui me fait plaisir, c'est qu'à part un surnom naze (qui ne s'est pas pris un surnom naze dans le secondaire?) iel n'a jamais eu droit à du harcèlement en bonne et due forme pour sa différence, que mine de rien on acceptait, et peut-être même que ce surnom n'aurait pas existé si on avait su ce qu'était la transexualité (je m'aperçois en écrivant que le correcteur orthographique me souligne "transexualité", le français écrit et sa tolérance...soupir). Enfin bref, ne pas (encore) pouvoir désigner sous un nom une réalité ne rend pas aveugle pour autant.
Ensuite, la langue est assez "monolithique" j'ai envie de dire: ce qu'on met derrière les mots changent bien plus que le mot lui-même: il n'y a qu'à voir les basculements de sens. "Maison" s'écrit "maison" parce qu'à une époque très lointaine on disait un truc genre "maïssone": la prononciation a changé, pas l'écrit. Autre exemple tout con: il pleut. Cékicékoi ce "il"? Ben à la base, ce il qu'on croit impersonnel désignait "dieu": dieu-qui-est-toutes-choses pleut. Qui a encore conscience de ça en disant "il pleut"? Même les ultra-croyants ne le savent pas. L'Eglise a perdu du terrain depuis des siècles et pourtant grammaticalement dieu pleut encore
Mais malgré tout mon exposé (pas trop barbant j'espère...) je suis d'accord que oral et écrit sont pas non plus strictement dissociés et peuvent s'auto-alimenter pour faire évoluer les esprits.
Pour ton questionnement:
En fait, c'est très possible: celleux qui ont imaginé fabriquer le premier ordinateur avaient le concept avant le nom.Mais comment penser des choses qu'on ne peut pas dire ?
Tu appréhendes une réalité et ensuite tu lui apposes une étiquette linguistique: soit un néologisme, soit tu étends le sens d'un mot existant, soit tu lui colles la belle étiquette "truc, machin, bitoniau" (genre moi face à des outils et des morceaux de machin à monter

Dans les années 90, j'étais lycéenne. On parlait à peine d'homo (et encore, homo = mec qui aime les mecs. Les lesbiennes là-dedans, zéro représentation), les a-genre, les trans je te jure que dans le monde dans lequel j'évoluais ils étaient invisibilisé.e.s à 1000%. Pourtant il y avait une personne qui travaillait à ma cantine, femme très masculine ou mec très androgyne, que tout le monde, comme des cons qu'on était, appelait "madame monsieur". Vingt ans plus tard, je comprends que cette personne était clairement trans. A l'époque, on n'avait pas le mot, mais sa réalité était sous nos yeux. Ce qui me fait plaisir, c'est qu'à part un surnom naze (qui ne s'est pas pris un surnom naze dans le secondaire?) iel n'a jamais eu droit à du harcèlement en bonne et due forme pour sa différence, que mine de rien on acceptait, et peut-être même que ce surnom n'aurait pas existé si on avait su ce qu'était la transexualité (je m'aperçois en écrivant que le correcteur orthographique me souligne "transexualité", le français écrit et sa tolérance...soupir). Enfin bref, ne pas (encore) pouvoir désigner sous un nom une réalité ne rend pas aveugle pour autant.
Ensuite, la langue est assez "monolithique" j'ai envie de dire: ce qu'on met derrière les mots changent bien plus que le mot lui-même: il n'y a qu'à voir les basculements de sens. "Maison" s'écrit "maison" parce qu'à une époque très lointaine on disait un truc genre "maïssone": la prononciation a changé, pas l'écrit. Autre exemple tout con: il pleut. Cékicékoi ce "il"? Ben à la base, ce il qu'on croit impersonnel désignait "dieu": dieu-qui-est-toutes-choses pleut. Qui a encore conscience de ça en disant "il pleut"? Même les ultra-croyants ne le savent pas. L'Eglise a perdu du terrain depuis des siècles et pourtant grammaticalement dieu pleut encore

Mais malgré tout mon exposé (pas trop barbant j'espère...) je suis d'accord que oral et écrit sont pas non plus strictement dissociés et peuvent s'auto-alimenter pour faire évoluer les esprits.