@Gwen ap Fiàmh : bah... Non, c'est pas être au centre.
Encore une fois, ils peuvent participer mais en faisant attention à certains trucs, à commencer par ne pas monopoliser la parole (sachant que de nombreuses études prouvent que les hommes coupent facilement la parole aux femmes et ont, en général, lors des conversations, plus de temps de paroles qu'elles), ne pas leur expliquer leur problèmes ou comment mener leur lutte (mansplaining bonjour), ne pas nier ou minimiser leur vécu (que celle qui n'a jamais entendu un "tu exagères" en parlant de son expérience du sexisme à un homme cis se félicite, elle a que des types biens dans son entourage), ne pas ramener tout de suite la conversation sur les soucis des hommes ("oui, mais y a aussi des mecs violés", "mais comment on va faire pour draguer dans la rue ?", etc)... Bref en faisant attention, et que le point de vue d'une personne qui ne subit pas le problème mais qui a envie d'aider (définition d'allié quoi) peut être pertinent et apporter quelque chose.
Militer, c'est pareil. C'est super d'aller aux manifs par exemple, mais si un journaliste du JT se pointe, laisser gentiment une femme parler au lieu de prendre le micro, c'est mieux (parce que les médias préfèrerons aller poser des questions sérieuses aux hommes cis, la majeure partie des femmes qu'on voit aux infos, c'est pour des témoignages). Distribuer des tracts, c'est chouette. Eduquer les gens sur internet, quand on est tout seul face à un gros sexiste, c'est super aussi... Là encore : faire le boulot d'un
allié et donc d'une personne qui aide et soutien mais qui sait que ça n'est pas
sa lutte.
Pour ce qui est du débat "oui mais un mec qui est ouvrier face à une femme cadre" :
Alors déjà, rappel :
- Les femmes sont plus souvent concernées par des emplois mal payés/ peu valorisés/ à temps partiels/ précaires que les hommes.
- C'est plus difficile de trouver du travail en tant que femme qu'en tant qu'homme à CV égal (parce qu'on pense que tu vas t'occuper de tes enfants donc partir plus tôt, voir en faire et prendre des congés), et le salaire est souvent plus bas pour le même travail.
Et puis c'est un non-argument. Une oppression n'est pas annulée sous prétexte que l'autre en face souffre d'une autre oppression. Il est où l'intérêt de jouer à "qu'est-ce qui est pire, être une femme blanche/riche/hétéro/valide ou un homme noir/pauvre/gay/handicapé" ?
L'ouvrier il se fera pas pincer les fesses dans le métro, on le harcèlera pas dans la rue, il aura beaucoup moins de risques de se faire agresser sexuellement, violer ou encore battre à mort par la personne qui partage sa vie, personne ne le fera chier s'il a des poils sous les aisselles, on ne remettra pas en cause son droit à faire ce qu'il veut de son corps niveau reproduction, on le traitera pas comme de la merde s'il couche avec des femmes... Il aura d'autres problèmes, mais il sera pas concerné par ceux-là (en tant qu'homme cis il risque même plutôt de les poser, les problèmes), donc dans cette lutte là, il est pas au premier plan et son expérience comptera moins que celle d'une femme plus riche que lui, voir pas du tout en comparaison. S'il décide de militer pour la lutte anti-classisme, là par contre il est au centre oui, mais c'est pas la même oppression.
Edit : OK, checke tes privilèges est peut être violent, mais en même temps on fait quoi face à des personnes qui considèrent que la société est pas sexiste ? On leur dit "t'as raison, on change rien" ? Ou on est un peu violent un petit moment avec elleux pour arrêter de se bouffer le sexisme tout le temps ?
On ne milite pas sans violence, faut arrêter de croire qu'on obtient des trucs en étant gentils avec les dominants.