Bonjour collègues et futures collègues,
Je sors de mon trou et viens à vous pour vous prévenir, si vous ne l'êtes pas déjà, que
samedi 10 octobre à Paris, 13h30 station rer Port-Royal, il y a une manifestation pour protester contre la réforme qui vient. Les médias se taisent sur cette réforme (ou alors ils font de l'intox), beaucoup de collègues et de chefs d'établissements en ignorent les tenants et aboutissements, mais ce qui est sûr c'est que :
- En 2016, un collégien aura 200 à 400 heures de cours disciplinaires en moins durant sa scolarité par rapport aux collégiens actuels, soit l'équivalent d'un trimestre (environ 300 heures). Les matières perdant des heures seront le français, les mathématiques, la physique-chimie et la technologie.
- Les horaires de français en 6e passeront de 5h-6h actuellement... à 3h30-4h30 (ce n'est pas comme si un quart des élèves n'arrivait pas au collège avec des difficultés proches de l'illétrisme...)
- Aux heures de cours disciplinaires qu'il reste, il faudra, en 5e-4e-3e, retrancher trois heures par semaine d'E.P.I, des modules interdisciplinaires (mais à faire chacun de son côté dans sa classe). Le problème, c'est que l'interdisciplinarité ne comble pas les bases lacunaires des élèves (alors imaginez si on supprime en plus des heures d'enseignements fondamentaux), et profite surtout à ceux qui ont déjà des savoirs basiques solides, sans compter que la mise en place des emplois du temps promet un casse-tête abominable (notre adjoint est déjà déprimé à l'idée de la future rentrée). Pour certaines matières, cela deviendra absurde, comme en SVT ou Physique, qui pour participer aux modules devront donner une heure, ce qui réduira le cours disciplinaire... à 1/2 heure par semaine !!
- A cela il faudra encore retrancher une heure d'accompagnement personnalisé (quelle matière se dévouera pour sacrifier encore une heure?). Le scandale est qu'avant, les heures d'AP étaient proposées en plus des heures de cours. Ah et autre scandale, cette heure "personnalisée" est prévue... en classe entière. Lol.
- L'accompagnement éducatif sera supprimé dans 85% des collèges.
- L'allemand, les langues anciennes, les langues régionales et autres langues à petits effectifs d'élèves vont disparaître suite à une suppression des moyens pour leur mise en place.
- Les sections bilangues et européennes vont disparaître elles aussi.
- La SEGPA 6e est voué à s'éteindre itou.
- L'autonomie des collèges sera renforcée. Cela rend bien sur le papier, mais concrètement ça peut donner un pouvoir dangereux aux chefs d'établissement, et surtout, les inégalités de moyens entre chaque établissement entraîneront une concurrence délétère (déjà qu'actuellement les inégalités sont intolérables...).
- A cette réforme s'ajoute une refonte des programmes sur tous les niveaux, dans toutes les matières, à mettre en place d'un coup (en faisant fi de toute cohérence de progression pour les élèves qui sont en milieu de scolarité). Cela serait un moindre mal, si ces programmes n'étaient pas extrêmement lourds (Histoire-Géo), impossibles à mettre en place (SVT-Physique), ou vides de toute pertinence (Français).
Et je m'abstiendrais de parler du nouveau format du brevet et du livret scolaire, je finirais par être grossière (ce n'est pas que je suis contre une réforme, mais là c'est du bel enfumage qu'on nous propose).
Pour vérifier et approfondir mes propos, je vous conseille ces liens :
Les conséquences de la réforme : on s'éreintera à travailler toujours plus (réunions et formations en pagaille à prévoir), au détriment de notre fonction première : transmettre des savoirs et former des citoyens. De plus, ces mesures risquent fortement d'
accentuer les inégalités sociales, et de faire baisser la maîtrise des savoirs fondamentaux d'une manière générale (déjà que notre système est loin d'être parfait à l'heure actuelle).
Cette réforme ne s'arrêtera pas au collège : mardi, un rapport de la Cour de Comptes laissait présager de pareils remaniements pour le lycée... le premier degré et le supérieur suivront aussi.
Autour de moi, beaucoup de collègues sont effondrés, mais on a décidé de ne pas se laisser faire. Il faut chercher le soutien des parents, de l'opinion publique. Avec un collègue on fait des tournées dans d'autres établissements pour informer et motiver les troupes. On se démène pour faire passer le message dans notre entourage.
Il me semble qu'il est plus que temps qu'on arrête de laisser notre métier se dégrader, qu'on refuse les dispositifs impossibles à mettre en place concrètement (et imposés par des gens qui ne connaissent rien à notre métier), ne serait-ce que pour le bien de nos élèves.
Personnellement, je suis au début de ma carrière, au début de ma vie : je veux que durant les 40 prochaines années, mon travail ait du sens et puisse être bien accompli, dans de bonnes conditions. Je veux que mes éventuels enfants aient accès à une école publique de qualité et gratuite.
Merci de m'avoir lu, bon courage à celles qui sont encore dans les master et stages : ce sont les moments les plus difficiles, mais croyez-moi, vous en verrez le bout, et une fois titularisées ce sera le jour et la nuit, vous gérerez d'une main de maître(sse)
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