Comment faites-vous pour gérer le temps de préparation de vos cours ?
Je suis en collège, pas en primaire, donc c'est assez différent je suppose au niveau de l'organisation - j'ai bossé l'an dernier en primaire et je trouvais que ça prenait beaucoup plus de temps qu'au collège.
Mon année de stage a également été assez horrible, je pense que c'est le cas pour tout le monde. On est stressé par la titularisation, on a quelqu'un qui nous observe et qui juge ce qu'on fait, on ne sait pas encore vraiment construire un cours. En plus pour ma part j'avais peur d'être trop fatiguée si je sortais en semaine et de soudain perdre le contrôle d'une classe ce qui fait que je me privais pas mal. Ensuite tout va plus vite, on sait mieux où on va quand on construit un cours, on sait où chercher quand il nous manque des choses et on sait aussi que finalement une petite gueule de bois ou un manque de sommeil parce qu'on a décidé de sortir ou de faire un truc jusqu'à tard la veille n'empêcheront pas de faire cours et ne pousseront pas les élèves à être particulièrement relous vu qu'ils ne s'en rendront pas compte (et au pire s'ils sont relous c'est pas bien grave, on punit et on passe à autre chose). Et puis franchement peu importe, on est faillible, ce n'est qu'un boulot, même si on foire complètement un truc ça changera pas grand chose sur le long terme. Quand j'étais néo-tit j'arrivais clairement à trouver bien plus de temps pour moi que lorsque j'étais stagiaire !
Et du coup je rejoins vraiment ce qu'a écrit
@LadyEdith : c'est important d'arriver à lâcher prise, à prendre du temps pour soi. Pour ma part c'est vraiment venu en prenant un peu de recul : si un cours n'est pas parfait c'est pas bien grave, si j'accorde moins de temps que prévu à préparer un truc ça n'a pas d'importance, si j'ai pas lu une des lectures cursives de mes élèves en entier ils ne s'en rendront de toute façon pas compte... J'adore mon métier mais ce n'est qu'un métier, j'ai eu la chance de le choisir et de l'apprécier mais je le fais parce qu'il faut bien travailler donc il est hors de question qu'il me fasse passer à côté d'autres trucs
Il y a des choses que j'accepte de faire, comme me taper trois heures de transports par jour ou passer un samedi entier à corriger des copies, mais refuser d'aller boire un verre pour être sûre que mes séances seront parfaites c'est non.
Lorsque j'étais stagiaire j'avais l'impression de risquer mon boulot à chaque séance, je ne me sentais pas à ma place, et cette angoisse faisait que je ne pensais qu'au travail. En devenant titulaire je suis devenue TZR et ça aurait pu continuer comme ça, on n'est pas toujours vus comme les postes fixes, on remplace parfois des personnes qui estiment qu'elles peuvent être directives avec nous voire avoir un avis sur nos cours, tout ça. Il m'a fallu un moment pour comprendre que je suis prof, que je n'ai rien à prouver et que je n'ai pas à m'imposer de faire toujours passer le boulot avant tout. En plus je trouve que parmi les collègues certains ont tendance à en faire des tonnes et à valoriser à bloc le fait de passer sa vie à bosser ce qui me rendait assez anxieuse la première année. Il y aura toujours des profs pour affirmer que même au bout de vingt ans ils travaillent tous les soirs jusqu'à minuit, qu'ils rendent tous les contrôles deux jours après, qu'ils ne font jamais la même séance dans deux classes ou deux années de suite et que tout ce qu'ils font ils le créent sans jamais reprendre une trame ou un truc de manuel (je ne dis pas qu'il faut travailler jusqu'à minuit pour faire ça mais ça va souvent ensemble chez les profs qui s'en vantent) et qu'ils n'ont jamais pris un arrêt maladie en vingt ans même quand ils avaient 40 de fièvre, bah tant mieux pour eux mais ce sera sans moi
Du coup, pour arrêter de raconter ma vie et passer à l'idée générale... Je gère mon temps de préparation en me facilitant la vie au maximum. Je partage beaucoup de ressources avec des collègues, je pique des trucs à droite à gauche, si une séance de manuel est bien faite et me semble pertinente je la reprends à peu près à l'identique, quand j'ai deux ou trois classes du même niveau je ne m'embête pas à faire des séquences différentes et si j'ai passé pas mal de temps sur une séance et qu'elle ne me convient toujours pas j'apprends à me dire que tant pis ça fera l'affaire sans culpabiliser. Je bosse moins mais j'ai l'impression que je bosse mieux et, surtout, j'arrive en classe plus reposée, plus confiante et avec des choses en plus à apporter à mes élèves parce que j'ai pris le temps d'aller au ciné, de voir l'expo qui me tentait ou autre.
Et puis je suis quand même convaincue que quand on débute, sauf si on chope un poste fixe tout de suite (et même là on n'a pas les dix ans d'expérience et de cours des autres), on a quand même droit à des conditions pourries et personne ne peut sérieusement s'attendre à ce qu'on puisse faire des cours parfaits alors qu'on est envoyé n'importe où au dernier moment, qu'on se tape toutes les classes dont personne ne veut ou qu'on change de salle cinq fois par jour. Cela ne me gêne pas en soi mais j'estime que je ne suis pas payée assez ni mise dans d'assez bonnes conditions pour avoir envie de consacrer toutes mes soirées et mon week-end à bosser. Les changements, le fait d'assurer des mi ou quart-temps, s'insérer dans la progression d'un autre prof alors qu'on n'a jamais eu cette classe avant, s'adapter au fonctionnement de chaque établissement, les soucis de matériel, ça nous bouffe aussi énormément de temps et ça compte pour moi dans les temps de préparation. C'est le jeu quand on débute mais je pense que si en plus du temps que ça nous prend on s'impose de préparer des cours parfaits et on met la barre trop haut on finit l'année sur les rotules pour pas grand chose.
Il faut parfois que je me fasse violence, parce que j'aime beaucoup ce que je fais et que quand je passe des heures à bosser je ne les vois pas toujours passer, mais j'essaye autant que possible de ne plus ouvrir mes cours après 19h et de vraiment me limiter à quelques heures le week-end. Après je prends quelques jours pour préparer un tas de séances à l'avance lors des périodes de petites vacances et je n'y touche plus jusqu'au moment d'imprimer et de photocopier, ça me permet en période scolaire, quand je n'ai pas de copies, de poser mon sac le vendredi soir et de ne plus y toucher jusqu'au lundi matin (ça a l'air logique dit comme ça mais j'ai pas mal de collègues qui le font puis qui reprennent et modifient tout une dernière fois avant la séance). Avec le temps c'est vrai que préparer un truc va aussi bien plus vite donc ça aide pas mal. Et durant mon année de stage, quand j'en ai eu marre d'avoir l'impression de ne faire que bosser, je me suis fait un emploi du temps que je respectais autant que possible. Cela me permettait de visualiser combien d'heures j'avais bossé dans la semaine et de m'arrêter sans culpabiliser. Je n'en ai plus besoin maintenant (parce que je sais m'arrêter sans culpabiliser) mais ça peut aider au début de se rendre compte qu'entre les heures en classe et les temps de préparation on a bossé tant d'heures dans la semaine et que bon, là, stop
Ce post est très long mais ce sont des choses auxquelles je réfléchis beaucoup en ce moment avec la rentrée qui approche, du coup l'écrire m'a permis de les poser un peu plus clairement et de savoir ce que je veux absolument éviter cette année