destynova;4145595 a dit :
Je n'ai vu qu'un article de blog écrit par un homme qui expliquait bien la situation à savoir que les hommes vivent dans un monde totalement parallèle d'où le fait qu'ils ne voient pas ou ne comprennent pas le problème puisqu'ils ne le rencontrent jamais. Ce qui n’empêche pas d'apprendre (au lieu de nier, minimiser) et de se mettre à la place de l'autre en apprenant qu'on a un privilège (et ne pas le défendre bec et ongles face à des gens qui vous disent qu'ils se sentent insultés, rabaissés etc.)
C'est vrai que beaucoup d'hommes n'ont aucune idée de ce qu'on peut vivre et ont du mal à le croire mais ceci dit je ne vois pas exactement les choses comme ça.
Je pense que les hommes rencontrent des problèmes aussi et sont aliénés à leur façon mais qu'ils l'ignorent beaucoup plus que les femmes parce que leur aliénation est présentée comme une liberté, quelque chose de positif par la société.
Par exemple, on va plus refuser aux hommes le droit d'exprimer des sentiments, y compris des sentiments de malaise ou de peur, et on va être beaucoup plus intransigeants avec eux dans certaines situations. Quand j'habitais dans un pays de l'Est, je me souviens que mes amis mecs étaient forcés de boire des alcools dégueulasses jusqu'à rouler sous la table parce qu'on n'acceptait pas un "non j'arrête" de leur part alors qu'on n'insistait pas pour les filles.
Cela peut paraitre mineur parce que ce sont souvent des choses "bien vues" qui sont obligatoires pour les mecs mais c'est aussi une forme d'aliénation. Or comme on la vend comme un truc positif, c'est difficile pour eux de s'en plaindre et de demander un changement.
J'ai lu un bouquin d'un ancien All Black qui avait sombré dans la dépression. Il expliquait que parce qu'il était un homme, il n'avait pas été élevé dans une culture où on exprime ses sentiments et quand il avait cherché de l'aide, on l'avait envoyé balader en lui disant qu'il s'en remettrait. Cette culture "masculine" avait été en grande partie responsable de la gravité de sa maladie. Une femme aurait sûrement reçu plus de soutien et serait peut-être sortie plus vite de la dépression. Sauf que "savoir encaisser les coups durs en silence", "ne pas se plaindre" et "agir plutôt que parler" sont des concepts positifs dans la culture néo-zélandaise (et dans pas mal de cultures d'ailleurs). Donc lui imposer d'être comme ça était vu comme une bonne chose.
Il a été très difficile pour ce All Black de comprendre que ce qu'il vivait n'était pas normal ou bon, et très difficile d'avoir des gens en face pour accepter cela.
Donc je ne vois pas forcément les hommes comme des privilégiés mais plutôt comme des dominants aliénés. Pour admettre l'inégalité femme/homme et les problèmes du "modèle féminin", je crois qu'il faut aussi être conscient de la défaillance du modèle masculin : les deux concepts se déconstruisent ensemble car ils sont construits l'un par rapport à l'autre. Or c'est difficile de remettre en cause le modèle masculin quand on baigne dans une société qui affirme que c'est l'idéal social et qu'on ne se rend pas compte qu'on en souffre aussi.
Et pour ceux qui nient la réalité des discriminations dans les sociétés occidentales, il y a aussi des femmes qui font ça tout en le vivant. Pour admettre une réalité, il ne suffit pas de la vivre. Il faut aussi pouvoir l'analyser et c'est difficile à faire quand on baigne au milieu de gens qui te disent que tout va bien.