@flotsam @shinypony @holly-bleu @polly-maggoo : Mais comment vous faites pour suivre le film en faisant autre chose?
En fait, ça peut m'arriver mais seulement pour les films que je connais quand je l'ai décidé (par exemple un Disney en fond sonore) ou les films chiants quand je ne l'ai pas décidé et que ça finit par me soûler. Dernier en date:
Maman avec Balasko, Fois et Siegner. Je m'étais installée bien confortablement dans mon canapé, prête à regarder le film du début à la fin, mais bon, à force de dialogues clichés et de silences qui ne mènent à rien, je suis passée à autre chose tout en suivant d'une oreille distraite.
Mais pour le reste, j'avoue ne pas comprendre. D'abord, il y a toute une catégorie, celle des films-puzzle (
Donnie Darko,
L'armée des 12 singes,
Memento) dont on ne peut comprendre la fin que si l'on suit rigoureusement et attentivement le film dans son entier. Pareil pour
Pulp Fiction, on n'est plus du tout dans le même registre, y a pas vraiment de fin à comprendre où tout s'éclaire soudain mais comme les scènes sont dans le désordre, c'est assez marrant de faire attention à tous ces petits détails qui nous font comprendre l'ordre chronologique des évènements (par exemple, pourquoi Vincent Vega et Jules Winnfield se retrouvent-ils habillés avec des fringues de touristes dans la scène du braquage du restaurant par Ringo et Lapin?
).
Et puis, il y a les films psychologiques. Un exemple qui me vient à l'esprit parce que je l'ai vu il n'y a pas si longtemps:
We need to talk about Kevin avec Tilda Swinton. C'est le genre de film avec des silences, oui, mais des silences lourds de signification. Parce que les blancs, au cinéma, quand le film est bien pensé/bien réalisé (pas comme
Maman dont j'ai parlé juste au-dessus), ça n'est jamais gratuit, ça sert toujours le propos et ça permet de réfléchir aux sujets abordés, aux personnages, voire de se poser des questions philosophiques certaines fois. Et dans cet exemple, les silences sont aussi là pour rappeler combien la communication entre les personnages de la mère et du fils est compliquée, voire absente.
Et au-delà de ça, au delà du genre de film qu'on regarde, il y a la question des émotions qu'on ressent devant son écran. Quand bien même on aurait les capacités de suivre l'histoire et les dialogues tout en faisant autre chose, si on n'est pas à fond dans un film, alors on perd en émotions. Parce que regarder un film justement, ce n'est pas seulement suivre une histoire, c'est aussi rentrer dans une ambiance, une atmosphère, qu'elle soit joyeuse, triste ou angoissante et
ressentir des choses. Je pense notamment aux films d'horreur. Je vais digresser deux minutes mais s'il y a une attitude que je trouve antipathique, c'est celle des gens qui disent se marrer systématiquement devant ce genre de film. Ça se comprend si c'est le remake de
Fright Night ou
L'écorché, devant lesquels j'ai rit, moi aussi, parce que les ficelles sont tellement grosses que ça en devient drôle. Mais devant un BON film d'horreur, en principe, tu rigoles pas. Si on en regarde, c'est parce qu'on aime avoir peur; pour moi un vrai fan de films d'horreur (coucou @jack-parker
), ce qui le motive, c'est ça, c'est la recherche du frisson. Si tu te marres, 3 raisons à ça: soit le film est un mauvais film d'horreur qui ne joue pas son rôle donc drôle malgré lui, soit t'es un gros sociopathe, soit tu joues pas le jeu et tu prends de la distance parce que dans le fond, t'as peur de flipper. Voilà, ça c'était pour la digression qui aurait eu sa place sur Je ne supporte pas.
Mais je reviens à ce dont j'étais venue parler: comment peut-on ressentir de la peur si on ne rentre pas dans le film parce qu'on est en même temps sur l'ordi ou dans un livre? C'est juste impossible. Et ça vaut pour tous les genres: comédies, drames, etc. J'ai pleuré devant
La leçon de piano, au moment d'une scène en particulier, plutôt située vers la fin (attention gros spoiler si vous ne l'avez pas vu):
Est-ce que j'aurais reçu cette claque émotionnelle si j'avais été distraite pendant certains passages? Je ne pense pas.
Après, c'est pas contre vous et c'est pas un reproche du tout, seulement, je ne comprends pas et je pense que visionner un film de cette façon, c'est le voir plus que le regarder et au final, passer à côté de quelque chose.