Je profite de quelques minutes que j'ai en débloqué pour répondre à
@esky et au questionnement lancé par
@agapanthe7 .
@esky Je ne sais pas très bien quel est le cadre précis de votre discussion mais je ne vois pas pourquoi ça irait se placer sur le thème des cultures des différents pays puisqu'a priori, tes collègues tiennent un discours qui te touche
toi.
Déjà, je constate une contradiction dans les discours que tu rapportes. D'un côté, ils se placent dans une vision hétérocentrée essentialiste du monde "les hommes et les femmes sont comme ça par
nature" puis ils coupent court à toute discussion en te répliquant "c'est comme ça dans ma
culture". Or soit le genre est naturel soit il est culturel, tu ne peux pas admettre qu'il soit immuable d'un côté et qu'il puisse varier d'un autre. Tes collègues doivent bien percevoir que leur discours est bancal et c'est pour ça je pense qu'ils te renvoient à quelque chose que tu ne connais pas pour stopper le débat.
S'ils tiennent un discours qui remet en cause ton professionnalisme ou la vie que tu souhaites bâtir pour toi-même sur des bases sexistes, je ne vois pas pourquoi leurs origines devraient t'empêcher de te défendre. Le but n'est pas que tu répondes "hé bien vous êtes en France, faites comme les Français" car de toute façon, ça voudrait dire être sexiste aussi

. Tu n'es pas non plus là pour leur expliquer que "leurs femmes" doivent être libérées ou leur expliquer comment gérer les rapports hommes/femmes dans leur vie personnelle donc l'argument "chez nous c'est comme ça" qu'ils te donnent n'est pas valable. Que les femmes qui les entourent s'accommodent très bien d'une relation de ce type avec l'homme dans l'espace public et la femme dans l'espace privé, c'est possible, c'est leur choix et ce n'est pas à toi de venir te mêler de ça à leur place. Mais tu as parfaitement le droit d'expliquer que tu ne crois pas à l'essentialisme, que tu veux leur faire part de tes arguments, que ça n'empêche pas que d'autres femmes que toi puissent rechercher des modèles traditionnels, et que t'empêcher d'exprimer ta vision des choses avec l'argument "c'est comme ça", ce n'est pas une démarche très scientifique
@agapanthe7, j'imagine que tu poses la question en référence à l'actualité? Si c'est le cas, je pense que les termes son mal posés : les "migrants" qui font la une des journaux sont des
réfugiés. Cet article du Haut Commissariat aux Réfugiés explique très bien la différence :
http://www.unhcr.fr/55e45d87c.html
Lorsqu'on parle de réfugié fuyant la guerre, la question ce n'est pas "peut-on" ou "ils sont déjà là". La France a signé plusieurs Conventions qui l'
oblige à protéger le réfugié. Le débat actuel sur "accepter ou non les réfugiés" est donc illégitime. Les réfugiés sont protégés par ces textes : les Etats doivent garantir leur liberté de mouvement, l'unité de leur famille, leur accès aux services sociaux, faciliter l'obtention de visa ainsi qu'un accès à des services particuliers. C'est un droit humain car tout être humain à le droit de fuir le conflit et les persécutions.
Après, chaque pays a un nombre de places pour les réfugiés qu'il dit pouvoir aider mais cela ne signifie pas qu'il a le droit de renvoyer les autres chez eux ou de les traiter comme on le fait actuellement. La France a accepté d'accepter 9 000 réfugiés supplémentaires (même pas environ 0.01% de la population française) alors qu'en 2014 on estimait le nombre de réfugiés à 165 000 (environ 0,2% de la population)... c'est pas augmenter le nombre de places qui va nous plomber l'économie je pense, surtout quand on sait que des pays comme le Liban accueillait des réfugiés à hauteur d'environ 20% de leur population l'an dernier.
Donc même quand on en vient à l'idée d'augmenter ou non le nombre (ridicule) de places pour les réfugiés dans les pays européens, je ne comprends même pas la teneur de ce débat. C'est comme si la maison de mon voisin brûlait et qu'il venait frapper à ma porte en me suppliant de le laisser rentrer parce que sinon il mourra et que je lui disais "attends, je réfléchis" puis quand je le vois asphyxier sur mon paillasson, je me décide à lui donner ma réponse : "non, en fait cela va me coûter cher parce que je vais devoir faire plus de machines si tu rentres et je trouve déjà mes factures d'électricité très élevées donc je ne peux pas t'ouvrir la porte, j'espère qu'un autre voisin sera plus généreux, bonne chance!".
OUI cela va peut-être me coûter plus cher. Mais honnêtement, est-ce que ce n'est pas un tantinet inhumain de n'être pas prête à sacrifier une part de mon confort pour sauver des gens? Parce qu'à l'échelle du monde, notre pays n'est pas en crise, il vit dans le confort et si accueillir signifie qu'on a moins d'argent pour les projets publics et qu'on doit plus partager nos médecins, nos écoles, nos routes, nos logements, cela ne va, dans la majorité des cas, pas nous tuer. Notre qualité de vie pourrait éventuellement baisser (et encore, rien ne le garantit) mais l'enjeu final c'est tout simplement
la vie de ces gens qu'on refuse d'accepter derrière notre frontière contrairement à tous les principes du droit international. Je trouverais ça absolument normal qu'on en vienne à échanger nos chocapics du matin contre du pain dur, nos douches chaudes journalières contre une ou deux douches par semaine, nos appartements où chacun à sa chambre avec son lit double contre des appartements où on partage sa chambre avec quelqu'un voire plusieurs personnes parce qu'on a plus les moyens de vivre comme avant après avoir accueilli "tous les réfugiés" si cela signifie sauver des milliers de gens qui seraient morts sous les tirs de mortiers de leur gouvernement ou les sabres de l'Etat islamique.
Je ne trouve pas que ce soit Bisounours, c'est juste la base de l'humanité. On parle de menace de mort imminente face à une menace incertaine de ne plus avoir les moyens de manger des yaourts à midi, je trouve juste le débat complètement surréaliste.