@Senouille et @Midlova t'ont déjà répondu. Je voulais juste rajouter que l'accord/désaccord avec ces propos se porte aussi sur la conception du début de la vie.
Il y en gros deux opinions qui s'opposent : les religieux qui considèrent que le foetus est un être vivant sous la protection de Dieu (je simplifie) et ceux qui considèrent que le foetus n'est pas encore un être vivant. Si tu penses par conviction religieuse que le foetus est vivant, j'imagine qu'il te sera difficile de soutenir les arguments des pro-choix car ta conviction est une question de foi et la foi ne s'argumente pas.
Pour les pro-choix, un embryon n'est pas du tout un enfant. Bien sûr qu'il est animé par une forme de vie mais c'est le cas des microbes, des cellules de notre corps qu'on maltraite pour toutes sortes de raisons (rien que les coups de soleil qui grillent les cellules de notre peau par exemple) ou pour se rapprocher de la procréation, c'est le cas des spermatozoïdes qu'on laisse s'échapper avec le sperme et des ovules qui "meurent" sans avoir été fécondés.
Certaines personnes très croyantes pensent qu'il ne faut tolérer aucune intervention humaine sur le corps (même pas pour soigner) car ça va à l'encontre de la volonté de Dieu et certaines pensent que laisser du sperme s'échapper dans le vide est grave car c'est un gâchis de semence qui devrait mener à un enfant. Ces points de vue-là sont simplement irréconciliables avec l'avortement, c'est comme ça et nos sociétés choisissent de ne pas suivre la religion pour donner des droits aux gens.
Maintenant, certaines personnes se posent des questions sur le "droit à la vie" en jeu avec l'avortement sans être pour autant animées par des pensées religieuses. La question est donc de se demander : quand est-ce que le foetus devient un enfant? On ne se pose pas la question de "la vie" car comme je l'ai dit, il y a des tas de formes de vie dans notre corps pour lesquelles on n'a pas tellement de scrupules. On se pose la question de "la vie
humaine" et là, la question est plus complexe. Parce qu'est-ce qu'un être humain?
On est arrivés à plusieurs consensus : quand il commence à ressentir de la douleur, à avoir des organes fonctionnels comme un cerveau, quand il peut survivre hors du corps de la mère (c'est-à-dire avec un soutien médical mais qu'on peut le séparer de la mère et qu'il survive - un être humain n'a en principe pas besoin d'être greffé à un autre être humain pour survivre). En Angleterre, on a décidé que la vie commençait à six mois de grossesse car à partir de six mois, on peut sauver de plus en plus facilement les foetus sortis du ventre maternel et aussi parce que c'est à peu près la période où se forment le cerveau et les connexions nerveuses. Avant la formation du cerveau, les foetus ont peu de risques de survie et s'ils survivent, ils souffriront de graves lésions cérébrales.
En France, on a choisi 12 semaines comme limite (trois mois) car à cette période, la plupart des organes sont formés, le coeur bat, le squelette est formé et le foie commence à fonctionner. C'est aussi dans les 3 premiers mois qu'ont lieu la plupart des fausses couches qui ne sont pas des "accidents" mais des "avortements spontanés" où le corps rejette un foetus qui a peu (ou pas) de chance d'évoluer en un enfant sain. C'est donc encore une période de "test" pour le corps en quelque sorte.
A partir du moment où tu considères qu'un foetus n'est un être humain vivant, la question du respect de la vie ne se pose pas. On n'ôte donc à aucun "être la possibilité d'exister" car il n'y a pas encore d'être humain. On ne peut pas ôter un droit à quelqu'un qui n'existe pas encore.
A partir du moment où on voit les choses comme ça, il n'y a pas non plus de raison de considérer qu'une IVG est forcément un traumatisme. Les fausses couches sont naturelles, il n'y a donc rien de "naturel" à être traumatisée parce qu'on perd un foetus comme cela arrive dans 1/5e des grossesses depuis bien longtemps. Ce n'est pas pour nier la souffrance des femmes qui ont avortées ou ont fait des fausses couches et ont du mal à le vivre, mais pour dire qu'il y a peut-être autre chose derrière qu'une conséquence psychologique naturelle. Peut-être que ces femmes le vivent mal parce qu'elles ont projeté des choses sur ce foetus, que les gens autour d'elles font peser des attentes, de la culpabilité.
Et à partir du moment où on considère qu'un foetus n'est pas un être humain vivant, il n'y a pas de raison de bouleverser la vie d'une femme et de mettre sa vie en jeu (parce qu'une grossesse est un épisode violent et qui influence dramatiquement le corps) pour un "tas de cellules" qui ne sont pas humaines.
Un foetus est un corps parasite puisqu'il ne peut survivre sans son hôte (à partir du moment où il le peut, je suis d'accord pour ne plus l'appeler foetus). C'est donc à son hôte de décider si oui ou non il veut bien le laisser parasiter son corps.