Je savais pas trop où raconter ça, je suis encore sous le choc.
Ce matin, je vais en cours à Paris. Je prends donc le RER jusqu'à Charles de Gaulle Etoile, puis je me dirige vers le quai du métro. Un peu avant d'arriver, j'entendais des cris, et des "TA GUEULE" extrêmement haineux. Mais j'avais mon iPod, et surtout, c'est monnaie courante à Paris. Y'a souvent des engueulades, c'est comme ça.
J'arrive sur le quai du métro, je vois qu'il y a un peu de monde sur la droite, que ça gueule pas mal, mais je fais pas forcément attention. Je me dirige donc sur la gauche et j'attends le métro qui ne vient pas.
Puis je vois des gens sur le quai d'en face crier, faire de grands gestes, dire "ARRETEZ PUTAIN". Je tourne donc la tête sur la droite.
Et là je vois un mec, la vingtaine, style jeune de banlieue. Il émanait de lui une agressivité et une violence que je n'avais jamais vues auparavant. Ni dans la vraie vie, ni dans des films. Il était en train de hurler sur quelqu'un, je ne savais pas qui. Je n'arrivais pas à voir après qui il en avait.
Il y avait, autour de lui, cinq mecs dans le même style, sûrement ses copains, qui eux se taisaient mais l'encadraient. Et encore autour, des gens qui tentaient de calmer le jeu.
Le principal mec s'est avancé vers un autre homme. Celui ci était petit, la trentaine, il était en chemise et avait sa mallette à la main. Il l'a pris par le cou et l'a bloqué contre le mur, en lui disant qu'il allait le tuer, qu'il allait le jeter sous le prochain métro.
J'ai croisé le regard de cette homme, (enfin son oeil gauche). Et là, j'ai vu la pire expression de toute ma vie. Un mélange de terreur pure et de résignation. Comme s'il s'attendait à mourir.
L'agresseur a retiré son manteau et l'a frappé, je suppose, mais pas plus d'une fois.
Les gens avaient déjà appelé des secours et ça devait durer depuis un bon moment déjà puisque le conducteur du métro qui est arrivé était au courant. En effet, il est arrivé à une allure extrêmement lente et a stoppé le métro avant même d'être à la hauteur de l'agression. Sûrement pour éviter un drame.
Le mec a continué à violenter le jeune homme. Je n'avais jamais, jamais, jamais vu autant de violence de toute ma vie. J'étais paralysée. L'homme agressé était pétrifié, terrorisé.
Plusieurs fois, des personnes autour ont tenté de sauter sur l'agresseur pour l'arrêter. Ses copains ont distribué des coups de poings très violents pour les tenir à distance.
Enfin, des agents RATP sont arrivés en courant. Les 6 mecs sont partis. Et là j'ai enfin pu voir entièrement le visage de l'homme agressé. Il avait le visage en sang. Un oeil complètement tuméfié. L'autre à moitié. Il lui manquait des dents. Le sang coulait sur son visage, sur sa chemise blanche. Et il avait l'expression d'une personne dont on venait d'anéantir la vie. Il pleurait, et semblait complètement vide à la fois. Les agents lui ont dit que les secours allaient arriver, et lui ont demandé ce qu'il s'était passé. Il a répondu : "Je... je ne sais pas. J'ai été agressé. Sans raison. Je ne les avais jamais vus avant".
Les agents ont demandé aux personnes qui avaient vu toute la scène de rester pour témoigner. Ce n'était pas mon cas, et je ne voulais pas faire ma fouine. Je suis donc montée dans le métro.
Je ne réalisais pas ce qu'il venait de se passer. Je tremblais comme une dingue. Je suis arrivée à l'école, j'en ai parlé à mes potes, mais j'étais complètement anéantie. J'avais besoin d'extérioriser ça.
En cours, j'ai été incapable de me concentrer. J'ai eu le visage de cet homme imprimé dans mon esprit pendant toute la journée. Et son expression mi terrorisée, mi résignée à mourir.
J'ai fondu en larmes à la pause déjeuner. J'étais encore sous le choc. Je n'en revenais pas, je n'arrivais pas à réaliser la violence de ce qu'il s'était passé le matin même. Je n'arrivais pas à ingérer que cet homme là avait été sur le point de mourir pour rien.
Je suis très empathique, je me mets tout le temps à la place des gens. Que ce soit dans les films ou dans le réel.
J'ai pensé à cet homme toute la journée. Je me suis dit qu'il s'était levé et était parti au travail, comme tous les jours. Qu'il était sûrement content parce que ce soir c'était le week end. Parce que c'était bientôt Noël, qu'il allait probablement passer du temps avec sa famille et/ou ses amis.
Et sans aucune raison, gratuitement, sa vie a été brisée. Il sera sûrement défiguré (même légèrement), et les séquelles psychologiques seront énormes. Il n'osera sûrement plus emprunter le chemin du boulot, de peur de les recroiser. Il aura peur toute sa vie. Il ne sera jamais tranquille. Il aura en tête, dans sa mémoire, ce moment où il a été humilié, frappé, brisé. Il pensera que si le métro était arrivé trente secondes plus tôt, il serait mort. Pour rien. Peut-être juste pour un regard.
Je suis rentrée chez moi ce soir, et j'ai vomi. J'ai la haine, j'ai peur, je ne veux pas avoir à assister à ça de nouveau dans ma vie. Je rectifie : je ne veux plus que ça arrive, jamais. A qui que ce soit. Je culpabilise d'être aussi mal alors que je pense à cet homme qui doit être au fond du trou à cette heure ci. Mais je pense à lui, et je pense à mes amis, à ma famille. Je me dis que s'il arrivait la même chose à une personne que j'aime, je ne m'en remettrai jamais.
J'ai la haine contre l'humanité et ce qu'elle est devenue. La vie humaine n'a plus aucune valeur maintenant.
Putain, en l'écrivant j'ai pleuré comme une dingue. Je sais même pas si je vais réussir à dormir ce soir.
Ce matin, je vais en cours à Paris. Je prends donc le RER jusqu'à Charles de Gaulle Etoile, puis je me dirige vers le quai du métro. Un peu avant d'arriver, j'entendais des cris, et des "TA GUEULE" extrêmement haineux. Mais j'avais mon iPod, et surtout, c'est monnaie courante à Paris. Y'a souvent des engueulades, c'est comme ça.
J'arrive sur le quai du métro, je vois qu'il y a un peu de monde sur la droite, que ça gueule pas mal, mais je fais pas forcément attention. Je me dirige donc sur la gauche et j'attends le métro qui ne vient pas.
Puis je vois des gens sur le quai d'en face crier, faire de grands gestes, dire "ARRETEZ PUTAIN". Je tourne donc la tête sur la droite.
Et là je vois un mec, la vingtaine, style jeune de banlieue. Il émanait de lui une agressivité et une violence que je n'avais jamais vues auparavant. Ni dans la vraie vie, ni dans des films. Il était en train de hurler sur quelqu'un, je ne savais pas qui. Je n'arrivais pas à voir après qui il en avait.
Il y avait, autour de lui, cinq mecs dans le même style, sûrement ses copains, qui eux se taisaient mais l'encadraient. Et encore autour, des gens qui tentaient de calmer le jeu.
Le principal mec s'est avancé vers un autre homme. Celui ci était petit, la trentaine, il était en chemise et avait sa mallette à la main. Il l'a pris par le cou et l'a bloqué contre le mur, en lui disant qu'il allait le tuer, qu'il allait le jeter sous le prochain métro.
J'ai croisé le regard de cette homme, (enfin son oeil gauche). Et là, j'ai vu la pire expression de toute ma vie. Un mélange de terreur pure et de résignation. Comme s'il s'attendait à mourir.
L'agresseur a retiré son manteau et l'a frappé, je suppose, mais pas plus d'une fois.
Les gens avaient déjà appelé des secours et ça devait durer depuis un bon moment déjà puisque le conducteur du métro qui est arrivé était au courant. En effet, il est arrivé à une allure extrêmement lente et a stoppé le métro avant même d'être à la hauteur de l'agression. Sûrement pour éviter un drame.
Le mec a continué à violenter le jeune homme. Je n'avais jamais, jamais, jamais vu autant de violence de toute ma vie. J'étais paralysée. L'homme agressé était pétrifié, terrorisé.
Plusieurs fois, des personnes autour ont tenté de sauter sur l'agresseur pour l'arrêter. Ses copains ont distribué des coups de poings très violents pour les tenir à distance.
Enfin, des agents RATP sont arrivés en courant. Les 6 mecs sont partis. Et là j'ai enfin pu voir entièrement le visage de l'homme agressé. Il avait le visage en sang. Un oeil complètement tuméfié. L'autre à moitié. Il lui manquait des dents. Le sang coulait sur son visage, sur sa chemise blanche. Et il avait l'expression d'une personne dont on venait d'anéantir la vie. Il pleurait, et semblait complètement vide à la fois. Les agents lui ont dit que les secours allaient arriver, et lui ont demandé ce qu'il s'était passé. Il a répondu : "Je... je ne sais pas. J'ai été agressé. Sans raison. Je ne les avais jamais vus avant".
Les agents ont demandé aux personnes qui avaient vu toute la scène de rester pour témoigner. Ce n'était pas mon cas, et je ne voulais pas faire ma fouine. Je suis donc montée dans le métro.
Je ne réalisais pas ce qu'il venait de se passer. Je tremblais comme une dingue. Je suis arrivée à l'école, j'en ai parlé à mes potes, mais j'étais complètement anéantie. J'avais besoin d'extérioriser ça.
En cours, j'ai été incapable de me concentrer. J'ai eu le visage de cet homme imprimé dans mon esprit pendant toute la journée. Et son expression mi terrorisée, mi résignée à mourir.
J'ai fondu en larmes à la pause déjeuner. J'étais encore sous le choc. Je n'en revenais pas, je n'arrivais pas à réaliser la violence de ce qu'il s'était passé le matin même. Je n'arrivais pas à ingérer que cet homme là avait été sur le point de mourir pour rien.
Je suis très empathique, je me mets tout le temps à la place des gens. Que ce soit dans les films ou dans le réel.
J'ai pensé à cet homme toute la journée. Je me suis dit qu'il s'était levé et était parti au travail, comme tous les jours. Qu'il était sûrement content parce que ce soir c'était le week end. Parce que c'était bientôt Noël, qu'il allait probablement passer du temps avec sa famille et/ou ses amis.
Et sans aucune raison, gratuitement, sa vie a été brisée. Il sera sûrement défiguré (même légèrement), et les séquelles psychologiques seront énormes. Il n'osera sûrement plus emprunter le chemin du boulot, de peur de les recroiser. Il aura peur toute sa vie. Il ne sera jamais tranquille. Il aura en tête, dans sa mémoire, ce moment où il a été humilié, frappé, brisé. Il pensera que si le métro était arrivé trente secondes plus tôt, il serait mort. Pour rien. Peut-être juste pour un regard.
Je suis rentrée chez moi ce soir, et j'ai vomi. J'ai la haine, j'ai peur, je ne veux pas avoir à assister à ça de nouveau dans ma vie. Je rectifie : je ne veux plus que ça arrive, jamais. A qui que ce soit. Je culpabilise d'être aussi mal alors que je pense à cet homme qui doit être au fond du trou à cette heure ci. Mais je pense à lui, et je pense à mes amis, à ma famille. Je me dis que s'il arrivait la même chose à une personne que j'aime, je ne m'en remettrai jamais.
J'ai la haine contre l'humanité et ce qu'elle est devenue. La vie humaine n'a plus aucune valeur maintenant.
Putain, en l'écrivant j'ai pleuré comme une dingue. Je sais même pas si je vais réussir à dormir ce soir.