@Anne de Russie_
De manière générale j'ai du mal avec l'idée que "si on ne mentionne pas c'est bon, on peut dire ce qu'on veut", que j'ai déjà vu tourner plusieurs fois. Si c'est posté en public (i.e. pas dans une discussion privée), et encore plus si la personne concernée utilise le site, elle est susceptible de tomber dessus et il me semble qu'un minimum d'empathie s'impose.
En tout cas je sais que je n'aimerais pas du tout tomber sur des messages où des gens racontent qu'ils lèvent les yeux au ciel quand ils lisent mon témoignage (qui plus est un témoignage courageux, sur un sujet encore tabou, tout ça), me désignent comme "Jeannette"/"une ingénue"/"les-gens-qui-ne-réfléchissent-pas".
@iableauco Personnellement, je fais partie des gens qui pensent que tout n'a pas forcément besoin d'être "une décision ferme et mûrement réfléchie" (y compris les choix de vie lourds, comme avoir un enfant mais aussi s'orienter dans une carrière très éprouvante émotionnellement, changer de pays, prendre en charge un proche âgé chez soi ou investir toutes ses économies dans une entreprise par exemple), et que parfois on peut se laisser surprendre par une opportunité à laquelle on n'avait pas pensé. Et parfois ça fonctionne, parfois on aurait mieux fait de ne pas la saisir, mais on ne pouvait pas forcément savoir avant quelle serait l'issue.
Je pense ça parce que je pars du principe que, en tout cas pour moi, il n'y a pas "une bonne vie", mais plein de vies possibles dans lesquelles je pourrais m'épanouir (et l'endroit où je vis, ma situation familiale, professionnelle... peuvent énormément varier de l'une à l'autre) et que l'important c'est de vivre l'une d'entre elles, parmi les milliers de possibilités
Pour certaines personnes, toutes les vies épanouissantes possibles ont pour point commun d'être sans enfants, ou avec enfants, parce que c'est un facteur indispensable/incompatible avec le bonheur. Mais pour d'autres - et c'était le cas de l'autrice au début - la question est plus floue et il y a l'air d'avoir des possibilités d'être heureux avec ou sans enfants. Dans ce genre de cas, il n'y a pas un choix qui me semble plus aberrant que l'autre si la situation d'une grossesse imprévue finit par se présenter, et vu que de toute façon il y a trop d'inconnues (difficile de savoir avec certitude si on sera heureux ou non dans le rôle de parent), ça ne me semble pas aberrant que ça se fasse au ressenti du moment. Et visiblement, son ressenti du moment était plutôt positif (elle a vite été contente d'être enceinte, par exemple).
Je parle en termes d'épanouissement personnel, mais évidemment il reste aussi la question de celui de l'enfant potentiel qui doit être pris en compte - mais pour lequel l'autrice de l'article ne voyait, pour le coup, pas de gros obstacle majeur.
Edit: Pour repartir sur mon cas personnel, la grande majorité des points de bifurcation majeurs dans ma vie n'a absolument pas été due à des décisions mûrement réfléchies de ma part. Il y a eu des gros chamboulements causés par des hasards, des coups du sort, et même des décisions qui étaient très probablement irréfléchies (car sous l'eau au moment de les prendre). Bah pourtant, je suis finalement heureuse d'être là où je suis arrivée