Je suis au bout, je suis presque au bout.
L'appartement que j'ai trouvé est presque entièrement aménagé. Je n'aurais eu pour toute aide que celle d'un de mes frères et celle d'un cousin, aide proposée en toute gentillesse et à ma grande surprise, et donnée avec beaucoup de bienveillance. Je n'ai ni permis ni voiture, et c'est lui qui m'aura aidée à aller chercher des meubles aux quatre coins de l'Île-de-France, alors même qu'il est aussi en train de préparer son déménagement. Ma copine m'a aussi aidée, et financièrement - c'est drôle, elle m'a fait un virement de 400€, quand ma mère m'a fait lui signer un chèque de exactement la même somme il y a une semaine, pour lui rembourser tout ce qu'elle avait pu m'acheter pour l'appart - petit meuble de cuisine, micro-ondes, rideaux... - alors même que mes parents ne sont pas tant que ça en manque d'argent, hein. Elle s'est excusée vingt fois de ne rien m'offrir de tout ça, cherchant des arguments, c'était presque risible.
La semaine dernière, c'est le moment où ils m'ont aidée à déménager toutes mes affaires, mais ce n'était pas un déménagement très "joyeux". Mon père faisait la gueule. Je me suis retrouvée à un moment seule avec ma mère qui a osé enfin aborder le sujet de ma copine. Elle m'a dit "tu sais bien que c'est pas notre tasse de thé, hein. Tu nous aurais dit que tu quittais ton mari pour un homme beau, riche et intelligent, on aurait sauté de joie hein, mais là..." Elle m'assure quand même qu'elle "acceptera de la voir plus tard". Je n'arrive pas à y voir un soutien, ou une quelconque raison de me réjouir...
J'avais prévu de partir pour de vrai ce dimanche, et de commencer la garde partagée lundi prochain. C'est ce qu'il faut que je fasse, ça fait trop longtemps que je repousse, cet entre-deux me mine. Mais c'est terrible comme je me sens à bout, je suis épuisée. J'ai peur de ce dernier pas, j'ai peur du jugement de mon mari quand je vais lui dire "bon eh bien, au revoir", et refermer la porte derrière moi, définitivement. En même temps, il est déjà très difficile à vivre au quotidien.
Ce week-end, j'ai déclenché une grosse angine, je suis sous antibiotiques. J'ai quand même passé le samedi à monter des meubles et vider des cartons avec mon frère, en ayant des vertiges. Hier, c'était Orlando, et depuis, j'ai une boule au ventre. Ma mère m'a appelée, m'a parlé de tout et de rien. J'avais envie de lui parler de ça. De lui crier dessus, aussi. Je ne sais même pas pourquoi je me sens aussi épuisée, autant en colère - de ne pas avoir été aidée...? d'avoir un frère qui ne me parle plus? d'en avoir un autre qui habite Lille et qui est venu dormir chez mon mari ce week-end sans même me demander avant si j'étais d'accord, sans même proposer de me voir, ou de voir mon appart, ou de m'aider en quoi que ce soit...?
Début juillet, mon mari part avec mon fils, en vacances. Je ne vais pas voir mon fils pendant un mois. Après, je l'aurai pour le mois d'août, mais comme je ne peux pas poser un mois de vacances, je ne partirai que deux semaines et demi avec lui, et le laisserai à mes parents ensuite... Je ne sais pas quoi faire comme vacances, avec lui. Je n'ai plus beaucoup d'argent, pas de voiture, pas de permis. Je sais que mon mari l'emmène à la campagne, à la plage... Il a déjà tout prévu. Moi rien du tout. Je suis tellement fatiguée...
J'ai peur de pas assurer. J'ai peur de prouver à mon mari et mes parents qu'ils avaient raison, que je suis nulle, que je ne sais pas m'occuper seule de mon fils.
J'ai peur que ma copine trouve soudain que c'est trop - elle n'a pas l'habitude des enfants en bas âge, elle-même n'en voulait pas à la base. Je suis injuste, parce que elle, elle essaie d'être forte, elle veut le rencontrer, elle s'intéresse énormément à lui, elle veut croire en notre avenir, tous les trois. Et moi aussi, moi aussi je veux y croire...
Je presque au bout, je ne sais pas pourquoi je m'effondre comme ça juste avant la ligne d'arrivée...