harey;4917602 a dit :
Ben de ce point de vue, moi je ne vois pas les choses comme ça : quelqu'un peut tenir des propos sexistes/racistes/classistes sans l'être profondément. Du genre, ça a dû m'arriver d'avoir ce genre de propos sans le réaliser, parce que je n'étais pas forcément suffisamment informée, parce que ça me vient de la société dans laquelle je vis, alors que c'est totalement contraire à mes convictions. Alors ça me gène le fait de dire Bidule a tenu des propos sexistes = bidule est sexiste, Bidule a tenu des propos sexistes sur une station = la station EST sexiste. D'autant plus qu'il y a eu des excuses de la part de la station.
Ah mon sens, si on est raciste ou sexiste en surface, ben on l'est un peu quand même. Et si on considère que le racisme/le sexisme sont des systèmes d'oppression, alors ça devient difficile de penser qu'il y a des gens qui sont sexistes et racistes (l'exception), et les autres (les gens sympa et bien élevés qui ont un humour un peu piquant).
Et c'est difficile de séparer la personnes de la société dans laquelle elle vit : si la société est raciste/sexiste, pourquoi l'individu qui en est le produit ne le serait pas ?
J'ai l'impression que ce qui t'inquiète, c'est plutôt le fait que, si on reconnaît que Bidule est raciste ou sexiste, alors ça veut dire que tu l'es aussi.
______________
Je ne venais pas pour dire ça.
J'ai lu la
critique d'un petit ouvrage qui compile l'expérience qu'un homme a faite du sexisme ordinaire pendant 10 ans. La démarche aurait pu être louable et intéressante mais voici quelques extraits :
[ul]
[li]Le propos relayé par l'auteur : "ça doit être
désagréable un préservatif féminin ; c'est plus facile pour les hommes d'utiliser un préservatif. De toute façon, quand une fille achète des préservatifs féminins, c'est parce que son copain ne veut pas mettre des préservatifs, parce que ça perturbe ses
sensations."
L'interprétation qu'il en fait :
"Je ne débattrai pas des caractères respectifs de chaque préservatif.
Constatez simplement qu’il est ici reproché à un homme de trouver désagréable de porter un préservatif, alors qu’on admet la même réticence chez une femme. Comme on dit «S’il l’aime, il comprendra.» on devrait pouvoir dire «Si elle l’aime, elle comprendra»."
=> Ben c'est bizarre parce que dans la vie de tous les jours, j'ai l'impression qu'on se soucie beaucoup plus du bien être sexuel des hommes que des femmes[/li]
[li]"Prononcé par une femme née dans les années 80 : en boîte, je laisse les hommes me payer à boire, c'est normal"
=> galanterie = cadeau empoisonné[/li]
[li]"On entend couramment à la radio ou à la télévision, on lit dans les journaux, quand est annoncé le bilan humain d'un acte de guerre civile ou de terrorisme : "x morts, dont y femmes"
Son interprétation :
Cela ne vous a-t-il jamais choqué(e)s d’entendre «x morts, dont y femmes» ? Si vous répondez par la négative, en avançant ou non une raison, demandez-vous comment vous réagiriez si à la place vous entendiez «x morts, dont y hommes».
Considérer que ce sont, dans l’immense majorité, des hommes qui constituent les unités combattantes des forces armées me semble un argument fallacieux :
n’est-ce pas un drame aussi que d’être enrôlé dans l’armée en temps de guerre ? Et que faire des civils hommes ?
=> est-ce que ce ne serait pas parce que, jusqu'à preuve du contraire, tout Homme est un homme qu'on précise que des femmes aussi sont mortes ?[/li]
[/ul]
Enfin, ce que je veux dire c'est que ce n'est pas nouveau que le sexisme n'épargne pas les femmes plus que les hommes (cf ce qui a été dit plus haut). Mais j'ai l'impression qu'il se victimise alors qu'il profite du système plus qu'autre chose (plus que les femmes, en tout cas). Alors certes, on lui demandera de temps en temps de porter des cartons (= c'est un homme donc il est fort et meilleur qu'une femme pour ce genre de tâche, ouh, attention à la stigmatisation!), ou de ne pas montrer ses sentiments (= c'est un homme, donc il contrôle ses sentiments, c'est pour ça qu'il sera plus compétent qu'une femme à un poste de commandement, etc. qui aura tendance à se laisser gagner par l'hystérie en cas de crise).
S'il s'entend dire des choses comme ça, c'est parce que les gens pensent que les femmes sont faibles et que les hommes sont forts, que l'on valorise le contrôle de soi, considéré comme masculin, et que l'on ridiculise le fait de montrer ses sentiments (=> hystérie, folie, "elle a ses règles", etc.). Donc ces paroles misogynes font surtout du tort
aux femmes, même quand elles sortent de la bouche de femmes.
J'ai l'impression qu'il se plaint de l'envers de la médaille du patriarcat alors que toute une partie de la population n'en a que les mauvais côtés. Donc je sais pas, il pourrait le mentionner quelque part.