Veille permanente sexisme

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20 Mai 2011
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tracy-jacks;4146726 a dit :
Ce qui est "drôle", c'est la vision des pratiques sexuelles lesbiennes et surtout, que ces pratiques soient excusées dans cette affaire parce que ce sont deux femmes. Leurs relations sexuelles présentées de manière tout à fait "innocentes" (c'est-à-dire selon l'auteur sans pénétration), parce que la prof est une prof, et que par conséquent l'affaire est embrumée de fantasmes ; mais je ne suis pas sûre que si la prof avait été un prof, les choses auraient été aussi bien prises, et ce qu'elles que furent les pratiques qui composèrent leurs relations sexuelles, même si elles furent tout autant innocentes et sans pénétration.
 
15 Mai 2011
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Je suis curieuse de savoir, à partir de quand, et comment, vous avez commencé à être sensible, ou du moins à vous questionnez sur le sexisme? :)
 

Mymy Haegel

Ex-Rédac chef de madmoiZelle
1 Février 2012
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Paris
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vanities;4147563 a dit :
Je suis curieuse de savoir, à partir de quand, et comment, vous avez commencé à être sensible, ou du moins à vous questionnez sur le sexisme? :)
Je me suis souvent posé la question mais c'est difficile à définir ! Je sais que je n'ai pas grandi dans une famille particulièrement sexiste, ni particulièrement féministe (enfin pas militante en tout cas, et mes parents ne m'ont jamais clairement parlé du sujet). Je pense que c'est venu au début avec mon dégoût des magazines féminins (surtout que je n'ai jamais été particulièrement intéressée par la mode, la beauté, les régimes...), j'ai mis plusieurs années à comprendre que si je me sentais déprimée après avoir fini un Glamour, ce n'est pas parce que MOI j'avais un souci (que je n'étais pas une vraie fâme) mais bien parce qu'il y avait un souci dans la presse féminine.

MadmoiZelle a beaucoup joué, même avant que je n'entre à la rédac, et puis Internet en général je dirais : sur Twitter et Tumblr j'ai découvert beaucoup de grands concepts (slut-shaming, culture du viol, les « filles qui n'aiment pas les filles »...) qui m'ont aidée à prendre conscience des problèmes actuels.

Après je pense m'être toujours « questionnée » sur le sexisme puisque même au collège ou au lycée je n'aimais pas ne pas pouvoir faire un truc (jouer à des jeux vidéos « masculins », aimer les films d'action...) ou en tout cas que ce soit mal vu juste parce que j'étais une fille. Mais comme une bonne sale ado, je considérais juste que les gens pensant comme ça étaient des cons :cretin: je ne mettais pas le mot « sexisme » dessus. Pour moi le sexisme à l'époque c'était des choses plus concrètes comme l'inégalité des salaires par exemple.
 
10 Mai 2008
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morganegirly;4145935 a dit :
destynova;4145595 a dit :
Je n'ai vu qu'un article de blog écrit par un homme qui expliquait bien la situation à savoir que les hommes vivent dans un monde totalement parallèle d'où le fait qu'ils ne voient pas ou ne comprennent pas le problème puisqu'ils ne le rencontrent jamais. Ce qui n’empêche pas d'apprendre (au lieu de nier, minimiser) et de se mettre à la place de l'autre en apprenant qu'on a un privilège (et ne pas le défendre bec et ongles face à des gens qui vous disent qu'ils se sentent insultés, rabaissés etc.)

C'est vrai que beaucoup d'hommes n'ont aucune idée de ce qu'on peut vivre et ont du mal à le croire mais ceci dit je ne vois pas exactement les choses comme ça.
Je pense que les hommes rencontrent des problèmes aussi et sont aliénés à leur façon mais qu'ils l'ignorent beaucoup plus que les femmes parce que leur aliénation est présentée comme une liberté, quelque chose de positif par la société.

Par exemple, on va plus refuser aux hommes le droit d'exprimer des sentiments, y compris des sentiments de malaise ou de peur, et on va être beaucoup plus intransigeants avec eux dans certaines situations. Quand j'habitais dans un pays de l'Est, je me souviens que mes amis mecs étaient forcés de boire des alcools dégueulasses jusqu'à rouler sous la table parce qu'on n'acceptait pas un "non j'arrête" de leur part alors qu'on n'insistait pas pour les filles.
Cela peut paraitre mineur parce que ce sont souvent des choses "bien vues" qui sont obligatoires pour les mecs mais c'est aussi une forme d'aliénation. Or comme on la vend comme un truc positif, c'est difficile pour eux de s'en plaindre et de demander un changement.

J'ai lu un bouquin d'un ancien All Black qui avait sombré dans la dépression. Il expliquait que parce qu'il était un homme, il n'avait pas été élevé dans une culture où on exprime ses sentiments et quand il avait cherché de l'aide, on l'avait envoyé balader en lui disant qu'il s'en remettrait. Cette culture "masculine" avait été en grande partie responsable de la gravité de sa maladie. Une femme aurait sûrement reçu plus de soutien et serait peut-être sortie plus vite de la dépression. Sauf que "savoir encaisser les coups durs en silence", "ne pas se plaindre" et "agir plutôt que parler" sont des concepts positifs dans la culture néo-zélandaise (et dans pas mal de cultures d'ailleurs). Donc lui imposer d'être comme ça était vu comme une bonne chose.
Il a été très difficile pour ce All Black de comprendre que ce qu'il vivait n'était pas normal ou bon, et très difficile d'avoir des gens en face pour accepter cela.

Donc je ne vois pas forcément les hommes comme des privilégiés mais plutôt comme des dominants aliénés. Pour admettre l'inégalité femme/homme et les problèmes du "modèle féminin", je crois qu'il faut aussi être conscient de la défaillance du modèle masculin : les deux concepts se déconstruisent ensemble car ils sont construits l'un par rapport à l'autre. Or c'est difficile de remettre en cause le modèle masculin quand on baigne dans une société qui affirme que c'est l'idéal social et qu'on ne se rend pas compte qu'on en souffre aussi.

Et pour ceux qui nient la réalité des discriminations dans les sociétés occidentales, il y a aussi des femmes qui font ça tout en le vivant. Pour admettre une réalité, il ne suffit pas de la vivre. Il faut aussi pouvoir l'analyser et c'est difficile à faire quand on baigne au milieu de gens qui te disent que tout va bien.

Non mais... à chaque fois que j'ai le malheur de prononcer le mot "homme" tu viens me corriger pour me dire que "oui les hommes aussi souffrent" (oui, je suis totalement ok), et "attention les femmes aussi sont méchantes" (oui je suis d'accord aussi), ducoup je suis obligée de me justifier comme si j'étais la méchante féministe. ^ ^
Je suis tout à fait d'accord avec ce que tu dis sur l'expression des émotions, le fait de valoriser l'agressivité chez un homme etc.


Pour ce qui est des femmes, bien sur je suis d'accord, les femmes aussi peuvent maintenir et perpetrer des formes de sexisme (j'ai jamais dit le contraire).

Par contre pour les hommes je suis moins d'accord.
Autant je suis d'accord qu'ils sont "aliénés" comme tu dis parce que tout homme qui a un comportement qui s'apparente à un comportement féminin risque d'être mal vu (ou parce qu'il n'adopte pas des caractéristiques dites "masculines" ou "viriles" comme l'agressivité, la violence, le leadership, etc).

Autant dire que dans une société patriarcale il n'y a pas de "privilège masculin" c'est du déni. C'est comme si dire que dans notre société occidentale où l'homme blanc est la norme, il n'y a pas de privilège pour les hommes blancs vis-à-vis des noirs, arabes, etc.

Je nie pas du tout la difficulté d'un homme à devenir jeune homme au pair par exemple, ou à être confronté à des habitudes sexistes (comme on en parlait ya pas longtemps avec la caisse réservée aux MAMANS avec des enfants en bas âge).

Par contre, pour n'importe quelle autre embauche, pour un emploi, pour ta paye, pour un poste à responsabilité de surcroit (même dans les domaines dits "féminins"), pour la précarité (les femmes sont plus souvent en intérim, moins souvent à 100% et sont les premières à partir en cas de crise), et donc pour pouvoir faire des CHOIX dans la vie, on favorisera toujours un homme. D'une manière générale un homme est considéré comme plus compétent, plus fiable, plus raisonné. Il y a quand même un privilège à pouvoir se balader dans la rue tranquille et à pouvoir siffler une nana sans que personne ne vous accuse (au contraire on va défendre ton droit à pouvoir "draguer/flatter"), il y a quand même un privilège à savoir que si tu t'es fait agresser dans la rue, on ne va pas te demander comment tu étais habillé, si ton caleçon ne dépassait pas de ton jean, il y a quand même un privilège à pouvoir t'habiller à peu près comme tu veux sans te demander si telle couleur ne fait pas salope, si tes talons sont pas trop hauts, ta jupe ou ton short trop court, etc.
Il y a quand même un privilège à être un homme quand toute la société est de ton côté. Il y a même des études qui prouvent que quand un homme parle, on prend plus de notes que quand c'est une femme. Il y a quand même un privilège quand la société met ta parole avant celle de n'importe quelle femme sans la remettre en question. La preuve c'est quand même les procès pour viol. Exemple récents avec les procès des tournantes (mais pas que) où même quand les accusés passent aux AVOEUX on blâme la victime pendant le procès avec des stéréotypes éculés (jupe, attitude de salope, maquillage, etc) et que la peine des accusés est minimale.
Quand CNN s'inquiète plus de savoir si la vie de jeunes violeurs n'est pas ruinée plutôt que de songer une seconde à la victime, on ne va pas me dire qu'il n'y a pas une sorte de "traitement de faveur".

Après, je n'ACCUSE pas les hommes d'avoir ce privilège, il n'y a pas de honte à être privilégié, par contre il faut en avoir conscience.
Conscience que pour un job tu pars avec une bonne longueur d'avance vis à vis d'une femme, conscience que tu peux prendre une méga cuite et demander à qqun de te ramener sans qu'on te regarde de travers, conscience que tout le monde ne bénéficie pas des mêmes traitements et que les conséquences de tes actes seront peut-être moins lourdes dans une société où tu es le sexe de référence.

Mais sinon oui, je suis d'accord avec le fait que dans une société genrée, on développe des doubles standards, chacun à des rôles qui nous empèche d'être ce qu'on est (comme tu disais tu es OBLIGE de boire beaucoup sinon t'es mal vu etc), donc oui pour le "dominant aliéné" mais pas que .

C'est justement à cause de l'ignorance de ce privilège qu'on se retrouve avec une idée du genre (sur les réseaux sociaux, 9gag, memebase, etc) que les femmes sont des "attention whores" ou qu'elles sont "needy" parce qu'elles postent plein de photos d'elles et qu'après elles disent "je suis trop moche!" juste pour qu'on les flatte. Mais oui mais les femmes n'ont pas la même pression que les hommes au sujet de leur physique (je suis en train de lire un bouquin qui parle d'une étude sur les sites de rencontre, une femme avec du surpoids est out direct, et d'ailleurs ils ont posé la question : les femmes préfèrent se faire percuter par un camion que de devenir obèse). Il n'y a pas que la pression sur les femmes, il y a aussi le privilège de l'homme et de tout le soutien implicite d'une société qui crée un climat plus favorable pour lui que pour l'autre sexe, dans lequel il peut exprimer son mépris et ou son excitation sans avoir peur de se faire reprendre. Paradoxalement, quand tu es une femme et que tu te prends une blague sexiste en pleine figure c'est TOI qui dois la fermer et rire en plus. Et si tu trouves pas ça drôle, t'es une féministe coincée et hystérique sans aucun humour (et qu'est ce que c'est que cette attitude absurde, insultante et débile - qu'on peut vivre tous les jours au travail - sinon une manière de te rappeler violemment que tu es de l'autre côté de la barrière de la domination?).

Ya quand même un privilège à pouvoir être de l'autre côté de cette barrière



Edit : sinon pour le bingo je pensais pas que c'était un truc sérieux, qui s'utilise vraiment en situation (pas un truc pour les discussions quoi). Je avais déjà vu pour la com ou des domaines de ce genre avec un vocabulaire très spécifique et pompeux (et quand t'as rempli une ligne tu te lèves en criant FOUTAISES et tu quittes la réunion ^ ^).
D'ailleurs j'ai un peu fait ce bingo mentalement lors de réunions. A ma PREMIERE réunion je me souviens très bien que j'ai eu droit à des blagues sexistes et graveleuses (étant la seule femme, tout le monde se retourne en plus vers toi genre "c'est vrai?" - ce qui me fait dire aussi que c'est qu'à moitié des blagues) suivi de débats avec les arguments du bingo. Jme suis toujours demandé, si j'avais été noire ou arabe est-ce qu'ils m'auraient fait des blagues sur les vols de portables et les bananiers suivi d'un débat sur comment sont vraiment ces imbéciles d'étrangers.
 
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vanities;4147563 a dit :
Je suis curieuse de savoir, à partir de quand, et comment, vous avez commencé à être sensible, ou du moins à vous questionnez sur le sexisme? :)

C'est honteusement récent pour ma part !

Je dirais que ça fait un an environ. Je ne dis pas que j'étais pas du tout féministe avant, mais beaucoup de concepts me passaient complètement au-dessus de la tête. Le slut-shaming ? J'en ai fait. Plein. Les "filles qui n'aiment pas les filles" ? J'ai rendu ma carte, mais j'ai fait partie du club. La culture du viol ? Certaines remarques me faisaient chier, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus ("pourtant, c'est vrai que ne pas sortir après minuit en mini-jupe et décolleté, ça semble pas complètement débile comme idée...").

Et je dirais que tout a commencé avec... les trouvailles d'Internet pour bien commencer la semaine. :cretin: Ben ouais, parce que c'est la rubrique qui m'a fait venir doucement sur le site de madmoiZelle, et que de là, j'ai vu l'article sur Laci Green. Et là, gros choc. Je regarde toutes ses vidéos, je commence à lire les articles féministes de madmoiZelle, j'écume les sites et les blogs sur le sujet... et bien sûr, je me nourris de ce topic. Om nom nom.

Bref, madmoiZelle, Laci Green, Denis Colombi, Feminist Disney, Crêpe Georgette sont mes références et mes portes d'entrée dans la monde merveilleux du féminisme.... et bien sûr, je me nourris de ce topic. Om nom nom.

destynova;4147682 a dit :
Non mais... à chaque fois que j'ai le malheur de prononcer le mot "homme" tu viens me corriger pour me dire que "oui les hommes aussi souffrent" (oui, je suis totalement ok), et "attention les femmes aussi sont méchantes" (oui je suis d'accord aussi), ducoup je suis obligée de me justifier comme si j'étais la méchante féministe. ^ ^

Je me permets d'intervenir, juste pour dire que je ne pense pas que le message de @morganegirly était agressif ou critique. Il s'agissait d'un point de vue un peu différent.

Je pense que c'est la phrase "je ne vois pas forcément les hommes comme des privilégiés" qui t'a fait réagir : personnellement, je ne pense pas que @morganegirly voulait dire "je ne pense pas que les privilèges masculins existent". Après tout, elle dit dans la suite de la phrase qu'ils sont dominants...

J'ai l'impression qu'ici, c'est bien le dernier endroit où on va considérer les autres comme de "méchantes" féministes ! On est ici pour échanger des points de vue, et ne pas être tout à fait d'accord avec un argument ou avoir une vision des choses un peu différente n'est pas une attaque personnelle. :fleur:
 
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Salut,

Je voulais vous transmettre cet appel, je sais pas si vous l'avez vu :
http://www.femmescontreausterite.com/

L'idée est que les femmes sont les plus touchées par les politiques d'austérité : les plus bas salaires, les retraites minuscules, les temps partiels subis, la précarité, tout ça c'est majoritairement pour les femmes. La casse du service public, c'est encore les femmes les premières victimes (mieux rembourser l'IVG, c'est très bien, mais ne pas fermer les centres/en ouvrir un autre, c'est vachement mieux).

Il y a une manif à Paris le 9 juin. Si jamais y en a parmi vous qui ont l'intention d'y aller, faites-moi un petit coucou par MP, j'y serai peut-être et ça me ferait plaisir de vous croiser :)
 
23 Décembre 2012
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Merci @MamieCaro ;)

destynova;4147682 a dit :
Non mais... à chaque fois que j'ai le malheur de prononcer le mot "homme" tu viens me corriger pour me dire que "oui les hommes aussi souffrent" (oui, je suis totalement ok), et "attention les femmes aussi sont méchantes" (oui je suis d'accord aussi), ducoup je suis obligée de me justifier comme si j'étais la méchante féministe. ^ ^

Hum... je crois que tu te trompes de personne parce que je n'ai pas spécialement fait attention à ce que tu soulignes, ni au fait que je te répondais si souvent que ça et je n'ai franchement pas l'impression de réagir à chaque fois que je lis le mot "homme" lol. Et avoir dit que les femmes sont méchantes?? Je ne me reconnais vraiment pas dans cette phrase, même en caricatural, je ne vois pas quand j'ai pu dire quelque chose comme ça.

Ou c'est possible que tu l'aies ressenti comme ça parce c'est vrai, je pense qu'on a une approche un peu différente du féministe. Cela ne veut pas dire que nos opinions ne sont pas à peu près les mêmes, notre différence est surtout sur le ton et la méthode je crois.
Tu me fais beaucoup penser à mes copines militantes d'assos dans ton discours. Un discours que je pense essentiel pour faire avancer la réflexion même si je ne suis pas toujours d'accord avec tout :)

Pour revenir aux hommes privilégiés, je ne nie pas qu'ils ont des privilèges mais avoir certains privilèges ne veut pas forcément dire être "un privilégié" en règle générale. Ce que je voulais dire c'est que ça dépend des domaines et quand un privilège t'aliène, peut-on encore vraiment le voir comme un réel privilège?
Je ne dis pas "plaignons les hommes" lol, je pense juste qu'on ne peut pas faire une opposition aussi nette entre la situation des femmes et celle des hommes.

Et je ne cherche certainement pas à te "corriger", je réagis juste en exposant mon avis, même différent ;)
 
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vanities;4147563 a dit :
Je suis curieuse de savoir, à partir de quand, et comment, vous avez commencé à être sensible, ou du moins à vous questionnez sur le sexisme? :)

A partir de ma naissance ;)

Je dis ça en plaisantant mais c'est un peu vrai. Mon acte de naissance est un acte féministe dans le sens où je porte le nom de ma mère parce qu'elle trouvait injuste que ce soit forcément celui du père qui soit transmis et que mon père était d'accord pour qu'elle donne le sien.
Mes parents n'étaient pas mariés car ma mère était allergique au mariage : elle voyait ça comme un symbole de l'oppression du patriarcat (elle n'utilisait pas ce mot mais c'était l'idée) parce qu'elle avait été gamine dans les années 60 et avait vu ma grand-mère  au foyer qui devait demander l'autorisation du mari pour plein de choses et n'a pu travailler qu'une fois divorcée. Ma mère avait peur d'être associée à son copain de trop près, elle voulait être indépendante, et le mariage lui paraissait être l'opposé.
Mon père, qui a beau faire des tas de blagues machos, n'a jamais contredit les discours féministes de ma mère.

Donc à ma naissance, il n'y a pas eu d'autres chemins : j'avais un héritage féministe validé officiellement par mon nom. Même mon prénom a un sens féministe.
Le discours de ma mère n'était cependant pas hyper théorisé. Elle n'a pas beaucoup lu sur le sujet, ça lui est surtout venu de mai 68 et de la fréquentation d'autres militants. Donc on n'a jamais discuté théories féministes, c'était un quotidien féministe assez "instinctif".
Elle m'offrait des petites voitures et des Lego en cadeaux (quand mon grand-père m'a offert une poupée qui fait pipi, je me souviens de ma totale incrédulité, n'arrivant pas à comprendre le sens d'un tel jouet), me laissait jouer à être Batman... Elle ne m'empêchait pas de jouer à des jeux de filles non plus : j'avais des poupées, des robes de princesse, des dinettes, mais ça côtoyait les "jeux de garçons". A l'inverse, mon frère a eu des Barbies et des poupons à Noël ainsi que des vêtements roses.
Du coup, quand je jouais à la Barbie, mes scénarios ressemblaient souvent à ça :
- La Barbie blonde était une méchante qui enlevait le Prince pour l'épouser, prendre le pouvoir et hériter du trône.
- La Barbie brune était la fiancée du Prince et elle traversait de nombreuses épreuves pour aller le sauver des griffes de la méchante.
- Le Prince était une grosse nouille manipulable qui attendait bêtement les secours.
Quand je jouais toute seule ou avec mes copines, c'était aussi souvent à des jeux d'aventures : j'étais naufragée sur une île déserte et devait combattre des serpents et des bêtes sauvages, j'étais une chevalière de la Table Ronde qui sauvait le Roi Arthur, je voyageais dans le temps et devait résoudre des énigmes...

Vu mes jeux, je repérais immédiatement l'absence de filles dans les histoires que j'aimais et grâce à ma mère (et aussi à son frère qui est passionné par les théories féministes), je relevais le sexisme dans les pubs.
Comme je trainais beaucoup à la bibliothèque du quartier pendant mon temps libre, j'ai aussi eu accès à des bouquins qui vulgarisait les théories universalistes dès le Primaire. Après, au collège, j'ai commencé à comprendre que cela s'appelait "féminisme" et j'ai lu Elisabeth Badinter, qui a été une mini-révélation.
A partir de là, je me suis documenté sur l'aspect théorique du féminisme et à la fac j'ai suivi pas mal de modules sur le genre ou l'histoire des femmes.

En gros, la démarche féministe a été naturelle et héritée pour moi. L'intérêt pour les théories est venu à l'adolescence environ (et maintenant je maitrise ça mieux que ma mère, et peut-être même que mon oncle). Même si je fais l'expérience du sexisme régulièrement, je ne le vis pas comme une malédiction permanente parce que j'ai grandi dans un environnement qui croyait à l'égalité des sexes et la mettait en pratique au quotidien. Si j'en souffrais quelque part, il y avait toujours quelqu'un pour me soutenir et pour m'assurer que je le surmonterai.

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Je trouve cette question intéressante parce que certaines de mes copines les plus engagées dans le militantisme féministe sont celles qui ont découvert le mouvement très tard. Elles ont vécu le sexisme permanent, l'ont intégré pendant leur enfance voire leur adolescence, ont longtemps trouvé le patriarcat normal puis elles ont pris conscience du féminisme et elles se sont engagées.
Souvent, on a des visions assez différentes des situations et je me demande si c'est lié à notre parcours. Moi aussi j'étais révoltée quand j'étais gamine mais je ne le suis plus vraiment aujourd'hui. Je suis plus "féministe ordinaire" que féministe engagée. Je pense qu'avoir eu ce parcours de féminisme obligatoire est en partie responsable de ça ainsi que le fait d'avoir lu quelqu'un de nuancé comme Elisabeth Badinter dès le collège. Elle a été une de mes premières lectures théoriques alors ça a en quelque sorte organisé ma pensée féministe. Si j'avais lu quelque chose de plus radical à 13 ans, je serais peut-être plus radicale?

Je ne me vois pas du tout rejoindre une asso féministe alors que j'ai longtemps été passionnée par tout ça. Du coup, je me demande si la nécessité pousse à l'engagement de manière plus évidente?
 
K

katnissvsw

Guest
vanities;4147563 a dit :
Je suis curieuse de savoir, à partir de quand, et comment, vous avez commencé à être sensible, ou du moins à vous questionnez sur le sexisme? :)
Ben disons que j'ai grandi dans un univers très sexiste où on me conditionnait donc dans le sexisme.
Je suis allée dans une école et un collège privée sous contrat soit disant meilleur mais en fait pour éviter les fréquentations de ces mécréantes féministes. Je n'ai pas eu d'intervention sur la sexualité de tout le collège par exemple donc pas d' infos sur la contraception et l'avortement, si ce n'est pour dire que c'était mal.
J'en ai eu qu'une en 2° au lycée public où j'étais.Je pense que je suis devenue un peu féministe en 1° car j'avais une prof d'éco très féministe et on avait du faire notamment en socio une étude sur le jouet en fonction du sexe de l'enfant, les inégalités hommes femmes dans le travail.
C'est en lisant Madz et en farfouillant sur le web aussi que je suis devenue de plus en plus féministe car je n'avais qu'une version des choses :j'ai besoin d'avoir toutes les cartes en main pour me faire mon opinion sur quelque chose.
Et puis j'ai lu toutes ses critiques sur la théorie du gender donc du coup, j'ai voulu savoir ce que c'était .
Pour ce qui est slutshamming ,culture du viol,... j'ai surtout appris sur Madz.
Et puis,il y a aussi ce topic  qui m'a permis d'ouvrir les yeux sur certaines choses.
 
7 Novembre 2012
736
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vanities;4147563 a dit :
Je suis curieuse de savoir, à partir de quand, et comment, vous avez commencé à être sensible, ou du moins à vous questionnez sur le sexisme? :)
c'est intéressant comme question et j'aime beaucoup les réponses des madz' :)

Pour ma part c'est d'abord venu par un refus d'être "une fille". Je me suis toujours senti fille hein, je ne me sentais pas mec pour autant mais disons que j'aimais très peu de choses qu'en tant que fille j'aurais "du" aimer. pourtant j'avais pas vraiment de pression de la part de mes parents mais je le sentais quand même instinctivement. Je n'aimais pas les poupées (ni barbie ni action man d'ailleurs), ni jouer à la maman/maitresse, ni la marelle, l'élastique, la corde à sauter.
Ceci dis j'aimais pas non plus les petites voitures et les tracteurs. :P Ce que je préférais c'était les jeux non genré finalement et très rapidement l'absence totale de jouet, j'étais plus dans le jeu de role, où j'étais toujours un mec "par facilité" jusqu'à ce que je découvre le dessin animé Lady Oscar qui me fascinait et une bande dessiné dont j'ai zappé le nom avec une figure féminine très forte.
Je continue à dire que j'aime pas les filles trop filles ou que je suis pas "une vrai fille" mais c'est plus dans le sens où je ne me reconnais pas dans le stéréotype de la fille tel qu'il est vendu dans la société. Ceci dis j'aime pas les mecs trop mecs non plus alors. 8)

après je ne me sens pas du tout féministe, parce que je ne milite pas, je me contente de tracer mon chemin, de me scandaliser parfois bien sur, mais surtout de vivre ma vie en essayant de toujours garder en tête de limiter mes actes "forcées par mon sexe". (genre demander à mon prof en 3ème si au lieu de jouer au hand 'avec les filles" je peux pas jouer au foot "avec les mecs" :rockon:(j'aime pas le foot. mais j'aime encore moins le hand.  :d)
 
4 Novembre 2007
3 411
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Metz
lesvoyagesdemircea.wordpress.com
Je viens de débattre pendant 2h avec un gros cons remettant en cause la théorie du genre comme c'est à la mode en ce moment qui aura finit par balayer mes arguments d'un simple rappel à mon hystérie et mes délires féminins.

J'ai vraiment MAL du dedans un truc de dingue alors qu'il est évidement con, c'est pas comme si c'était affaire de doute.

Mais ça me met hors de moi qu'un con prétende me définir mieux que moi.

J'ai beau je pense avoir prouvé par A+B qu'aucun de ses arguments ne tenait ça n'a pas suffit à lui faire ravaler sa superbe machiste.

Je sais que vous me comprendrez, ce genre de combat perdu d'avance on s'y lance peut être avec stupidité, je n'aurais pas du, on perd toujours à vouloir raisonner les cons, mais je déteste perdre, voilà.

C'est mon côté ambitieux masculin qui parle.

J'ai besoin de calins pour oublier la connerie qui hante ce monde qui part peur de la crise économique se réfugie dans de vieux modèles datés rassurant ><
 
15 Mai 2011
3 265
5 095
5 194
@-Katouchka- : Oh c'est marrant, ma prof d'éco de première était aussi féministe, et ne s'en cachait pas malgré le fait qu'elle se faisait souvent mépriser par les élèves mais aussi par certains profs. Je cite un autre prof d'éco qui disait elle que c'était une "vieille fille chiante qui finira sa vie avec des chats" THE cliché de la féministe.

Bref, merci de vos réponses, très intéressantes :)

Si j'ai posé cette question, c'est parce que pour ma part, depuis petite, j'ai été consciente d'un petit quelque chose qui clochait entre filles et garçons, ayant grandit dans un environnement plutôt sexiste, les différences étaient marquantes. Ce petit quelque chose difficile à définir à mon jeune âge, ce sexisme donc, je l'ai toujours senti depuis petite, c'est alors une évidence pour moi.

Je parle souvent à des gens, et ils ont du mal avec cette idée de "sexisme", estimant qu'aujourd'hui, hommes et femmes sont parfaitement égaux. Je cherche donc à savoir comment en êtes vous arrivé à être sensibles sur les questions de "sexisme", peut être que ça m'aiderait à leur éclaircir un peu ou du moins pour qu'ils commencent à émettre une première réflexion. :)
 
Statut
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