Chez les personnes à risque. Les auteurs d'une synthèse systématique publiée en 2008 ont scruté 10 essais ayant porté sur 1 049 sujets en tout : ils ont effectué une méta-analyse sur quatre d’entre eux et ont conclu que le jus de canneberge pouvait être efficace pour la prévention des infections urinaires chez les femmes à risque, c'est-à-dire celles ayant déjà eu ce type de problème. Les auteurs ont aussi constaté que les abandons étaient nombreux au cours des essais, ce qui laisse penser que, chez plusieurs personnes, la consommation continue de jus de canneberge n’est pas bien tolérée.
Depuis cette revue systématique, trois autres essais concluants ont été publiés. L’un d’eux a été mené auprès de 137 femmes âgées de 45 ans et plus qui avaient eu au moins deux infections urinaires traitées avec des antibiotiques au cours de l’année précédente. Les participantes ont pris, durant 6 mois, soit 100 mg par jour de triméthoprime (un antibiotique), soit 500 mg d’extrait de canneberge (Cran-Max®). L’antibiotique a été plus efficace pour réduire le nombre de rechutes, mais pas de façon statistiquement significative.
Au cours de deux autres essais, le jus de canneberge a été plus efficace qu’un placebo pour prévenir les rechutes auprès de filles (de 3 ans à 14 ans) sujettes aux infections urinaires et de femmes enceintes (la grossesse augmente le risque d’infection urinaire). Au cours de l’essai auprès de femmes enceintes, le traitement a été également efficace pour réduire les cas de bactériurie asymptomatique (présence de très grandes quantités de bactéries dans l'urine, sans symptôme d’infection). Ces résultats doivent être confirmés par d’autres essais, mais les auteurs d’une synthèse estiment que le jus de canneberge, étant donné son innocuité, constitue un traitement à considérer pour les femmes enceintes sujettes aux infections urinaires.
Une étude menée auprès de 319 femmes a été publiée en décembre 201038. Les participantes, qui avaient déjà consulté pour une infection urinaire, ont bu chaque jour 2 verres (16 oz) de jus de canneberge ou de jus placebo sucré et acidulé, mais ne contenant pas les ingrédients actifs de la canneberge. Les résultats obtenus ne permettent pas de trancher en faveur ou contre l’efficacité de la canneberge. En effet, contre toute attente, il y a eu davantage de récidives d’infections urinaires chez les femmes buvant le jus de canneberge que chez celles buvant le jus placebo (20 % contre 14 %). Cependant, cet essai n’est pas totalement négatif : qu’elles aient bu du jus de canneberge ou du jus placebo, les femmes ont subi presque 2 fois moins de récidives que ce qui est habituellement observé pour ce type d’infection (16,9 % contre 30 %).
En 2012, une méta-analyse, regroupant 10 études randomisées pour un total de 1616 participants, a confirmé l’effet prophylactique de la canneberge. Dans ces études, la canneberge était donnée sous forme de jus de fruits (50ml à 750ml par jour, soit 7,5 à 194 g de canneberge par jour) ou de capsules (0,4 à 8 g de canneberge par jour). Il apparaît qu'elle réduit le risque d’infection de 38% en moyenne, comparée à ceux qui n’en consomment pas. L’effet préventif est surtout marqué chez les femmes (-51%) et les enfants (-67%).