@Gaeguri je m'étais bien reconnue dans le post dont tu parles, sur le coup je n'ai pas réagi, mais il avait quand même bien trouvé écho en moi, notamment suite à la lecture d'un bouquin qui pourrait bien t'intéresser :
Petit guide à l'usage des gens intelligents qui ne se trouvent pas très doués de Béatrice Millêtre.
Ce livre m'a donné une toute autre perspective sur cette soit-disant "difficulté de concentration", ce besoin de sauter d'un sujet à un autre, d'entamer plusieurs choses à la fois sans forcément les achever, etc. Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un déficit d'attention ou d'une concentration fragmentée du fait d'un trop-plein de sollicitations. Au contraire, à mon avis tu as une faculté d'attention et de concentration tellement large qu'elle permet d'éprouver de la curiosité pour plein de sujets, et d'embrasser plusieurs centres d'intérêt à la fois, quitte à ce que certains en supplantent d'autres qui seront abandonnés en cours de route. Je sais que je conçois facilement un sentiment d'inachèvement et de frustration quand je considère tous les domaines dans lesquels j'ai acquis de solides connaissances techniques ou théoriques, avant de laisser tomber une fois mon intérêt essoufflé. Le problème c'est que je ne me focalise que sur ce qui n'a pas été fait, au lieu de prendre la mesure du nombre et de la diversité des centres d'intérêts que j'ai pu avoir et des connaissances et savoir-faire que j'ai acquis
seule et de ma propre initiative. Depuis mes 4/5 ans je suis passée par : les dinosaures, la préhistoire, les sirènes, la comtesse de Ségur, les civilisations antiques et particulièrement l’Égypte ancienne, les mythologies, la lecture (jusqu'à 4 bouquins lus de front), le dessin jusqu'à un niveau pas dégueu acquis en autodidacte, les perles de rocaille, les bonzaï, la calligraphie chinoise, Harry Potter, la psychologie analytique, le féminisme, la danse orientale, la broderie, les jeux de rôles, la littérature chinoise, Jane Austen, le monde de faërie, la vie de Cate Blanchett, Games of thrones, la philo indienne, l'auto-hypnose, etc. etc. Et c'est sans compter plein d'autres lubies fulgurantes et passagères que j'ai traversées tout au long de ces dernières années. Actuellement je suis à fond dans la cuisine au wok, l'art thérapie et j'entame la philo chinoise, et je sais que d'ici quelques semaines ou quelques mois je laisserai tout ça derrière moi et je m'intéresserai à autre chose (en fait mon esprit fourmille déjà d'idées et d'activités qui n'attendent que d'être creusées). Ce qui passe pour de l'inconstance, de la dispersion ou de la difficulté à se concentrer est en fait un vrai potentiel. Encore une fois, beaucoup de gens ne considèrent que ce qui a été abandonné et inachevé, alors qu'honnêtement, peu de gens peuvent se targuer de disposer d'un arsenal de connaissances sur la scientologie, acquis d'eux-mêmes, sans effort, et de leur propre initiative! Si on considère que tu es capable de faire la même chose pour un nombre infini de sujets, on réalise la profondeur et l'étendue de ton potentiel...
Tout ça pour dire que de mon côté, je n'ai plus trop de complexe à assumer cet aspect de ma personnalité : quand j'abandonne un sujet parce que j'estime en avoir fait le tour, c'est parce que même avec la meilleure volonté du monde je n'arriverai pas à pousser mon niveau de maitrise plus loin. Si je n'ai plus de curiosité, je n'avance plus, c'est mon fonctionnement. Peut-être que j'aurais pu devenir bien meilleure en persévérant dans certains domaines, mais le temps que j'aurais passé à perfectionner ma technique ou mon savoir aurait été perdu pour d'autres domaines de connaissance... Et là où certains diront qu'internet ne fait que diviser encore et encore nos facultés de concentration, moi j'estime qu'au contraire il les potentialise en mettant à notre portée toujours plus de sujets d'intérêt, et de sources d'information et d'échange. En fait je crois que ce qui empêche de reconnaitre la valeur du savoir engrangé, c'est qu'il n'est pas sanctionné par un diplôme ou une utilité pratique et immédiate et qu'il provient de sources diverses et pas toujours formelles. Alors que si on apprenait à apprécier le savoir comme fin en soi, on serait mieux à même de reconnaitre la valeur de cette propension à s'intéresser à tout et à approfondir n'importe quel sujet pour peu qu'il suscite de la curiosité.