hocolat;3946879 a dit :
Je voulais faire du collage avec des mots motivants et réconfortants, et pour cela j'ai ressorti mes vieux magazines pour adolescentes.
Et je suis en colère.
J'ai 26 numéros de 4 magazines différents, et sur les 26 il m'a été extrêmement difficile, voir impossible, de trouver les mots confiance en soi, soutien, motivation, force... En gros, des mots du domaine de l'empowerment. Les très rares fois où c'est évoqué c'est par des mots négatifs : complexes, défauts...
En revanche, quels sont les mots qui reviennent le plus souvent ? Amour, Love, garçons, jules. Peu d'amitié également. Sérieusement, le monde tourne autour des hommes, c'est assez hallucinant. Dans l'un ils demandent l'avis des mecs pour tout : comment ils trouvent cette fille, de quelle façon elles doivent se maquiller/s'habiller/faire l'amour. Après il y a aussi les articles sur "comment devenir une bombe sexuelle", "comment écraser ses rivales", "comment ne plus passer pour une fille facile" (réponse : tu as le droit de coucher avec des mecs mais arrête sinon tu n'auras pas de copain).
Je me rappelle que les filles de ma classe de 5e/4e les lisaient, des filles de 12/13 ans ! Là je me rends vraiment compte du conditionnement ahurissant dont l'on est victimes dès le plus jeune âge. Et je vois d'où viennent beaucoup des problèmes d'estime de quantité de filles.
Ah, et l'homosexualité ! Rien, nada. Ah si, un témoignage de deux pages dans un magazine (deux pages sur 26 numéros je rappelle), un encadré sur l'homophobie et un test "pourrais-tu être attiré par les filles" (et ça va de "non, c'est vraiment pas ton truc" à "peut-être mais t'inquiète c'est pas sûr, le phallus peut encore te sauver de l'enfer").
Je.Vais. Vomir.
J'hésite entre les brûler ou les conserver comme pièces à conviction.
Néanmoins, je me demande si ce n'est pas inhérent à la France. J'ai un Marie-Clair français et un Cosmopolitain anglais : devinez quel est le plus sexiste ? Là c'est presque une déclaration d'amour, mais Cosmo, malgré ses défauts, parle beaucoup de confiance en soi, met en valeur des "kick-ass women", parle beaucoup de féminisme, d'entraide entre femmes. C'est un peu le moins pire des magazines féminins que j'ai lu jusque là.
J'avais étudié les représentations dans les magazines pour fillettes et ados et les études socio montraient que l'image de la femme était différent selon le public cible (càd le niveau socio-économique supposé des filles qui le lisent).
Ils montraient par exemple que Girls (supposé plus populaire) portait un message de fille docile, qui doit s'adapter au garçon et ne pas se lancer dans des filières d'études trop difficiles, tandis que des magazines comme Julie (supposé destiné à des enfants de la classe moyenne/classe moyenne sup) poussait les filles à avoir de l'ambition, à penser à leur carrière et à leurs passions dès le plus jeune âge etc.
En France, j'aimais bien Glamour mais j'ai remarqué que depuis quelque temps, ils sont très moralisateurs sur ce que doit être une femme, ce qui n'était pas le cas avant.
Pendant longtemps, je trouvais que le plus féministe des mags c'était ELLE même si certains articles annulent totalement l'effet féministe ahah. Sinon yavait 20ANS qui était génial pour son ouverture d'esprit et son second degré mais ça a disparu et la nouvelle version est vraiment nullissime.
Comme j'ai vécu dans quelques pays et que Cosmo existe à peu près partout, j'ai comparé les différentes versions.
Je trouve que Cosmo France est vraiment niais et pense un peu les femmes comme des petites choses mignonnes et sensible...
Comme toi, mon préféré pendant longtemps ça a été le Cosmo anglais qui avait effectivement un discours très empowerment : vas loin dans ta carrière, sois libre sexuellement, ne te préoccupe pas du qu'en-dira-t-on, choisis le mec que tu veux, prends ta vie en main etc.
Quand je comparais le Cosmo France qui parlait surtout d'avoir une bonne image au boulot, de bien s'habiller, de couple fusionnel et de "provoquer la drague", Cosmo UK conseillait de se battre pour décrocher une promotion, de se lancer à fonds quand on voulait quelque chose et banalisait totalement une sexualité libre.
Le problème par contre c'est qu'à force d'insister là-dessus, ils tombent dans l'excès inverse. Ils encouragent à ne pas avoir peur des étiquettes et à assumer sa sexualité mais après quelques mois de lecture, on complexe de ne pas savoir faire les 12000 positions sexuelles qu'ils nous montrent comme le dernier truc à la mode, ni de ne pas avoir 10 méga-orgasmes à chaque fois.
Une fois, j'ai essayé de suivre leur "mode d'emploi" pour des préliminaires avec une copine qui me lisait les instructions et moi qui les mimais avec une peluche... Ben franchement, c'était une technique limite digne d'un ingénieur et je voyais mal comment je pourrais faire ça naturellement sans consignes à portée de main ahah. C'est pour ça que j'ai arrêté de lire ce mag, ça finissait par transformer la liberté sexuelle en impératif... Mais pour l'esprit du reste, je trouve que c'est quand même le plus ouvert des Cosmo.
Le Cosmo russe m'avait un peu choquée : yavait un article sur les mecs et le préservatif où beaucoup de gars expliquaient qu'ils étaient contre car ça empêchait la fidélité... et les journalistes ne commentaient pas du tout ces réactions. Ou yavait l'article sur les préférences physiques des mecs et t'avais des femmes seins nus en culotte (au visage masqué) et ils devaient choisir la plus belle... et la conclusion c'était que celle qui avait la poitrine refaite et un faux bronzage était jugée la plus "sexy" et la plus "belle naturellement" (car on ne leur disait pas qu'elle était refaite)!
Le Cosmo américain ne parlait que de mariage avec des titres du genre "Pourquoi ne m'a-t-il pas encore parlé de mariage?", c'était barbant...