J'ai fini en me forçant un peu Modeste Mignon de Balzac. L'histoire d'une jeune femme de la haute société qui écrit des lettres d'amour à un poète dont elle aime les textes mais qu'elle n'a jamais rencontré (une fangirl, en somme. Balzac vient de se retourner dans sa tombe). Pour rire, le poète (ayant également une bonne position dans l'administration) encourage son secrétaire à lui répondre. Echanges épistolaires, amour, découverte du pot-au-rose, etc. "Vieillot" est l'adjectif qui me vient à l'esprit quand je repense à ma lecture. Une histoire qui se passe dans l'ancien temps (histoire de dot, la fille doit être fortunée avant tout autre forme de qualité, le mariage décidé au bout de quelques jours) malgré quelques traits de modernité (la jeune femme qui entend prendre le mari qu'elle aura choisi) et un français assez daté. En lui-même le livre est bien, ce n'était peut-être pas une lecture dans laquelle se lancer sous 35 degrés, je ne sais pas.
Pour le boulot j'ai dû lire L'amore secondo Marisol de Cristina Origone, que je classerais instinctivement dans les livres de développement personnel. On suit l'introspection d'une jeune femme mariée et mère d'un enfant après l'annonce du décès de son ex. Le jour de l'enterrement, elle rencontre une jeune femme prof de yoga, en couple, qui va l'aider à s'ouvrir et à prendre plus soin d'elle. Ce n'est pas le type de lecture dont j'ai l'habitude, mais la prof de yoga, à plusieurs reprises, a une attitude ambigüe avec l'héroïne jusqu'à l'embrasser. Ce passage me plaît parce qu'il montre bien que les frontières sont floues, qu'on peut être en couple hétéro et se sentir parfois attiré.e par quelqu'un du même sexe sans changer d'orientation sexuelle en profondeur et il s'agit de deux femmes (ce que je trouve encore rare dans les romans "grand public"). Le livre n'est pas du tout centré sur cette relation, j'aime le fait que la dimension sexuelle ne soit pas mise plus en avant qu'une autre, comme elle l'est souvent dans la vraie vie.
J'attaque La vallée tueuse de Franck Westerman. Le titre peut faire penser à un film de zombie de série b, mais en réalité il s'agit d'une non-fiction qui a comme base la catastrophe qui s'est produite dans une vallée du Cameroun en 1986: août 1986, quelques jours après avoir entendu une grosse explosion et vu le lac en contrebas se teinter de rouge, toute trace de vie a disparu sur un rayon de plusieurs kilomètres. 1200 personnes sont retrouvées mortes, comme asphyxiées par étranglement, les animaux et même les insectes sont également morts. Même s'il n'y a jamais eu d'explication officielle, il semble que ce soit dû à une explosion de gaz carbonique (le village était situé en zone volcanique).
Ce qui intéresse Westerman, ce sont les mythes. Et il voit ici l'occasion d'assister à la naissance d'un mythe. Son livre mêle témoignages de locaux, des récits de village d'où émerge la légende du lac nyos, et présentation des différentes équipes de recherches venues à l'époque sur place: française (Haroun Tazieff pour ne pas le citer), italienne, islandaise, toutes en concurrence les unes contre les autres. Il va montrer comment mythe et sciences vont s'influencer. Je n'ai lu que 50 pages et pour l'instant j'aime beaucoup: l'écriture est agréable, l'Afrique est présentée sans être romancée, juste des observations, des faits et des mots recueillis.