Mmmh, j'avoue que je suis partagé quant au propos de Morano.
Après c'est vrai qu'étant blanc de chez blanc qui fait des études littéraires (où on passe une bonne partie de son temps dans le passé), j'ai pas forcément la même vision de ce que ça peut vouloir dire.
En fait, historiquement, elle a raison. Il serait faux de dire que la religion chrétienne n'a pas eu un rôle dans l'histoire de France, bien plus que toute autre religion (judéo... on passera sur ce terme, je n'aime pas le terme "judéo-chrétien", je le trouve idiot par rapport à une situation où les juifs sont mis en marge. Permettez-moi de lui substituer le terme de "biblico-chrétien"). Dans notre culture, dans nos arts, jusqu'à une époque très récente, le christianisme est présent, et en connaître au moins le B.A.- BA permet de voir ce qui est à l'oeuvre dans l'oeuvre artistique. Ces oeuvres ayant une influence sur les oeuvres et la culture actuelle, il me semble logique de dire que la culture française est encore assez chrétienne, même si c'est fait involontairement.
De même, la culture française s'est construite sur le fait que c'est une culture de blancs, par opposition à l'Arabe, le "Sarrasin", puis aux noirs et aux asiatiques. J'en sais quelque chose : le nombre d'histoires d'amour en littérature qui célèbrent la pâleur de la femme aimée me font bien dire que notre culture s'est construite sur la couleur blanche de peau.
CEPENDANT :
-Je doute fortement que Morano aie dit sa phrase dans ce sens-là.
-Je ne dis absolument pas que c'est cool d'être un pays de culture blanche et chrétienne
Ce que je veux dire, c'est que cette construction historique continue aujourd'hui à pousser au sein de la culture actuelle. Y compris la culture politique : on nous a toujours enseigné que la Révolution Française, la République, tout ça, c'est le triomphe de la raison sur l'obscurantisme religieux. Foutaises de IIIe République ! Sans le christianisme, on aurait jamais vu les Lumières, vu que les Lumières sont basées sur l'idée philosophique que la raison prime sur le corps ; cette idée vient d'où ? Du christianisme, me répondez-vous en choeur qui valorise l'âme par rapport au corps (ceci n'est qu'un exemple simpliste un peu et je ne dispose pas des outils philosophiques pour prouver mon point plus avant).
Ainsi, la France est un pays de RACINES chrétiennes et blanches. Ce sont ces racines qui, par leur existence même, construisent à la fois la culture française, mais sont aussi le pire obstacle à l'acceptation de ceux qui sont conçus comme "l'Autre" depuis des siècles, car cette conception de "l'Autre" est un fondement sacrément difficile à ne pas couper psychologiquement. C'est ces fondements de l'identité "française" basée sur l'altérité qui font qu'aujourd'hui on entend des propos pareils.
Il faut donc trouver un moyen de se débarrasser de ces fondements qui ne correspondent pas aux conditions d'une possibilité de bien-être pour tous les citoyens français. On a un décalage entre la culture considérée comme française et la culture des citoyens, et c'est ça qu'il faut résoudre.
(Encore une fois, je n'excuse pas les propos, je les explique de mon point de vue, qui vaut ce qu'il vaut).
Je ne suis pas tout à fait d'accord car ce principe, d'un point de vue historique justement, laisse de côté un pan énorme de notre histoire. Déjà, l'argument du christianisme semble faussé : la France (depuis le bas Moyen-Âge) s'est construite sur une culture catholique. Parler de "France chrétienne" revient à oublier les exactions contre les orthodoxes ou les protestants ; le sentiment de trahison face à divers schismes/réformes et l'influence de la symbolique du Pape comme Père des patries.
Idem, la notion de "biblico-chrétien" oublie les difficultés des juifs de France et leur acceptation comme "véritables" français depuis moins de 60 ans.
Aux extrêmes, on oublie aussi la religion et les préceptes de nos chers ancêtres les gaulois ; tout comme les valeurs républicaines censées être fondées sur la laïcité et un pacte social. Nous apprenons pourtant en histoire et en éducation civique que la culture de la France actuelle, post-moderne était fondée sur ces points.
Ce n'est pas contre toi, vraiment, je n'arrive juste pas à voir cet argument de l'histoire "judéo/biblico-chrétienne" comme autre chose qu'un outil utilisé pour façonner l'histoire de la France sur un modèle bien précis et donc à justifier la mise au ban de ceux qui ne se rapprochent pas de ce modèle. D'autant plus quand on pense aux invasions des Maures (St-Maur les Fossés, big up ^^), aux syncrétisme aux frontières d'autres nations, à la marque de l'art byzantin dans nos cathédrales et l'art gothique, la recherche des épices/tissus d'Orient pour baser notre gastronomie ou nos industries. Enfin, voilà, la France me semble de base beaucoup plus multi-culturelle que ce que le mot laisse croire.
Par contre, si tu as une explication qui permet de rassembler ces deux dichotomies, je suis toute ouïe :-)