mamiecaro;4425207 a dit :Je rappelle que le féminisme n'a de valeur que s'il est intersectionnel, et que les personnes qui luttent contre le racisme se prennent aussi des remarques sur le fait que le racisme n'est plus un problème et qu'ils pinaillent sur des détails. Toi-même tu dis "on crie au racisme alors même que c'est hors-propos" : comment peux-tu dire à la fois "des fois, moi femme blanche [car je suppose que tu l'es ?], je trouve que certaines choses ne relèvent pas du racisme" et d'un autre côté "ça me fait enrager quand on me dit que certaines choses ne sont pas du sexisme" ? Réfléchis-y bien : et si parfois tu n'étais pas assez sensibilisée à la question pour reconnaître le racisme, de la même façon que les lourdauds dans ton entourage ne sont pas assez sensibilisés pour reconnaître la culture du viol, le slut-shaming et autres joyeusetés ?kheena;4424850 a dit :Le racisme est automatiquement intégré comme quelque chose de mauvais et de nuisible. On crie au racisme alors même que c'est hors-propos.
[...]
(Pour continuer la comparaison avec le racisme, qui oserait se pointer à SOS racisme en balançant "Stop, les gars, vous abusez hein. L’apartheid c'est fini, vous exagérez." )
Merci pour ton message. Au passage, j'adore tes contributions.

Je veux juste préciser un peu ce que j'ai dit par rapport au racisme. J'ai lu le reste mais j'y répondrai plus tard. Je ne suis pas censée être sur Mad mais je reçois les notifs sur mon portable, c'est une torture.

Je comprends ce que tu veux dire. Quand je dis que l'on crie au racisme alors que c'est hors-propos, je dis par là que c'est presque devenu tabou de parler de couleurs de peau ou d'origines (dans une certaine mesure, parce que dire la Chinoise ou l'Algérien ne provoque pas le même sentiment que dire le Chypriote...). J'ai un peu de mal à m'expliquer mais en gros, par peur de passer pour un raciste, on prend des précautions qui pour moi n'ont pas de sens, qui sont assez démesurées.
Une fois, je me suis dirigée vers un groupe de personnes pour obtenir des renseignements avant de me rendre compte qu'ils parlaient arabe entre eux (il y a beaucoup d'étrangers dans ma fac). Lorsque j'ai dit "Non en fait, j'ose pas. Ils sont arabes et s'ils ne parlent pas français je vais me prendre un gros bide." Ca aurait pu être des Lituaniens ou des Coréens. C'est pas du tout de la xénophobie, plus de la timidité accrue avec la barrière de la langue. Mais dans le cas présent, c'était des Arabes. Et j'ai eu le malheur d'utiliser ce mot. Je me suis pris des "Chuuut ils peuvent t'entendre."

Au même titre que quand je décris un mec et qu'il est noir, je vais pas me faire chier à décrire sa coupe ou la forme de ses yeux quand je peux dire qu'il est noir. S'il avait eu des cheveux bleus, je l'aurais dit. Et de même, quand on parle de "la Chinoise là-bas" et qu'on me regarde et qu'on bredouille "Désolé, c'est pas contre toi", j'ai du mal à comprendre pourquoi on se sent obligé de s'excuser. Elle est chinoise, moi aussi. Et alors ?
En fait, il y a un décalage entre la perception que l'on a du racisme et celui que l'on a du sexisme (ou tout autre forme de discrimination dont on parle moins d'ailleurs).
On préfère dire "c'est un Black" pour ne pas pas froisser les gens. Personne ne se confondra en excuses en disant "c'est une femme", ça n'a pas de sens.
Personnellement, je ne ressens pas les attaques par rapport aux mots qu'on emploie mais au sens qu'on lui donne. Pourquoi a-t-il utilisé le mot "noir" ou, pour être plus dans le sujet, le mot "femme" ?
Je ne parlais pas des phrases qui sont dans "l'entre-deux" et qui peuvent se prêter à différentes interprétations parce que je suis consciente que chacun est sensibilisé à sa façon et de manière plus ou moins importante à une cause ou à une autre. ("Je suis une femme, je me fais désirer", moi je n'apprécie pas beaucoup cette phrase. Mais est-ce que cela traduit forcément une mentalité délibérément sexiste ? Je pense que ça peut, à la limite, se discuter.) Mais si je compare les deux, c'est que si on transposait toutes les remarques sexistes auxquelles on peut faire face dans une situation qui se rapporte plutôt au racisme, les réactions seraient complètement différentes.
Pour finir, je ne nie pas le fait qu'il y ait encore pas mal de personnes qui jugent inutile le combat contre le racisme parce qu'on est en France et qu'ici, ce n'est plus un problème blabla-conneries-blabla-conneries. Mais de façon générale, j'ai l'impression que le racisme est très mal perçu quand le sexisme, en revanche, est totalement incompris. Et pourtant, le mot sexisme en lui-même a été intégré comme quelque chose de mauvais. Si je dis aux personnes dont j'ai parlées dans mon précédent post qu'ils sont sexistes, ils essaieront sans doute de s'en défendre. Mais c'est ce qu'englobe ce terme qui est encore assez mal connu.
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