Je vais aller à contre courant, mais les derniers messages postés ici sur le sujet des personnes qui sont contre le port du voile m'ont contrarié.
Et en particulier le fait d'immédiatement placer ces personnes dans une case :"incultes sur le sujet et à tendance raciste ou islamophobe".
Heu, non, merci d'éviter l'amalgame douteux. Ce n'est point parce que certaines personnes affichent effectivement leur refus du voile sous la bannière féministe ou d'autres nobles causes pour cacher en vérité une tendance à l'islamophobie qu'il faut asséner ce cliché à tous.
On peut connaitre et respecter profondément la culture et la religion musulmane tout en trouvant à redire sur le port du voile et ses dérives.
Et je dirais même, au contraire, d'autant plus l'on connait les textes d'origine, d'autant plus les obligations vestimentaires observées actuellement apparaissent pour des dérives bel et bien humaines (et patriarcales précisément) et non religieuses.
Pour ce qui est du choix des femmes portant le voile, désolée, mais on ne peut vraiment pas se poser la question sans prendre en compte le contexte de vie dans lequel elles évoluent.
Pour rappel, un vrai choix doit être libre et surtout, éclairé.
La question est donc, est-ce que toutes ont pu faire ce choix dans ces conditions ?
Combien de femmes portant le voile d'elles mêmes ont eu véritablement accès au coran d'origine, non déformé par tel ou tel courant communautaire ? Combien connaissent toutes les formes que prennent cette religion dans le monde, et que la version qu'elles connaissent n'est pas l'unique ?
Que les légers foulards colorés des musulmanes indiennes n'en font pas des religieuses moins pieuses que celles qui portent de stricts et sombres vêtements couvrants ? Que dans l'histoire, même récente, les formes du voiles ont énormément évolué et changé, et que rien n'est écrit dans le marbre à ce sujet ?
Et surtout, plus insidieux, combien sont véritablement libres de tout sexisme et pression sociale pouvant influer sur leur décision ?
Car mine de rien, porter un voile et des vêtements longs, ça revient à porter une forme de protection, et à rentrer dans le rang. C'est connoté très positivement dans de tels contextes. On gagne d'un coup en "respectabilité" dans sa communauté. Difficile de dire que ce n'est pas tentant, même inconsciemment.
Mais peut on vraiment appeler ça un choix libre et éclairé, quand il s'agit de souscrire à des règles biaisées par le sexisme ?
C'est comme se mettre à porter une jupe plus longue que la minie qu'on aimait bien, car on se persuade qu'ainsi on se fera moins embêter. Ça reste un choix personnel, personne techniquement ne nous y oblige, mais néanmoins, ce n'est pas un choix vraiment libre pour autant.
C'est un peu trop facile de dire "chacun décide, c'est son choix, on ne s'en mêle pas, on a pas à chercher à convaincre".
Ça signifie aussi ne pas prendre en compte le fait que les personnes peuvent se tromper, ou prendre des décisions pour de mauvaises raisons, ou par ignorance.
C'est bien ce que l'on fait quand on parle de sexisme avec des gens qui ne le voient pas. On tache de convaincre, d'argumenter, on n'accepte pas la situation telle quelle !
Car je ne dis pas de partir forcément du postulat que toutes les femmes voilées et couvertes sont ignorantes ou forcées. Ce serait faire autant d'amalgame que ce dont je parlais en début de message.
Par contre, ne pas tolérer de facto toute forme de voile comme allant de soi, se poser des questions et ne pas mettre d’œillères, discuter avec les personnes, ça me semble important.
Et pour précision, même si ça me semble aller de soi, les mêmes questions se posent évidemment pour les autres religions et les obligations sexistes qu'elles imposent aussi.
Quand à l'argument disant qu'aller contre le voile, ça reviendrait à confiner les femmes chez elles... cet argument me mal à l'aise, car ça revient à dire qu'on reconnait qu'il y a un gros soucis (car si les femmes en sont réduites à ne pas pouvoir SORTIR de chez elles alors que les hommes de la même religion le peuvent, c'est bel et bien un problème), mais qu'on ne veut pas vraiment s'y attaquer.
Avec une telle logique, on ne s'occuperait pas non plus des femmes battues, car elles ont choisi leur conjoint, donc c'est leur choix après tout. Donc leur problème, donc on ne s'en mêle pas.
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