Je trouve aussi qu'on ne peut pas hiérarchiser la souffrance car quand on est dedans, eh bien on souffre, point. Que ce soit """justifié""" ou non, on souffre et cet état est bien là, douloureux. On ne peut pas le nier.
Mais ! Je suis toujours fascinée par la façon dont les gens autour de moi (j'habite dans la brousse à Madagascar, à côté d'une famille de gens considérés comme pauvres, qui vivent avec moins d'un euro par jour comme on dit) sont joyeux/heureux. Quand l'un tombe malade, ils n'ont pas les moyens de le soigner, ils "font avec" et pleurent si jamais ça tourne mal. Ils se partagent 200 gr de riz par jour à 8, avec un peu de légumes. Ils bossent la terre toute la journée, de 7h à 19h, quand ils ont besoin d'aller en ville, ils marchent pendant 3h à l'aller et 3h au retour, et ils disent que bon, la vie n'est pas facile.
Et l'autre jour, j'ai reçu un texto d'une copine qui me dit qu'elle va assez mal ces temps-ci. J'en suis vraiment désolée pour elle et je fais ce que je peux pour l'aider (ce qui n'est pas facile, de loin
) mais vraiment je compatis à son mal-être et j'espère de tout cœur qu'elle retrouvera sa joie de vivre. Et je pensais à elle, elle a une maison, un travail, des amis, une famille, de la nourriture à volonté, elle a """tout pour être heureuse""", et alors que je pensais à elle, je vois arriver ma voisine et une amie à elle portant 20 kg d'eau sur la tête, en train de rire aux éclats, je leur demande si ça va et elles répondent avec un big smile "ça va bieeen !!
".
Et dernièrement, je me tape des nausées toute la journée, du coup j'ai souvent tendance à passer la journée au lit sans trop bouger pour essayer de garder ce que je mange (glamour bonjour), alors qu'ici bah, quand t'es enceinte, oh bah tu bosses comme tout le monde hein ! Eh, si tu bosses pas tu bouffes pas, et puis c'est tout, c'est pas parce que t'es enceinte que le village va t'entretenir, toutes les femmes y sont passées et ont survécu, alors hein, fais un effort ! Et t'as intérêt à bosser jusqu'au bout, et puis le jour venu, tu marches jusqu'à la clinique, et si tu te loupes, bah t'accouches dans la brousse, y'aura bien une femme ou deux pour t'aider un peu (on n'est pas des bêtes !
).
Du coup je me sens souvent un peu "précieuse"
à me plaindre à la moindre douleur d'estomac...
), je me suis ennuyée car je ne connaissais personne, j'ai perdu des heures précieuses de boulot et vient la question fatidique à 22h : "je n'ai pas faim mais je ne me vois pas me coucher sans manger".
.
). Mais comme tu l'as dit, l'inverse existe aussi, donc effectivement, la problématique d'une opinion ne peut pas se baser sur sa popularité 
j'entends bien qu'on puisse utiliser cette formule pour essayer de relativiser, mais quand bien même. Parfois relativiser ce n'est pas ce dont on a besoin tout de suite.
