Tu peux apprécier des gens pour autre chose que leur savoir. Tu peux trouver quelqu'un d'intéressant pour son rapport à la vie, aux autres. Cette personne la, a des connaissances de la vie, lié à des expériences différentes. Même la personne la plus cultivé du monde a à apprendre de quelqu'un qui n'en a pas. Il n'y a pas assez d'une vie pour tout expérimenter et par extension tout connaitre.
Tu peux rencontrer des barrières liés à ces différences de cultures mais elles sont aussi là parce que la personne ne s'ouvre pas aux autres. à partir du moment où il y a cette ouverture, n'importe qui peut comprendre n'importe quoi.
Et je plussoie @Acathe sur le fait qu'un même savoir peut s'appréhender par différentes approches. Par exemple le pain. Un boulanger aura appris par coeur les gestes et les étapes de la panification et aura compris qu'il y a un truc dans le pain qui fait les alvéoles et qu'il lui faut du temps et qu'il faut faire reposer la pâte. Un biologiste le saura aussi, sauf que pour lui il appellera ça levures, il saura que les levures consomment l'amidon et expulse du CO². Ces deux personnes savaient la même chose, ils n'avaient juste pas les même noms dessus et pas le même degré de théorisation. Mais si tu regarde plus loin, un biologiste sait qu'il y a de levures dans le pain mais est-ce qu'il sait faire du pain ? Pas vraiment. Le boulanger sait gérer ses levures et leur développement mais est-ce qu'il sait que c'est vivant ? Pas vraiment non plus. Mais ce qui est sur, c'est que si un biologiste tente de faire du pain, il y arrivera probablement mieux que quelqu'un qui ne sait pas faire du pain et qui ne sait pas la biologie des levures. Et inversement, un boulanger qui veut apprendre la biologie des levures y arrivera plus facilement que quelqu'un qui ne sait pas faire de pain et qui ne s'y connait pas en biologie.
Tout ça pour dire que notre savoir est une arme afin d'appréhender les choses qu'on ne connait pas car même dans les domaines qui ne sont pas les nôtres, certaines logiques, méthodes et savoir s'appliquent aussi à ces domaines.
C'est pour ça aussi que lorsqu'un biologiste et un boulanger se rencontrent et échangent, ils apprennent énormément car leur savoir sont
complémentaires.
Et surtout, il ne faut pas oublier que le savoir, ce n'est pas seulement savoir où se trouve la sarthe, mais aussi savoir lire une carte pour pouvoir y aller. Le savoir méthodologique, le savoir de communication, d’empathie sont autant valuable que le reste et utile. Or la culture gé, ne mesure que le savoir factuel et ça ne prouve rien. Tu as des personnes qui sont très doué pour théoriser et manipuler des concepts abstraits mais quand il s'agit de faire une omelette c'est la cata et d'autres excellent dans la pratique mais ont du mal à jongler avec des concepts abstraits. Dans notre société on a tendance à préférer les personnes du premier type. C'est très vrai en France où le diplôme vaut tout, cela l'est moins dans les pays anglophone où seul l’expérience compte.
Du coup @ShinyPony, ce n'est pas parce que tu as du mal à retenir les choses que tu as moins de savoir que les autres. Tu es probablement celle qui dans les discussions pose les bonnes questions qui font avancer le débat ou celle qui arbitre le débat. Parce que tes connaissances sont plus basés sur les process que sur les faits. Je suis un peu comme ça aussi. Impossible pour moi de retenir des dates en histoire, de me souvenir exactement d'une formule de mathématiques ou de physique. Par contre quand il s'agit de résoudre un problème en utilisant des faits ou des formules, je suis la meilleure. J'ai pas retenu la formule, j'ai retenu ce qu'il fallait en faire. J'ai pas retenu de dates, j'ai retenu des époques. Je ne sais pas situer la Sarthe, mais je sais que c'est en France et que je peux utiliser google pour voir où c'est. Je suis nul en thermodynamique (j'ai eu zéro à mon partiel) mais je suis capable de t'appliquer les principes sur n'importe quoi. Je connais pas mes tables de multiplications mais je suis capable de te résoudre une équation différentielle du 2nd degré et de te faire une inversion de matrice. Je sais t'analyser un spectre avec une transformé de Fourier mais je suis incapable de te la calculer. Je suis capable de manipuler des gros chiffres avec des puissances de 10 mais tu me parle de milliards je te regarde avec des yeux ronds
et je te demande combien il y a de zéro derrière le 1 ou combien ça fait en puissance de 10 [c'te honte
].
Bref. ma scolarité s'est souvent limité à des 10/20 minables alors qu'en réalité quand tu considère tous les aspects, j'étais aussi bonne qu'une fille qui avait 15/20.
La culture G c'est comme le QI, ça se mesure très mal et si ça se mesure, c'est un indicateur très incomplet.
Edit : Cette fois-ci je vais essayer de répondre à la question de @Van Kasteel
Pour moi, le savoir qu'on a, ça se résume à une maison en briques. La culture G et en fait tout ce qu'on apprends à l'école, c'est les premiers niveau de la maison, disons les 10 premiers. Si on a une petite maison (=des ambitions de connaissance faible), on peut avoir des murs solides et cohérents en mettant une brique sur deux. ça permet de rajouter 10 niveaux de plus disons.
Quand je dis une brique sur deux, repensez aux lego de 8 [img=40x28]http://bestclipartblog.com/clipart-pics/lego-clip-art-2.jpg[/img] où quand on en a pas assez, on fait un mur en "gruyère" en mettant les lego du niveau suivant sur deux pignons au lieu de quatre.
Donc oui, on peut tout à fait comprendre des choses un peu complexe quand on a pas de bases complètes.
Après, pour faire un mur encore plus haut, disons 40/50 niveaux, il faut que tes bases soient solides et tu dois combler les trous de la base, seulement des murs comme ça, tu le fais que si tu fais des études supérieurs et uniquement dans ton domaine. La plupart des gens n'ont pas besoin d'avoir une culture G complète. Cependant, il faut une brique sur deux, pas moins. C'est ça qui permet de continuer à construire le mur. Donc finalement quand on parle de culture G comme base, il faut aussi mettre en rapport l'objectif. Pour quelqu'un qui ne se spécialise pas, avoir tous les pre-requis n'est pas indispensable, il faut qu'il en ait 50%.
Sinon pour les exemples que tu donnais :
"Quand on parle de l'entrée de la Croatie dans l'UE et que cette personne pense en même temps que la Yougoslavie existe encore, je me demande vraiment (et tout à fait naïvement) comment elle comprend l'information."
La notion de pays n'est pas forcement relié à une notion géographique. Tu peux très bien parler du pays des bisounours sans pour autant savoir où il se situe (il est là pour info :
). La Croatie, on sait que c'est dans l’Europe géographique (donc en gros à gauche de l'Oural) et que politiquement elle va rentrer dans l'union européenne. Savoir où se situe la Croatie, on s'en fiche. Tu pourrais parler de la suisse geographiquement que ça serait la même chose. S'il elle pense que la Yougoslavie existe toujours et si tu lui pose la question de la position relative de la Croatie et de la Yougoslavie, elle te répondra "je sais pas" ou "c'est dans le même coin".
"Quand une personne ne sait pas placer les Pays-Bas, je me demande vraiment (et sans moquerie) comment elle comprend la construction européenne, comment elle comprend le Thalys."
Placer les pays-bas au niveau du Danemark c'est faux mais c'est correcte à + ou - 1000 km. ça a bien une frontière avec l’Allemagne, ça a bien une cote littorale avec la mer du nord. Et ça fait bien partie de l'Europe, aussi bien la géographique que politique. T'es capable toi de dire entre la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie lequel est au milieu et lequel est à l'est et lequel est à l'ouest ? Si oui tant mieux mais c'est pas important pour savoir si la Lettonie doit légaliser le cannabis.
Et le Thalys, je suis sûre que pour cette personne, le Thalys c'est le train qui relie Paris à Amsterdam ou Bruxelles. Peut-être que cette personne ne sait pas exactement où est Bruxelles ou que Bruxelles c'est en Belgique et qu'Amsterdam aux Pays-bas. Ou alors que pour elle Amsterdam c'est en Hollande et que les Pays bas c'est un autre pays. Donc il y a la Belgique, la hollande, les pays-bas et puis le Danemark. Bah quoi ? Bref, pour comprendre le Thalys et la construction européenne, il y a pas besoin impérativement de savoir que les pays-bas sont exactement là où ils sont. Il faut savoir qu'ils sont au nord de l’Allemagne et près de la mer du nord et donc en Europe.
Après, je veux bien que tu me donne un exemple de pre-requis explicites avec une relation de cause à effet dans la compréhension. Je suis sure que je peux te trouver un autre moyen de le comprendre. Surtout que ça dépend comment on te l'a expliqué. Tu peux savoir que les néerlandais ont fondé la nouvelle Amsterdam sur le nouveau continent américain et donc ont eu un rôle à jouer dans l'histoire des Amériques mais si tu sais pas que la nouvelle Amsterdam c'est NewYork, tu ne sais pas que NewYork a été fondé par des néerlandais. Mais tu peux aussi savoir que NewYork a été fondé par des néerlandais et ne pas savoir qu'elle s’appelait la nouvelle Amsterdam.
"Quand une personne me dit confondre la Corée et le Japon, je me demande comment elle comprend les enjeux de la seconde guerre mondiale en Extrême-Orient." Cette personne peut très bien avoir dissocier le pays qui s'est divisé en deux suite à la WWII et le nom du pays "Corée" qu'elle associe à son restau préféré en bas de chez elle. L'esprit nous fait de ces farces des fois...
Dans le même genre de farce que nous fait notre cerveau : hier je disais à un ami qu'un millilitre = centilitre (et j'étais sure de moi !
). J'étais sure qu'en disant centilitre, je disais centimètre cube. C'est des centi, c'est la même chose! Haha il est fourbe le cerveau! Il ne faut pas oublier que les connaissances sont mémorisé via le langage et que c'est une énorme barrière à franchir. J'imagine très bien la personne aller dans son restau coréen et se demande "mais c'est où au fait ?". Et puis ne pas savoir et passer à autre chose. Le truc c'est qu'en histoire, on a toujours parlé de la corée du nord et de la corée du sud. Si on y fait pas gaffe, ça peut passer pour trois pays différents...
""la connaissance globale d'une communauté sans spécialisation". Il s'agit donc d'un spectre, bien évidemment avec de grosses variations. Ces connaissances varient heureusement selon les personnes, mais il reste un socle plus ou moins commun (du moins, c'est mon "humanisme" qui l'espère) qu'on acquière en globalité à l'école primaire/début du collège en France et/ou que dont on a été sensibilisé par l'actualité."
Le socle
plus ou moins commun laisse place à une variabilité et cette variabilité, tu la vois chez tes amis qui situent les pays-bas sur le Danemark. à 1000km près c'est bon, c'est pas comme si ils l'avaient placé en Espagne...
De toutes façons, de nos cours, nous retenons que 5 à 10%. On ne peut pas connaître la position exacte de tous les pays que nous connaissons, ainsi que leur capitale, leur révolution, leur implication dans les WW, leurs traits particuliers, leur nourriture, leur art, ce que c'est une médiane, une tangente, un cosinus, ce qu'est un COD, COI, Complément circonstanciel de temps, la révolution industrielle, le SIDA, la torréfaction du chocolat, U=RI, que l'accent circonflexe est un reliquat de s, qu'on a pas de poils sur la palme des mains et le dessous des pieds, le théorème d'Al Kashi, qu'en fait une raciné carré négative ça existe, que l’aspartame c'est des protéines, que l'eau est à la fois une base et un acide, qu'on a vendu la Louisiane, que la ligne Maginot elle sert à rien, que la BBC était diffusé jusqu'en France, que pour afficher un site web il faut un serveur DNS, qu'avant google il y avait Lycos, etc. Moi c'est des trucs dont je me souviens parce c'est moi qui écrit ça, et je considère que c'est de la culture gé et en même temps si tu sais pas un truc dans tout ce que je viens de te citer, et bien c'est normal et ça t'empêche pas de comprendre pourquoi il y a un débat sur l’aspartame, pourquoi on s'est fait occupé par les allemand, pourquoi au moyen age il n'y avait pas de voiture, pourquoi le chocolat ça coûte cher, etc. L'école c'est pas une check list à remplir obligatoirement. Tu connais des trucs, c'est tout. Et tu peux toujours appréhender n'importe quel problème, si tu prends le temps de le comprendre et/ou qu'on te l'explique. Tu peux tout connaitre de la deuxième guerre mondiale et ne pas s'avoir que c'est un archiduc qui l'a déclenché. Est-ce que tu las comprends moins bien pour autant ? Non. Les connaissances c'est comme un puzzle, t'as pas besoin d'avoir toutes les pièces pour voir l'image, il en faut juste assez.
Personnellement, je suis beaucoup plus choqué par le manque de curiosité de mes camarades quand j'étais en L2. Ils voulaient apprendre bêtement et recracher leur cours par cœur. Sauf que là, on leur demandait de réfléchir et de penser par eux même et là, il n'y avait plus personne...