Je viens de passer deux semaines chez A. C'était très intense. Je me demandais comment ça serait nos retrouvailles après 3 mois sans se voir mais ça s'est fait très naturellement. J'ai adoré ce sejour chez lui - dormir avec lui, nos petits déjeuners gargantuesques, nos sorties, nos picnics improvisés, tout nos délires, pouvoir lui parler de tout. On a aussi passé quelques jours dans la campagne, j'ai rencontré son frère (qui m'aime bien selon A.), ses amis d'enfance. Il m'a aussi fait visiter le quartier où il a grandi. Je me sens heureuse et en sécurité avec lui. Il m'a dit qu'il m'aimait et je le lui ai aussi dit, pour la première fois de ma vie.
Mais ça reste compliqué. Ou plutôt la relation entre A. et J., sa copine depuis 5 ans est compliquée. Ça fait des mois qu'ils savent pas si le polyamour fragilise leur relation ou pas. A. m'a dit qu'il y a un an en arrière il voyait tout à fait J. comme la mère de ses enfants, maintenant un peu moins. Il a ressenti le besoin de beaucoup d'indépendance cette dernière année. Il m'a dit qu'il arrivait à envisager à ce qu'ils prennent la décision de rompre s'ils n'arrivent plus à faire évoluer leur relation mais qu'il ne voulait pas que ce soit parce qu'ils ont ouvert leur couple.
Je comprends tout ça. Mais je sais que l'incertitude qui pèse sur notre relation me fait du mal. J'ai besoin de savoir qu'on va se revoir (autrement que pour un hypothétique au revoir), j'aime vraiment notre relation comme elle est, partager des moments ensemble et se soutenir. Je pense qu'avec la distance c'est une bonne chose, on ne se retrouve pas à essayer de réfléchir sur comment diminuer la distance et interférer sur nos projets personnels. Mais j'arrive pas à vivre sereinement l'idée que notre relation est à tout moment menacée de s'arrêter - non pas parce qu'il y a plus de sentiments entre nous (ce qui est différent) mais à cause du fait que le polyamour ne convienne pas à A. et J. J'arrive pas à gérer cette insécurité et j'ai peur de la faire rejaillir sur ma relation avec A., lors des périodes a distance. J'ai déjà eu des moments difficiles en novembre-décembre, je me revois pas partir là-dedans. Depuis fin décembre j'y ai beaucoup réfléchi. Je me disais que je pouvais pas repartir de chez A. et me sentir à nouveau malheureuse, prendre le risque de foirer et notre relation et mes projets persos. Je me disais que je lui dirai qu'il faut qu'on arrête. On a parlé de tout ça la première fois vendredi passé. Ça a été dur. J'ai beaucoup pleuré, lui aussi. Il a essayé de m'expliquer le mieux possible ce que J. ressent. Cette peur qu'A la quitte pour moi alors qu'aucun de nous deux envisage cette configuration. Ou moins irationellement, qu'à force de côtoyer d'autres personnes et en deviennent trop proches qu'ils perdent le lien qui les uni et qui leur donne envie d'avoir des projets en communs. A. m'a dit qu'il pense aussi que J. est très inquiète de voir A. tomber amoureux d'une autre alors que jusqu'à ce qu'il me rencontre il avait plutôt des relations superficielles. (Alors que de son côté, elle voit la même personne depuis plus d'un an et en est très amoureuse).
Ça l'a rendu très triste quand j'ai dit à A. que j'envisageais une rupture. Il comprends ce que je ressens et que c'est pas correct de me faire vivre ça. Je me sentais aussi très triste mais aussi consciente que je dois prendre soin de moi.
On en a reparlé quelques jours plus tard. Je lui ai dit que peut-être que faire un mois de pause serait bien. J'ai envie de lui laisser le temps de voir où il en est dans sa vie, dans sa relation avec J., dans le concept du polyamour. Je sais que je prends beaucoup d'espace dans sa vie même avec la distance et que peut-être sans moi à aussi gérer ça lui permettra aussi de prendre du recul. On s'est mis d'accord là-dessus. A. m'a dit que je pouvais le contacter quand je voulais.
Je suis triste, j'ai un peu peur de tout ça - va-t-il se rendre compte qu'il est mueux sans mois? Va-t-il prendre la décision avec J. de tenter le tout pour le tout pour sauver leur couple et stopper le polyamour. J'en sais rien mais d'un côté je me sens plus calme et assurée. J'ai décidé de prendre aussi en compte ce que je ressens et c'est une petite victoire. Au fond j'ai envie qu'on soit tous heureux.
Est-ce que j'ai fait le bon choix? Je m'en veux aussi de pas être assez forte et de pas pouvoir faire avec l'insécurité...