Je viens de finir : Ne dis rien - Meurtre et mémoire en Irlande du Nord de Patrick Radden Keefe.
C'est une enquête journalistique sur ce que les Britanniques appellent les Troubles, la guerre larvée menée en Irlande du Nord entre l'IRA, les Unionistes et l'armée britannique. L'enquête s'attache à retracer les Troubles entre 1969 et 1998 (les accords du Vendredi saint) et les impacts, interrogations et le projet Belfast de l'après 1998.
P.Radden Keefe part de l'enlèvement de Jean McConville, une veuve de 38 ans, mère de 10 enfants, enlevée à Belfast en 1972 par l'IRA car désignée comme moucharde. Or, le traitement des mouchards par l'IRA était sans appel et sans retour : enlèvement, séquestration, torture pour faire avouer, mort et dépouille enterrée sans tombe, quelque part en Irlande du Nord ou en République d'Irlande (comprenez l'Irlande du Sud ou plutôt l'Eire). On finira par les appeler les Disparus comme on a appelé les Desaparecidos durant la dictature Pinochet ou argentine.. A travers des figures très fortes et très imposantes de l'IRA: les soeurs Marian et Dolours Price, Brendan Hughes ou encore Gerry Adams (le négociateur irlandais des accords du Vendredi saint), des actions coup de poing de protestation des membres ou sympathisants de l'IRA (les hunger strike qui coûtera la vie à Bobby Sands), le Blanket protest (le fait de refuser de porter l'uniforme des prisonniers car les membres de l'IRA se considéraient comme des soldats, prisonniers de guerre) ou le dirty protest (la grève de l'hygiène), des attentats de l'IRA, de la médiatisation de l'emprisonnement des soeurs Price etc..etc... l'auteur nous déroule toute cette période en se concentrant en très grande partie sur l'IRA. Il y a quelques points sur les Unionistes et plus sur l'armée britannique et notamment l'application de la théorie de la contre-insurrection. Mais c'est vraiment l'IRA au coeur de l'ouvrage.
Et derrière cela : des questions sur l'IRA a-t-elle commis des crimes de guerre ou juste des crimes pénaux ? Se donner entièrement à une cause au point d'obéir même à des ordres très spéciaux en vaut-il la peine quand on estime que les accords du Vendredi saint est un lâchage et une négation en règle de l'implication des membres de l'IRA dans une sale guerre ? Quand en est-il de ce qu'on appelle la blessure psychologique ? Des effets traumatisants avec impacts corporels de cet engagement ? Et pourtant les discriminations, les humiliations, les tortures et les meurtres endurés par les Catholiques ne sont pas une vue de l'esprit ni un phénomène exagéré. L'Irlande du Nord ce fut cela ! Des internements administratifs sans mobile, sans procès. Une Dame de Fer qui laisse mourir des Hommes d'une grève de la faim. Des docteurs sommés un temps de nourrir par force ces grévistes etc...etc...Et au final, la réunification de l'Irlande du Nord à l'Eire ne viendra-t-elle pas de 2 phénomènes banals : la démographie dynamique des catholiques et le Brexit. Néanmoins, la guerre a-t-elle vraiment été vaine quand on connaît le traitement des catholiques dans un pays européen après guerre et qui faisait encore partie de la CCE puis de l'UE sans que personne ne moufte vraiment contre le Royaume Uni.
Et surtout ? Qu'en est-il de Jean McConville ? Quel fut son tort ? L'IRA soutient mordicus que c'était une moucharde, travaillant pour l'armée britannique, armée qui l'aurait équipée par 2 fois d'un poste émetteur. Alors que l'enquête menée démontre que son seul tort fut d'être protestante, convertie au catholicisme suite à son mariage avec un catholique, de vivre dans un quartier catholique et d'avoir un soir eu la mauvaise idée de sortir de chez elle après une fusillade pour apporter un peu de réconfort à un jeune soldat britannique entrain de mourir de sa plaie par balles. Elle devient la Pute à Anglais comme marqué sur sa porte.
C'est un très bon livre et pas de soucis si vos connaissances sur les Troubles sont très limitées voire nulles (ce qui était mon cas...à part le film au nom de Père des années 90's vu au lycée il y a...je m'en rappelle plus) vous ne serez jamais perdues pendant la lecture.
C'est une enquête journalistique sur ce que les Britanniques appellent les Troubles, la guerre larvée menée en Irlande du Nord entre l'IRA, les Unionistes et l'armée britannique. L'enquête s'attache à retracer les Troubles entre 1969 et 1998 (les accords du Vendredi saint) et les impacts, interrogations et le projet Belfast de l'après 1998.
P.Radden Keefe part de l'enlèvement de Jean McConville, une veuve de 38 ans, mère de 10 enfants, enlevée à Belfast en 1972 par l'IRA car désignée comme moucharde. Or, le traitement des mouchards par l'IRA était sans appel et sans retour : enlèvement, séquestration, torture pour faire avouer, mort et dépouille enterrée sans tombe, quelque part en Irlande du Nord ou en République d'Irlande (comprenez l'Irlande du Sud ou plutôt l'Eire). On finira par les appeler les Disparus comme on a appelé les Desaparecidos durant la dictature Pinochet ou argentine.. A travers des figures très fortes et très imposantes de l'IRA: les soeurs Marian et Dolours Price, Brendan Hughes ou encore Gerry Adams (le négociateur irlandais des accords du Vendredi saint), des actions coup de poing de protestation des membres ou sympathisants de l'IRA (les hunger strike qui coûtera la vie à Bobby Sands), le Blanket protest (le fait de refuser de porter l'uniforme des prisonniers car les membres de l'IRA se considéraient comme des soldats, prisonniers de guerre) ou le dirty protest (la grève de l'hygiène), des attentats de l'IRA, de la médiatisation de l'emprisonnement des soeurs Price etc..etc... l'auteur nous déroule toute cette période en se concentrant en très grande partie sur l'IRA. Il y a quelques points sur les Unionistes et plus sur l'armée britannique et notamment l'application de la théorie de la contre-insurrection. Mais c'est vraiment l'IRA au coeur de l'ouvrage.
Et derrière cela : des questions sur l'IRA a-t-elle commis des crimes de guerre ou juste des crimes pénaux ? Se donner entièrement à une cause au point d'obéir même à des ordres très spéciaux en vaut-il la peine quand on estime que les accords du Vendredi saint est un lâchage et une négation en règle de l'implication des membres de l'IRA dans une sale guerre ? Quand en est-il de ce qu'on appelle la blessure psychologique ? Des effets traumatisants avec impacts corporels de cet engagement ? Et pourtant les discriminations, les humiliations, les tortures et les meurtres endurés par les Catholiques ne sont pas une vue de l'esprit ni un phénomène exagéré. L'Irlande du Nord ce fut cela ! Des internements administratifs sans mobile, sans procès. Une Dame de Fer qui laisse mourir des Hommes d'une grève de la faim. Des docteurs sommés un temps de nourrir par force ces grévistes etc...etc...Et au final, la réunification de l'Irlande du Nord à l'Eire ne viendra-t-elle pas de 2 phénomènes banals : la démographie dynamique des catholiques et le Brexit. Néanmoins, la guerre a-t-elle vraiment été vaine quand on connaît le traitement des catholiques dans un pays européen après guerre et qui faisait encore partie de la CCE puis de l'UE sans que personne ne moufte vraiment contre le Royaume Uni.
Et surtout ? Qu'en est-il de Jean McConville ? Quel fut son tort ? L'IRA soutient mordicus que c'était une moucharde, travaillant pour l'armée britannique, armée qui l'aurait équipée par 2 fois d'un poste émetteur. Alors que l'enquête menée démontre que son seul tort fut d'être protestante, convertie au catholicisme suite à son mariage avec un catholique, de vivre dans un quartier catholique et d'avoir un soir eu la mauvaise idée de sortir de chez elle après une fusillade pour apporter un peu de réconfort à un jeune soldat britannique entrain de mourir de sa plaie par balles. Elle devient la Pute à Anglais comme marqué sur sa porte.
C'est un très bon livre et pas de soucis si vos connaissances sur les Troubles sont très limitées voire nulles (ce qui était mon cas...à part le film au nom de Père des années 90's vu au lycée il y a...je m'en rappelle plus) vous ne serez jamais perdues pendant la lecture.
j'ai vraiment beaucoup aimé ma lecture. L'autrice/narratrice est clairement une petite peste 
