Coucou
Merci pour vos témoignages.
@Hécamédé Je pense que pour moi la répétition est clé. Je ne me sens pas capable d'arriver en cours sans avoir une préparation bouclée. Cela vient du fait que je n'ai pas été formé pour le lycée, que j'ai eu tous les ans un nouveau programme à préparer et jusqu'à l'année dernière des vieux manuels de l'ancien programme avec lesquels il était difficile de créer une activité improvisée. Avec un programme maîtrisé, de nouveaux manuels bien choisis que j'utilise beaucoup (et que je connais bien), je serai plus à même de le faire. Et oui, se poser des limites. Clairement, c'est ce que j'ai su faire les années précédentes mais qui m'a complètement échappé cette année. Je demanderai à ne pas travailler le samedi matin l'année prochaine (3 années sur 4 dont deux de suite, ça use). Il fait vraiment que je préserve une journée et demi au moins sans travail dans le week-end. J'aimerais bien refiler aussi de l'EMC aux collègues (je n'en peux plus de l'EMC une fois tous les quinze jours. Malgré mon organisation au cordeau, les séances qui sautent à cause d'une formation, les élèves qui n'ont jamais leurs affaires etc.). J'étais contente de ce que j'avais préparé cette année mais à cause de l'organisation sanitaire, c'est tombé à l'eau (j'ai vu un groupe en présentiel en janvier et avec les formations/ le distanciel je ne devais le revoir en présentiel que le 3 mai
).
@Trémazane Les années précédentes, je ne me suis pas collé la pression pour finir à tout prix un programme bien ambitieux. Je le termine évidemment avec les classes à examen. Une chose est sûre : la pression pour finir le programme de spé/ être à l'heure, avec une épreuve en mars est incommensurable. On ne peut pas tout faire en classe : j'ai donné beaucoup de polycopiés cette année (je donnais un cours tapuscrit après avoir étudié les jalons avec les élèves car ils étaient incapables de bâtir un plan/ une réflexion en se fondant uniquement sur les jalons. J'ai clairement le souvenir de crises de larmes alors que je fabriquais ces cours-là (le programme et les inspecteurs ne sont pas clairs sur cet aspect...tout va bien !).
@Pochemuchka-Lilou Ce que tu écris sur la culpabilité comme enjeu individuel et collectif raisonne beaucoup en moi. Je pense qu'on gagnerait à réfléchir vraiment au sujet. Ce sentiment est la cause de beaucoup de souffrance dans notre travail et aussi de beaucoup d'inaction (combien de fois entendons-nous les "je ne peux pas faire grève, je suis en retard dans le programme, j'ai les Terminales ce jour-là etc.). Et cette culpabilité nous pousse à en faire plus/ trop.
@Furya C'est chouette d'avoir de tes nouvelles !
La comparaison avec les collègues est une de mes réflexions de la semaine. On travaille sensiblement de la même manière et ils m'apportent beaucoup. Cette année, avec mes collègues de spé, on parlait beaucoup de la construction de nos cours, on se filait des tuyaux sur les lectures etc. J'étais toujours celle qui était à la bourre dans les préparations : ça a clairement nourri la culpabilité. Et j'ai aussi beaucoup culpabilisé de l'aisance qu'avait le néotit' TZR : alors que je suis du genre à chercher la complexité dans les exercices sans évidemment mettre les élèves face à des difficultés insurmontables, il a le don des exercices synthétiques qui collent au saupoudrage voulu par le programme. Il semblait très à l'aise avec ses préparations alors que je trouve seulement une manière d'enseigner qui me convient au bout de 4 ans. Je m'interroge aussi sur mon utilisation des réseaux sociaux professionnels. Ce fil m'est précieux depuis que j'ai débuté car on y échange sur notre quotidien, nos difficultés et nos joies. Je me suis inscrite sur Twitter pour suivre l'actualité des disciplines que j'enseigne, pour suivre des collègues et clairement ça a bien joué sur la culpabilité : je n'avais pas l'impression d'être à la hauteur scientifiquement parlant et en même temps, c'était très utile. Cela m'a beaucoup facilité la mise à niveau scientifique. De la même manière, mes lectures sur l'état de l'EN n'aident pas à garder le moral. Il va vraiment falloir que je réduise la lecture des réseaux sociaux pro. Quant aux réactions des élèves...J'ai annoncé mon retour aux chefs : je trouve quatre boîtes mails qui débordent. Une classe s'est inquiétée assez tôt avec un unique et touchant message (j'adore cette classe). Les spé m'ont bombardé de messages comme mes Tles STMG "Bonjour Madame. Quand est-ce que vous mettez les notes ?", "On peut avoir un autre DS ?" (les CC sont la semaine prochaine, j'ai été absente deux mois...j'ai l'impression que l'empathie n'est pas bien leur fort). Je vais être très vigilante sur les mails l'année prochaine. Le premier confinement a provoqué un retournement de situation : les élèves nous contactent via une de nos quatre boîtes professionnelles pour un rien. Ils en profitent pour rendre des devoirs de manière numérique (je déteste corriger sur ordi, c'est la galère pour récupérer les copies etc.). Je pense que l'année prochaine, je n'accepterai aucune copie à distance, aucune question sur les notes (ça peut attendre le prochain cours). C'est clairement quelque chose qui m'a bouffé cette année.
Bon après ce roman, je vais passer une soirée tranquille.
Encore merci à vous, ça me fait du bien d'échanger avec vous.