Tout d'abord, je tiens à vous féliciter toutes ! Bravo ! Non seulement parce que c'est un topic fort intéressant mais aussi parce qu'à vous toutes, vous êtes parvenues à le rendre encore plus vivant et passionnant, et ce, sans le moindre accrochage mais toujours dans un très beau respect des points de vue. Et ça les filles, je peux vous dire que ce n'est pas courant sur les forums, surtout pour un tel sujet encore si tabou de nos jours qui soulève les coeurs et les émotions. Alors, je ne sais pas qui a eu l'initiative et la très bonne idée de lancer le sujet, mais merci à toutes car cela fait un bien fou de vous lire.
Fadette, te lire est comme lire ma propre vie et expérience actuelle, à la différence que je suis dans le polyamour que depuis récemment. Le hasard a voulu que l'amour frappe de nouveau à ma porte seulement quelques mois avant mon mariage. Je dis "le hasard" car bien que consciente de ma tendance à être tentée d'aimer ailleurs (après tout, il paraîtrait que cela fait partie intégrante de notre nature humaine), et ce, même en étant plutôt dans un fonctionnement monogame, je ne m'etais toutefois pas du tout préparée à ressentir un tel élan amoureux au moment où j'allais dire "oui" à mon officiel. Eh oui, comme toi, il y a encore 6 mois de cela je continuais à dire, comme pour peut-être inconsciemment calmer une certaine angoisse : "des foutaises ce polyamour, ça n'arrive qu'aux autres". Et pourtant... il ne faut jamais dire jamais...
Jusqu'à present, je n'ai fonctionné qu'en fidèle monogame : j'en aime un autre, je te quitte. Ce qui, comme très bien soulignée par vos témoignages, laisse parfois un goût tres amère d'inachevé, car oui, l'amour est un sentiment qui reste malgré tout fortement ancrée en nous et perdure ainsi pendant des années, voir pendant tout une vie. Mes ruptures passées, après de longues années en couple n'ont faites que confirmer cette théorie.
Le polyamour est une découverte magique certe mais difficile, parfois même très douloureuse car quelque peu irréelle dans un monde où sa place se fait (par la force des choses) plus que discrète. Mais c'est avant tout une magnifique aventure sur soi et sur la nature humaine en général, tant transformée et remodelée par ces normes de la société. Donc quelque part, accepter cette part de douleur lié au polyamour, c'est faire le choix de ce mode de vie que l'on accepte.
Comme toi Fadette, j'aimerais crier, vivre en plein jour mon 2e amour. Pouvoir en parler, partager mes joies, mes craintes, mes larmes avec ceux qui me sont proches : ma famille, mes parents, ma meilleure pote mais c'est juste impossible car les schémas de vie classiques ont la peau dure, tres dure ! À ce stade, s'en est presque une véritable carapace indestructible. La différence, car oui, c'est bel et bien le ressenti, l'étiquette que l'on porte lorsque l'on est polyamoureuse, peut jusqu'à nous éloigner de ceux qui en ont peur et à qui l'ont fait peur. Et c'est bien ce qui nous retiens d'en parler auprès de ceux qui nous sont chers : pour rien au monde on ne souhaite être écartée de la meute !
Ainsi, on decide de garder cela en nous, de vivre et apprivoiser au mieux cette étrange situation qui nous tombe dessus comme on tombe amoureuse. Une situation qui même si au final est choisie, était au depart totalement improvisée.
J'ignore si le polyamour a un avenir. Sans doute car les moeurs changent beaucoup et plus je me documente et etudie le sujet, plus cela me parait une réelle évidence, un nouvel avenir pour le couple.
Pour les curieuses, je ne peux que vous recommander les quelques temoignages et videos de Francoise Simpère et ses livres phares : "Aimer plusieurs hommes" et "Guide des amours plurielles". Ils aident beaucoup à comprendre mais surtout à dédramatiser le polyamour encore trop souvent confondu avec l'adultère et trop souvent assimilé au cliché des partouzes !
Mon 2e amour est lui aussi quelque peu perturbé de n'être que le second. Lui aussi rêve de véritable engagement et de projets. Pourtant, c'est un grand independant, quelque peu "célibataire endurcis", ce qui explique qu'il y trouve un certain confort dans cette relation dans laquelle je ne suis pas trop envahissante et de ce fait, le rend accroc (je te fuis, tu me suis). Mais nous partageons quelque chose de fort, de beau... de juste génial. Et pour rien au monde je ne souhaite renoncer à lui, à nous. Comme pour rien au monde je ne souhaite renoncer à l'homme de ma vie avec qui je suis bel et bien engagée aujourd'hui.
Mais je pense que le plus dure dans tout cela, c'est le manque de partage, l'impossibilité d'en parler, de "vider" un peu parfois ce trop plein de prise de tête, mélée à de la culpabilité, du bonheur, de la joie et oui, aussi de la jalousie lorsque la situation nous échappe, ou plutot, lorsque nos emotions nous échappent.
Bref, tellement, tellement de choses à dire. J'ai déjà bien trop parlé et monopolisé l'espace
Fadette, on ne se connait pas certe, mais sache que je serais ravie d'échanger et de t'épauler sur ce sujet... si bien sure tu le souhaite.
Désolée les filles, je parle vraiment trop, mais ca m'a fait du bien...
Merci !