Je reviens par ici après trop de boulot à finir. J'ai lu vos débats sur le viol, et vous tombez pile, parce que ça me travaille beaucoup en ce moment. Et ya un truc pas cool qui m'est arrivé au travail et j'ai pas su réagir et je suis furieuse contre moi depuis (je devrais pas mais c'est comme ça). Je vais vous faire un message en deux points, du coup 
> Sur le viol.
J'ai lu cet article, d'un mec qui se rend compte maintenant qu'il a violé "par inadvertance", plusieurs fois, des filles à qui il tenait, avec qui il était en couple, etc, et qu'il ne veut plus jamais que ça arrive. Ça m'a pas mal fait réfléchir. Je trouve ça bien qu'on entende une parole masculine là dessus, qui soit une remise en question de l'éducation reçue par les garçons (et les filles, au final). C'est très perturbant, d'un autre côté, parce qu'au final, personne n'est vraiment "vierge" de culture du viol, on vit en plein dedans, tout le temps, et bien sûr ça nous affecte. A des degrés divers, mais ça nous affecte. Et du coup ça veut dire passer un sale quart d'heure avec soi même en se posant des questions et en donnant des réponses honnêtes sur son vécu. Bref, lisez, il parle de la communication verbale comme une solution pour être sûr du consentement de l'autre (scoop, je sais, mais finalement ça m'a fait du bien à lire).
Ça a fait écho à un truc qui m'a foutue hors de moi au lycée : je me suis incrustée dans une intervention faite par une meuf de la police nationale sur les drogues et la prévention. On me l'avait vendue comme "vraiment géniale". Bon, elle parle de l'alcool, et là, elle parle du viol (5 minutes, montre en main, 15 minutes sur les accidents de la route, normal). Bon, déjà, elle donne une définition et elle dit : "SOYONS CLAIRS, UN VIOL C'EST QUAND ON DIT NON ET QUE CA SE PASSE QUAND MEME". J'étais sur le cul. Je suis pas intervenue tout de suite, mais j'ai pris les élèves à part après et je leur ai dit "ATTENTION, JE SUIS PAS D'ACCORD AVEC LA DAME DE LA POLICE : UN VIOL C'EST QUAND ON NE DIT PAS OUI ET CE N'EST PAS PAREIL". Ils étaient tous d'accord, et ils avaient été choqués d'entendre dire ça (j'aime mes élèves). Cela dit, et ça paraît con, mais je n'avais jamais défini ça de façon aussi limpide. C'est quand on ne dit pas oui. Ben ouais. Bon, faut que ce soit un vrai oui, mais quand même.
Du coup, oui, le viol est fréquent, le viol est banal, mais, dans mon expérience personnelle, je trouve ça mieux de regarder les choses en face pour les changer plutôt que de ranger le viol dans l'exceptionnel, le rare, le truc qui n'arrive qu'aux autres et ne pas pouvoir avoir les "bons réflexes" mentaux pour me rendre compte de ce qui se passe. Je suis complètement d'accord avec la différence entre "pf mais il est relou à insister" et le "mais dis donc, il essaierait pas de me violer, en fait?". Tout le foin autour du statut de victime traumatisée fait qu'on n'a pas envie de s'y identifier, même si on a encore le droit d'être traumatisé.e, ou de ne pas l'être.
Je ne sais pas si je suis très claire, mais en fait, je prends une mesure différente du consentement, et de certaines de mes insécurités par rapport à ça. J'ai mis plusieurs années à me rendre compte que j'avais été violée, deux fois, voire plus en fait, parce que les situations que j'avais vécues ne collaient pas aux mythes, et parce que je m'auto slut shamait, d'une certaine façon.
Comme le viol est courant, il y a énormément de types de viols, au final, sans pour autant qu'ils soient hiérarchisables (pour moi, ce qui est important, c'est l'impact sur la personne : si la personne trouve que c'est grave, c'est grave, point, il n'y a pas à discuter.)
Du coup, j'aimerais être sûre de faire tout ce qu'il faut pour faire un gros doigt d'honneur à cette foutue culture du viol dans ma vie sexuelle, et ça veut dire repenser pas mal de choses dans la conception de la sexualité, dans la façon dont on perçoit le consentement, etc, pour qu'on se sente tous les deux en sécurité. Je ne sais plus qui disait que les lectures sur le sujet rendent paranos quand on est en couple : je dirais oui et non, finalement ça m'a mise très mal à l'aise pendant un temps, mais finalement on en parle pas mal, ça nous fait un peu flipper, mais nous ça nous rend conscients de choses qu'on ne voyait pas, et même si c'est inconfortable, ça permet au moins de trouver des solutions. Enfin, ça, c'est mon vécu pour l'instant.
> Sur mon truc pas cool du travail :
Au lycée où je bosse, il y a un prof d'art qui est chaud de la quéquette, c'est un truc qui se sait, il y a plein d'andecdotes qui font rire tout le monde (ou presque) sur "comment il a essayé de se faire telle ou telle proffe/ surveillante, comment il a coincé machine contre sa voiture, blabla".
Bon, fatalement, ses préférées, ce sont les petites jeunes, histoire de coller au cliché de l'mateur de chair fraîche. Je rentre dans cette catégorie. Il y a deux trois ans, je l'avais rembarré : il me parlait de trop près, me posait la main sur le bras en l'assurant que je ne le dérangeais jamais quand je venais chercher l'appel, et me regardait de haut en bas avec insistance. Je lui avait dit "arrêtez, vous me mettez mal à l'aise, vous êtes trop près". Depuis, plus aucun problème, je pensais être sortie de son radar. Et juste au moment où je relâche ma vigilance avec lui, bim!

> Sur le viol.
J'ai lu cet article, d'un mec qui se rend compte maintenant qu'il a violé "par inadvertance", plusieurs fois, des filles à qui il tenait, avec qui il était en couple, etc, et qu'il ne veut plus jamais que ça arrive. Ça m'a pas mal fait réfléchir. Je trouve ça bien qu'on entende une parole masculine là dessus, qui soit une remise en question de l'éducation reçue par les garçons (et les filles, au final). C'est très perturbant, d'un autre côté, parce qu'au final, personne n'est vraiment "vierge" de culture du viol, on vit en plein dedans, tout le temps, et bien sûr ça nous affecte. A des degrés divers, mais ça nous affecte. Et du coup ça veut dire passer un sale quart d'heure avec soi même en se posant des questions et en donnant des réponses honnêtes sur son vécu. Bref, lisez, il parle de la communication verbale comme une solution pour être sûr du consentement de l'autre (scoop, je sais, mais finalement ça m'a fait du bien à lire).
Ça a fait écho à un truc qui m'a foutue hors de moi au lycée : je me suis incrustée dans une intervention faite par une meuf de la police nationale sur les drogues et la prévention. On me l'avait vendue comme "vraiment géniale". Bon, elle parle de l'alcool, et là, elle parle du viol (5 minutes, montre en main, 15 minutes sur les accidents de la route, normal). Bon, déjà, elle donne une définition et elle dit : "SOYONS CLAIRS, UN VIOL C'EST QUAND ON DIT NON ET QUE CA SE PASSE QUAND MEME". J'étais sur le cul. Je suis pas intervenue tout de suite, mais j'ai pris les élèves à part après et je leur ai dit "ATTENTION, JE SUIS PAS D'ACCORD AVEC LA DAME DE LA POLICE : UN VIOL C'EST QUAND ON NE DIT PAS OUI ET CE N'EST PAS PAREIL". Ils étaient tous d'accord, et ils avaient été choqués d'entendre dire ça (j'aime mes élèves). Cela dit, et ça paraît con, mais je n'avais jamais défini ça de façon aussi limpide. C'est quand on ne dit pas oui. Ben ouais. Bon, faut que ce soit un vrai oui, mais quand même.
Du coup, oui, le viol est fréquent, le viol est banal, mais, dans mon expérience personnelle, je trouve ça mieux de regarder les choses en face pour les changer plutôt que de ranger le viol dans l'exceptionnel, le rare, le truc qui n'arrive qu'aux autres et ne pas pouvoir avoir les "bons réflexes" mentaux pour me rendre compte de ce qui se passe. Je suis complètement d'accord avec la différence entre "pf mais il est relou à insister" et le "mais dis donc, il essaierait pas de me violer, en fait?". Tout le foin autour du statut de victime traumatisée fait qu'on n'a pas envie de s'y identifier, même si on a encore le droit d'être traumatisé.e, ou de ne pas l'être.
Je ne sais pas si je suis très claire, mais en fait, je prends une mesure différente du consentement, et de certaines de mes insécurités par rapport à ça. J'ai mis plusieurs années à me rendre compte que j'avais été violée, deux fois, voire plus en fait, parce que les situations que j'avais vécues ne collaient pas aux mythes, et parce que je m'auto slut shamait, d'une certaine façon.
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Comme le viol est courant, il y a énormément de types de viols, au final, sans pour autant qu'ils soient hiérarchisables (pour moi, ce qui est important, c'est l'impact sur la personne : si la personne trouve que c'est grave, c'est grave, point, il n'y a pas à discuter.)
Du coup, j'aimerais être sûre de faire tout ce qu'il faut pour faire un gros doigt d'honneur à cette foutue culture du viol dans ma vie sexuelle, et ça veut dire repenser pas mal de choses dans la conception de la sexualité, dans la façon dont on perçoit le consentement, etc, pour qu'on se sente tous les deux en sécurité. Je ne sais plus qui disait que les lectures sur le sujet rendent paranos quand on est en couple : je dirais oui et non, finalement ça m'a mise très mal à l'aise pendant un temps, mais finalement on en parle pas mal, ça nous fait un peu flipper, mais nous ça nous rend conscients de choses qu'on ne voyait pas, et même si c'est inconfortable, ça permet au moins de trouver des solutions. Enfin, ça, c'est mon vécu pour l'instant.
> Sur mon truc pas cool du travail :
Au lycée où je bosse, il y a un prof d'art qui est chaud de la quéquette, c'est un truc qui se sait, il y a plein d'andecdotes qui font rire tout le monde (ou presque) sur "comment il a essayé de se faire telle ou telle proffe/ surveillante, comment il a coincé machine contre sa voiture, blabla".
Bon, fatalement, ses préférées, ce sont les petites jeunes, histoire de coller au cliché de l'mateur de chair fraîche. Je rentre dans cette catégorie. Il y a deux trois ans, je l'avais rembarré : il me parlait de trop près, me posait la main sur le bras en l'assurant que je ne le dérangeais jamais quand je venais chercher l'appel, et me regardait de haut en bas avec insistance. Je lui avait dit "arrêtez, vous me mettez mal à l'aise, vous êtes trop près". Depuis, plus aucun problème, je pensais être sortie de son radar. Et juste au moment où je relâche ma vigilance avec lui, bim!
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