Veille permanente Parentalité et Société

16 Juin 2014
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Pour rester dans l'Histoire, voici un blog passionnant et souvent drôle: Raconte moi l'Histoire qui aborde, entre autres, le thème de la parentalité (enfin plutôt de la maternité du coup) à travers les siècles dans plusieurs billets. Trigger Warning: le ton peut être incisif et la plupart des histoires listées ci-dessous évoquent les décès infantiles et/ou les chirurgies à l'ancienne:

- L'allaitement obligatoire, et ta mère?
- Grossesse et accouchement dans la Rome Antique
- Grossesse et accouchement en Egypte Antique
- La grossesse au Moyen-Age
- Etre mère au Moyen-Age , l'éducation, la vie et la mort de l'enfant
- L'accouchement durant l'Ancien Régime (tw histoire particulièrement trash concernant des décès infantiles et in utéro)
 
16 Juin 2014
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Suite à un weekend familial et bruyant, je me retrouve confrontée à cette question:

Si le postulat de Jung est le bon, et que l'introverti épuise son énergie dans les relations sociales et se recharge dans le silence et la solitude (au contraire de l'extraverti pour qui tout est inversé), est-il possible d'être à la fois introverti ET parent?

Vous avez trois heures :lunette: :taquin:
 
16 Juin 2014
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@LiGie

:d Mais du coup je serai curieuse de savoir comment on concilie les deux, en particulier au moment où l'on passe du bébé à l'enfant et que l'on entre dans une phase plus éducative.

A vrai dire j'ai beaucoup de mal à organiser ma pensée et j'ai un milliard de questions qui me passent par la tête. :ko:
J'ai souvent lu que les chiens ne faisaient pas des chats et qu'un enfant imitait ses parents. J'en étais donc venue à la conclusion qu'un enfant né de parents calmes le serait automatiquement et qu'un enfant né de parents bruyants le serait également. Est-ce que cela signifie que l'éducation reçue à un impact sur la personnalité? Où se trouve la limite entre l'acquis et l'inné?

Et si ce n'est pas le cas, et que la nature de l'enfant diffère de celle du parent: est-ce possible de concilier les besoins de chacun? Est-ce correct de tenter d'influer la nature de son enfant par l'éducation? Si le parent a un besoin vital de calme et que l'enfant est par nature bruyant, est-ce correct de chercher à lui apprendre d'autres moyens de communication?

La conciliation des besoins me semble importante, au sein de la famille dans un premier temps mais également plus tard au sein de la société, car je vois cela comme la base du respect. Mais je ne sais pas bien dans quelle mesure il est possible d'y parvenir...
 
16 Juin 2014
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Il y a quelques jours j'ai surpris une conversations de quinquagénaires qui se targuaient d'avoir de grandes descendances et qui ont conclu en disant: "Ne pas avoir d'enfant est égoïste". On notera au passage la confusion entre "avoir" et vouloir". Je me suis permis d'intervenir pour y opposer quelques arguments et on m'a répondu qu'avoir des enfants est synonyme de partage. La conversation à malheureusement dû s’arrêter là, mais je la trouve intéressante car elle interroge les origines du désir et du non-désir d'enfant.

Personnellement, je suis convaincue que ce désir ou cette absence de désir ne peut s'expliquer par des arguments factuels. Pour faire une comparaison simple: on ne devient pas femme parce-qu'on aime porter des robes, tout comme on ne devient pas child-free parce-qu’on se soucie de l'état de la planète ou comme on ne devient pas pro-child parce-qu’on a envie de partager quelque-chose. Les choses sont plus complexes que ça et ne peuvent s'expliquer par des arguments raisonnés. On est, on se sent.
Pour autant je trouve tout de même intéressant de s'interroger à titre personnel sur les origines de cette sensation, ne serait-ce que pour s'assurer de sa justesse, du fait que nous ne sommes pas victimes des injonctions sociétales et que nous n'allons pas pâtir de ses conséquences.

Mon désir ou mon absence de désir est-il réel ou influencé par une pression? (qu'il se soit construit en adéquation ou en opposition avec celle-ci) Je crois que c'est toi @Lilliy qui avait lancé le sujet ici, et j'ai vu que la question était également abordée sous l'article Pourquoi ne pas vouloir d'enfants. "Au jeu du désir, les dés sont pipés et les cartes truquées" disait Dolto.

Dans son livre Épanouie avec ou sans enfant, (passionnant - un bémol tout de même, il s'adresse exclusivement aux femmes et se limite à la culture occidentale) Isabelle Tilmant (psychothérapeute clinicienne) tente de lister les origines possibles du désir d'enfant. Elle parle de différentes strates: "le désir comporte toujours plusieurs niveaux qui s'enchevêtrent, parfois dans un tel assemblage que cela en devient déconcertant. On y retrouve l'aspect pulsionnel, mais également l'aspect social qui en structure la concrétisation" et revient sur le fait que le désir d'enfant est une notion récente (avant l'arrivée de la contraception, la préoccupation était de limiter les naissances). L'usage de la contraception oblige la plupart des couples à prendre une décision. "A partir de là prend place l'aspect souterrain du désir d'enfant. Sa face visible en est la question "est-ce le bon moment?" [...] La femme, plus ou moins consciemment est confrontée à cette interrogation: "pourquoi est-ce que je désir un enfant?"".
Eléments de réponse:

- L'inconscient collectif visant à la reproduction de l'espèce. "Il existe probablement une sorte d'instinct biologique logé dans un inconscient collectif visant à la reproduction de l'espèce". Cela expliquerait le fort taux de natalité rencontré de tous temps chez les peuples en guerre.
- Les messages éducationnels qui se transforment en injonction et s'inscrivent consciemment ou non dans un programme à réaliser: "toi aussi quand tu seras grand.e tu auras un bébé."
- Le désir d'appartenance:
- à la société: "Devenir parents, c'est aussi faire comme ceux qui nous ont précédés, c'est respecter des idéaux familiaux, culturels, sociaux, voir même religieux". Brigitte Dohmen dans Le désir d'enfant. Perpétuer la société serait aussi une manière de combattre la peur collective de mourir, d’où les scènes d'allégresse à l'annonce d'une grossesse ou d'une naissance.
- à sa famille: être considéré.e par ses parents, grands-parents, frères et sœurs ayant des enfants comme faisant partir des leurs. Dans certaines familles, le statut de femme n'existe pas, seul le statut de mère permet d'être vue comme une adulte aux yeux des autres.​
- Le désir de toute puissance: le rôle parental permettrait d'obtenir un pouvoir et/ou une identité.
- Le désir narcissique: obtenir la fierté de se perpétuer à travers son enfant et/ou l'enfant comme outil de réparation. On parle "d'effet-miroir".
- Le désir fusionnel: motif conscient ou inconscient prépondérant - le désir d'enfant sous-tends le désir d'être aimé.e inconditionnellement.
- Le désir de donner de l'amour: si recevoir est agréable, donner est gratifiant. Il peut s'agir aussi d'un moyen de cicatriser un sentiment d'abandon.
- Le désir de continuer sa propre enfance: on s'imagine parent à travers notre vécu, notamment à travers le plaisir pris étant enfant (c'est ce qui s'exprime à travers le plaisir ressenti par les (futurs) parents lorsqu'ils choisissent le papier peint ou les jouets des (futurs) rejetons.

Elle évoque également les peurs pouvant accompagner le désir ou pouvant être à l’origine d'un non-désir, et il y a également des chapitres sur les child-less, les child-free, la difficulté d'être mère et la fécondité psychique, mais mon message est déjà bien trop long. :d La suite peut-être au prochaine épisode.
 
16 Juin 2014
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@Shadowsofthenight
Je me suis posée la question également sur leurs motivations en entendant les quinquagénaires dont je parlais plus haut. Dans leur discours, avoir beaucoup d'enfants et de petits-enfants était clairement présenté comme une fierté. C'est quelque-chose que j'ai souvent perçu dans mon entourage proche, et si à la limite je peux comprendre la fierté des parents (même si c'est vieux comme le monde, créer un individu doté de conscience à quelque-chose de fou), je ne comprenais pas la fierté des grands-parents (puisque la naissance de leurs petits-enfants ne découlent pas de leur choix à eux).

Je crois en y réfléchissant, qu'ils s'attribuent la "paternité" de leurs petits-enfants, dans le sens où: c'est ce qu'ils ont créé (leurs enfants), qui ont créé (leurs petits-enfants). En fait j'y vois là quelque-chose de profondément narcissique: leurs enfants, tout comme leurs petits-enfants, sont une extension d'eux-même. Ils portent leurs gènes, des caractéristiques physiques, des idées, des manières de penser. Ils sont la matérialisation de leur immortalité.
J'imagine que ce dernier aspect est important: avoir une longue descendance est une façon de vaincre la peur, profondément humaine, de mourir.
Je connais aussi des parents qui ont rejeté leurs enfants et leurs petits-enfants sous prétexte qu'ils n'étaient pas prêts à être grand-parents. Devenir grand-parents c'est aussi accepter de vieillir et de se rapprocher de la mort. Si le fait de vouloir des petits-enfants est une manière de l'apprivoiser, on peut aussi être dans le déni de sa propre mortalité.
Il faudrait que j'en parle avec ma mère, qui à très envie d'avoir des petits-enfants, pour savoir si mon hypothèse est juste ou si je suis totalement à côté de la plaque. :hesite:

On peut donc penser que la peur de la mort est suffisamment forte pour pousser à la reproduction, en dépit des difficultés liées à l'éducation. Perdre sa liberté (si tant est qu'on perd sa liberté en devenant parent - ceci est un autre sujet) vaut moins que perdre son immortalité.

edit: il y a probablement aussi l'envie de voir son choix de vie validé puisque reproduit.

Après on peut surement trouver plein d'autres raisons à l'ambivalence des injonctions.
Dans le livre que je citais au dessus, l'auteure parle par exemple de la difficulté à être à la fois mère et femme. "Lorsque la femme est adulte, les messages qui lui sont transmis par sa mère peuvent être explicites, de type: "alors, tu n'as pas encore d'enfants?" dans une injonction claire à entrer dans la chaîne des générations. [...] Néanmoins certaines mères peuvent dire à leurs filles d'avoir des enfants tout en leur transmettant à travers leur comportement le message opposé; la teneur paradoxale de ces injonctions pourrait se résumer par: "Il faut que tu aies des enfants, car les enfants c'est la plus belle chose au monde, mais si je n'avais pas eu d'enfant, j'aurai eu une autre vie, une vie bien plus intéressante..."
La difficulté aujourd'hui, c'est qu'il y a une telle pression à réussir à la fois en tant que mère et en tant que femme (là où avant il suffisait de réussir en tant que mère) que ces deux injonctions opposées sont devenues sociétales (et plus seulement familiales), avec toutes les conséquences qu'elles peuvent avoir.
 
Dernière édition :
1 Juin 2012
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Personnellement, je suis convaincue que ce désir ou cette absence de désir ne peut s'expliquer par des arguments factuels. Pour faire une comparaison simple: on ne devient pas femme parce-qu'on aime porter des robes, tout comme on ne devient pas child-free parce-qu’on se soucie de l'état de la planète ou comme on ne devient pas pro-child parce-qu’on a envie de partager quelque-chose. Les choses sont plus complexes que ça et ne peuvent s'expliquer par des arguments raisonnés. On est, on se sent.
Et pourquoi pas ?
En fait je ne vois pas en quoi c'est impossible, tel que tu l'écris, et peut-être que tu as voulu exprimer autre chose, mais dit comme ça, je ne comprends pas pourquoi quelqu'un ne pourrait pas devenir child-free parce que cette personne est soucieuse de son empreinte éclogique :dunno:
 
  • Big up !
Réactions : Ewen et ZeLauVador
16 Juin 2014
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@Paravelle

Parce-que le désir d'enfant, quand il existe, est plus fort qu'une conviction idéologique. L'argument écologique, comme n'importe quel autre argument, peut venir conforter un non-désir d'enfant, mais il ne peut en être la cause. Tout comme on ne fait pas un enfant simplement parce qu’on a envie de partager ou de transmettre: ces envies confortent un désir d'enfant déjà existant. En fait, le désir ou le non-désir ne répondent à rien de rationnel, tout au mieux peut-on chercher une explication dans les méandres de notre inconscient - et encore on pourra peut-être y trouver des hypothèses et des pistes de réflexions mais il n'est pas certain de trouver une explication concrète.

C'est en tout cas la thèse que défend la psychologue childfree Edith Vallée, et mon expérience me pousse à partager son point de vue:
«Je pense que les GINKs (Green Inclinations, No Kids) sont comme les autres «childfree»: elles n’ont pas envie d’être mères. Et même si cela n’enlève rien à la justesse de leur propos, brandir l’écologie est sans doute plus présentable socialement que le non-désir d’enfant…» (source)

Après, personnellement en tant qu'écolo convaincue je trouve très bien que celleux qui ne souhaitent pas d'enfant n'en fassent pas :happy: (puisqu'il est indéniable qu'avoir un enfant augmente forcément l'empreinte carbone), mais je crois aussi en les arguments écologiques prochild (le fait de transmettre un mode de vie notamment décroissant, transmettre des idées, préparer l'avenir...). J'apprécie aussi le fait que l'argument écologique soit avancé en société car il amène une réflexion sur ce sujet :top:.
 
16 Juin 2014
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@Paravelle

Effectivement, et je peux tout à fait me tromper. Je base mon argumentation sur des expériences personnelles et sur des lectures, ça n'a aucune valeur d'évangile :happy:. Ceci dit je n'ai jamais lu de témoignages de personnes souhaitant viscéralement un gamin mais y ayant renonçé par simple conviction écologique. Si quelqu'un a ça sous la main, ou si il en existe parmi les lecteur.ices, je serai vraiment très curieuse de les lire :fleur:.
 
22 Mai 2015
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Paris
@Mama Sara @Paravelle : peut-être parce que l'envie d'enfant n'est pas forcément "vicérale"? On peut avoir envie, dans son parcours de vie, d'avoir un enfant, de lea voir grandir, de participer à son éducation, mais sans que ce soit "la" chose qui définit son projet de vie. Du coup pour une personne comme ça, perso je comprends tout à fait que l'écologie (ou l'envie de voyages, ou tout autre chose) puisse faire pencher la balance vers "n'ayons pas d'enfants".

Je ne crois pas qu'on puisse opposer diamétralement celleux qui ne se voient jamais vivre sans enfants, et celleux que l'idée même d'en avoir dégoûte, il y a beaucoup de cas où c'est beaucoup moins tranché je pense.
 
28 Décembre 2012
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Pour ma part concernant l'argument écologique, j'ai hyper facilement retourné ma veste entre le moment où je ne voulais pas d'enfant ("je veux pas d'enfant et puis c'est tellement pas écolo franchement ! :drama:") et celui où j'en ai eu un ("nan mais c'est important que les gens conscientisés aient des gosses pour les éduquer bien et en faire la génération qui changera tout dans 30 ans :nod:"). Et le pire c'est que dans les 2 situations j'étais et je suis hyper sincère dans mon argumentation. :yawn:
 

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