Je sens que mes recherches s'orientent dans deux directions.
La prémière découle directement de mon thème initial, c'est à dire, les relations entre politique et architecture, apprécier l'impact politique dans un projet d'architecture.
En quoi la TGBNF est elle légitime ? J'ai lu dans un article que Chirac revendiquait l'initiative de ce projet de grande bibliothèque et toujours par rapport à lui, j'ai de la documentation sur le choix de l'implantation de la TGBNF, qui est à mettre en lien avec la relation Mairie de Paris/Gouvernement. De plus, la TGBNF est contemporaine d'autres grandes bibliothèques, notamment à New York (qui est un projet de tour de livres aussi, je dois encore me renseigner) et de Londres (projet engagé depuis 20 ans à l'époque et cela à l'air de faire doucement rire Mitterrand, qui lui fait la même chose en 7 ans).
Il a aussi une comparaison reccurrente avec la BPI-Beaubourg, j'ai bien envie de chercher aussi dans cette sorte de spectre de Beaubourg, notamment parce que j'ai lu quelques reflexions de Michel Fleury concernant «*un monument pour la fin des élites*», propos auquels Lang fait echo par «*la bibliothèque ne sera ni une foire, ni un parc d'attraction*». Il me semble interessant de mettre le doigt sur le paradoxe de la politique culturelle de Mitterrand, dans la mesure où il s'evertue à faire de grands pôles culturels pour des citoyens qui «*baillent à l'opéra*». Fleury parle d'une culture du mepris.
La TGBNF comme cénotaphe de Mitterrand, un objet qu'il a désiré et choisi. Je parle d'objet plutôt que de projet, puisque ce qui m'interpelle vraiment c'est la non définition du programme de 1989 jusqu'à 1998, et que c'est ce flou qui a fait polémique, ou qui les a engendré plus ou moins directement.
Il donne lieu à des modifications physiques de la BNF (par exemple réduction de la hauteur des tours, puisque cette hauteur n'est pas justifiée par le programme), mais aussi des modifications du programme (et là on pourrait s'étendre sur la place du numérique, l'engouement, la fascination et l'aberration qui y sont liés). Je ne suis toujours pas parvenue à consulter les closes précises et officielles du concours, j'ai contacté la Cité Chaillot afin d'avoir accès au fond d'exposition du concours de 1989, le problème étant que ce fond est largement incomplet selon la responsable.
Vraisemblablement, mon analyse va bifurquer à partir de ce fameux concours. La forme et le fond de la TGBNF étant largement distingable (à mon sens)...et introduit d'ailleurs une remarque sur l'esthétique et la fonction, dans le cas de la TGBNF on peut se demander si ce n'est pas rendre fonctionnel un projet esthétique, l'inverse donc de la démarche qu'on attribue aux architectes.
La seconde, elle, suit la réflexion de Koolhaas concernant la bibliothèque de Caen et se dédouble elle aussi. D'une part le style politique en architecture, de l'autre, à plus large échelle, le style français définit par un seuil de tolérance politique (mais j'ai l'impression de m'éloigner de cette intuition)
J'ai notamment lu plusieurs entretiens de/ou concernant Mitterrand et son rapport à l'architecture. Ce rapport justement, c'est surtout un rapport de temps, la pérennité de la pierre en quelques sortes, sa stabilité, son echelle aussi. Il a une fascination pour l'Architecture qu'il considère comme le premier art.
Chaslin a déjà établit des liens entre l'architecture des Grands Travaux et la personnalité de Mitterrand, peut être est il judicieux de replacer l'objet BNF parmis ses huits prédecesseurs, et d'établir des liens formels qui ont une valeur symbolique, seraient la métaphore du président en quelques sortes. Ce qui en ressort selon lui, c'est Monumentalité et Modernité.
L'intuition du style français commence à se concrétiser, surtout que Chaslin cite une pétition écrite en faveur de Perrault dans laquelle il est question de style français justement.
J'ai bien conscience qu'il y a un déséquilibre entre mes deux champs d'explorations, le premier se restreint à la BNF, alors que l'autre la dépasse largement. Je ne sais pas s'ils sont incompatibles, mais il me semble dommage de n'en traiter qu'un, surtout que le premier fait un peu office de socle pour l'autre.
EDIT : je crois que je vais envoyer ce message à ma prof...J'adore ce topic, il me permet de tout mettre à plat, simplement, avec des mots pas trop pédants...c'est tellement appréciable. J'ai l'impression d'avoir vraiment appris depuis la dernière fois, c'est con, mais j'en suis fière :chat:
(et j'aime mon sujet, même s'il est rasoiiiir
)