Veille permanente psychophobie

5 Avril 2020
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@seapunk vis à vis du rejet de la part du personnel hospitalier concernant la façon dont tu t'identifies à ta maladie, je pense que c'est effectivement une incompréhension de leur part, après tout la plupart ne doivent pas l'être et ils se contentent de vous apporter un soutien théorique et c'est jamais facile de se mettre à la place de quelqu'un quand tu ne comprends pas vraiment ce que la personne souhaite souligner. :sweatdrop:
Après, si ils vous invitent à dire que vous en êtes atteints, c'est sûrement parce que ce n'est pas une maladie très bien perçu par l'inconscient collectif et que ça doit aider certaines personnes à se détacher de ce qu'on comprend instinctivement quand on parle de schizophrénie.
C'est clairement pas cool pour toi, mais c'est une norme comme on en trouve partout malheureusement. :erf:
 
20 Avril 2015
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Angers
@seapunk J'ai eu le souci avec une médiatrice, qui à chaque fois que je disais que j'étais handicapée me coupait pour dire "PORTEUSE de handicap". :facepalm: Au bout de trois heures, c'était un chouia relou, surtout que ledit handicap inclus des difficultés à m'exprimer et à être face aux autres, c'était complètement contre-productif, mais pas moyen de la faire arrêter, même en lui disant que "handicapée" me convenait et que c'était de toute façon pas le sujet de la conversation...
 
20 Avril 2015
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Angers
@lafeemandarine Perso, vu que j'ai plusieurs trucs, je trouve vraiment "handicapé.e" plus simple et rapide, juste dire "j'ai des handicaps", j'ai l'impression que ça sonne comme une métaphore, voire que ça invite à devoir détailler, j'aime mieux une formulation plus générale. :happy: Sans compter que comme le dit @Clematis , pour l'autisme, je n'ai pas du tout le sentiment que ce soit quelque chose de distinct de ma personne, ça affecte ma vie, mes goûts, ma perception des choses... 'fin, pour moi, qu'on corrige ma formulation, ça sonne aussi absurde que de dire à quelqu'un qui dit "je suis de gauche" que "mais non, dis pas ça, voyons, tu es quelqu'un QUI A des opinions qui ont tendance à être à gauche de l'échiquier politique". :lunette: Je crois que ça me donne aussi parfois l'impression que la personne euphémise/minimise la situation. Mais de toute manière, je pense que c'est en général une mauvaise idée de corriger quelqu'un sur la façon dont iel parle de sa propre personne/santé, c'est normal que chacun soit plus à l'aise avec une façon de faire ou une autre.
 
V

Vogel

Guest
Je déterre ce topic pour rager un peu sur la situation actuelle.
Je m'étale beaucoup sur ça ailleurs mais je vis en ce moment une rechute dépressive, forcément due en grande partie à la situation du covid. Et je suis encore dépitée de devoir faire appel à mes parents pour financer le renfort de ma psychothérapie.
Étant du milieu aussi par mon métier, je suis vraiment atterrée par la couverture de la santé mentale de mon point de vue pro et maintenant de mon point de vue perso. Pénurie de psychiatres, les seules personnes qui peuvent fournir des soins remboursés. Refus de prise en charge financière des psychologues par la sécu. CMP surchargés...
Déjà qu'en temps normal la situation est honteuse, aujourd'hui elle l'est d'autant plus que l'épidémie est aussi psychique.
Quand est-ce que la santé mentale sera enfin considérée à la même valeur que les autres ? Est-ce qu'il y a besoin d'une énorme vague de suicides ? Un boom de la consommation des médicaments ? Combien d'argent est-ce que je vais foutre dans ma psychologue alors que je n'en ai pas le choix, qu'il en va de ma vie ? Est-ce qu'on peut prendre au sérieux deux minutes la souffrance psychique ?
Je vais être très morbide deux secondes, désolée, mais entre avoir une jambe cassée et des idées de mort, je choisis largement la première option... et j'ai pourtant bien connu les deux ! Mais c'est au tibia fracturé qu'on m'a déroulé un système efficace et remboursé. Quand il y en allait de ma survie, j'étais perdue et mal orientée, toutes les portes étaient closes, tout était saturé, c'était le bordel pas possible, et ça m'a coûté des milliers d'euros !
Après le discours de ce soir sur le virus, je me sens vraiment abandonnée par le manque de mots sur la souffrance mentale. J'ai l'impression que ma santé à moi ne compte pas, ou juste qu'elle n'a pas à être évoquée vu qu'elle entraîne des impasses. Bah oui, remettre de la vie sociale dans nos quotidiens, ce n'est pas possible. Alors hop, les gens qui souffrent de solitude, on les fout sous le tapis. Et comme il n'est pas au goût du jour d'utiliser l'argent public, débrouillez-vous avez vos 50 euros de psy par semaine, si vous êtes en province bien entendu !
 
12 Juin 2018
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Hello, pour appuyer un peu sur ce qui se dit plus haut...

Je vois une psychiatre une fois par mois depuis quelques temps, pour un suivi de long court (elle fait aussi les thérapies), ça me coûte très cher parce que les dépassements d'honoraires sont élevés et que l'ALD ne les prend pas en charge. Le souci, c'est que c'est avec cette personne que je me sens en confiance, que je n'ai pas eu le courage et la force d'ecumer tous les psychiatre de la ville pour vérifier qu'iels ne sont pas transphobes et que je pourrais parler librement.

Récemment j'ai fait une rechute dépressive assez grave, je pleure énormément, ai beaucoup de mal à dormir et dois dépenser une énergie folle à juste m'occuper de moi (ne serait ce que manger régulièrement, garder mon appartement à peu près propre...) et ne pas péter les plombs et m'autoagresser.
Cette situation à fait ressortir des traumas grave qui ont eu lieu dans mon enfance et impliquent beaucoup de negligence et de mise en danger de la part de mes parents, des agressions sexuelles et du harcèlement scolaire sur plusieurs années. Autant vous dire que je suis dans un état très instable et très critique.

Dans ces conditions en me renseignant un peu j'ai decouvert que malgré le fait que les traumas sont à l'origine d'une grande partie des troubles psychiatriques la plupart des médecins et même des psychiatres ne sont pas formés à la psychotraumatologie. Bon.

Du coup j'apprends dans le même temps qu' il y a quelques années ont été ouverts des centres de référence en psychotraumatologie, donc pour les gens victimes d'événements violents, d'attentat, de viol, de harcèlement, de maltraitance etc. C'est pluridisciplinaire, c'est public, ça devrait être bien.
Il y a un numéro ''d'accueil et d'orientation'', c'est le seul moyen de contacter ces services, ce que je trouve déjà difficile en soi car pour moi le téléphone est quelque chose de très compliqué, de très angoissant. J' aurai vraiment apprécié de pouvoir avoir un premier contact ne serait ce qu'à un guichet, quitte à attendre, ou au moins par mail pour pouvoir m'expliquer plus calmement.
Au téléphone j'ai un peu paniqué parce que la personne m'a juste dit ''bonjour'' et que je ne savais pas ce que je devais faire. Expliquer mon histoire ? Mes symptômes ? Demander un rdv ? J'ai donc dit que je ne savais pas trop quelles informations on attendait de moi. On m'a répondu que ''la prochaine fois il faudra vous y prendre aborder les choses autrement et mieux préparer votre entretien''. C'était dit avec douceur mais ça m'a quand même fait du mal. Je suis en souffrance, c'est censé être une plate-forme d'accueil pour les gens qui ont vécu des choses très difficile, avec beaucoup de difficulté à parler d'autant plus quand les événements remontent à plusieurs années. Je suis pas médecin moi, c'est leur travail de rassurer les gens et de les guider.
Au final iel m'a juste refilé l'adresse de l'unité psychiatrique de l'hôpital le plus proche de chez moi.

J'ai fini par appeler le CMP, la personne avec qui j'ai parlé était très gentille et m'a dit que c'était probable qu'on me réoriente quand même vers ces services spécialisés, qu'elle pourrait les contacter à ma place si besoin mais qu'elle était quand même d'accord pour qu'on se voit avant.

J'sais bien que je suis trop sensible et que je pleure et stresse pour rien. Je comprend le manque de moyen, la fatigue, la variante humaine qui fait que des fois on a pas envie, mais merde quoi, je travaille dans le commerce, pas dans le soin, et pourtant j'ai l'impression de faire preuve de plus d'empathie et de patience que la moitié des médecins a qui j'ai eu affaire dans ma vie.

C'est vraiment particulier de se retrouver au fond du trou et de devoir trouver des informations complètement dispersées et lacunaires, des numéros non attribués ou impossibles à joindre, des gens qui se débarrassent de vous, des délais irréalistes (quand on fait des crises suicidaires régulières, on a pas trop le loisir d'attendre ne serait ce que deux semaines, aller aux urgences psychiatrique EST flippant et déstabilisant) alors que bordel, des fois, juste prendre cinq minutes et un peu de patience ça change tout pour la suite.
J'suis du genre à remettre à dans deux ans si on me parle mal parce que ben, ça me terrifie en fait, faut pas faire ce coup là à des gens fragiles.
 
12 Juin 2018
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Et allez, c'est encore moi.


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J'en profite pour ajouter un mot aux soignant.es qui passeraient par là : quand quelqu'un est en crise, dans un délire, un état de conscience altéré etc, que ce soit à cause d'un trouble psy, de médoc ou même de drogues, c'est des états de grand vulnérabilité, on peut pas se défendre, le consentement est absolument requis dans ces cas là AUSSI. C'est pas parce qu'on est ailleurs qu'on est pas là. Prendre le temps d'expliquer ce qui va se passer, de comprendre les besoins, de recueillir le consentement, c'est essentiel. On reste des êtres humains. Je suis persuadé que si certaines personnes perdent complètement pied, c'est à force d'être traité comme ça. Faire du mal aux gens jusqu'à les dissocier, oui c'est efficace parce que ça les calme, mais ce n'est pas du soin.

C'est vrai tout le temps mais d'autant plus en psychiatrie où les patients sont plus sensibles que la moyenne. Et oui, par définition, on a des réactions inadéquates. Ça justifie rien.
 
Dernière édition :
12 Juin 2018
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Merci @Faolán, je pense que tu ne réalises pas à quel point ça me fait du bien que quelqu'un me confirme que ce qui s'est passé n'aurait pas dû arriver.
 
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Réactions : Faolán

Kestrel

It always ends. That's what gives it value.
1 Octobre 2014
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Poudlard, tour ouest
@Olduvaï je suis vraiment choquée par tout ce que tu as raconté. Je suis thérapeute, pas du tout dans le domaine des traumas (je suis ortho dans le milieu du handicap mental) mais pour moi c’est vraiment la BASE de traiter tout.e patient.e avec respect, de les mettre à l’aise, de s’assurer que la personne comprenne ce qu’on fait, de demander le consentement… et pourtant je travaille avec des personnes qui sont généralement dans une position bien moins vulnérable que celle que tu as décrite !
Le manque de moyens et la pression exercée sur le personnel, ça peut expliquer qu’on ne puisse pas offrir « assez », qu’on soit parfois négligent.e.s sans le vouloir, qu’on aille trop vite… mais à mes yeux, pas une telle forme de manque de considération. Dans ce que tu racontes, je trouve que les bases du respect dans la prise en charge thérapeutique n’ont même pas été appliquées (le coup de traiter un.e patient.e de « gamine » ce n’est jamais ok - ou alors c’est sous le coup du stress et on vient présenter ses excuses ensuite !)
Dans ce que tu racontes, je vois plutôt un manque de prise en compte des particularités de chacun.e qui fait que trop de personnes travaillant dans le soin estiment qu’il y a une « bonne » façon de réagir quand on est en souffrance, et que donc toute autre réaction qui sort de leurs idées préconçues doit être, je dirais… remise en question ? reprochée ? punie…?
Je trouve ça grave.
 
12 Juin 2018
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@Kestrel Mon interprétation (peut être abusive) c'est que dans un contexte où les soignant.es sont débordé.es, il y a de l'exaspération face à des ''fausses urgences''. Je me suis mis en danger moi même, en connaissance de cause, et au final c'est un peu la place de l'ivrogne qu'on fait décuver en cellule de dégrisement. Si c'est à peu près le raisonnement, de manière consciente ou non, ça en dit long sur la façon dont on traite les gens dans le besoin, peu importe le besoin de quoi.

En fait la plupart des manifestations de souffrance psychologique, genre se droguer, se mettre en danger, ne pas assez manger/manger de manière incontrôlée etc. sont souvent traités comme des signes d'immaturité ou de mauvaise volonté et associés à des comportement qu'on attribuerait plutôt à des adolescents : sécher les cours, avoir un rythme de vie tout pété, un caractère de merde... Bien que tous ces éléments sont déjà alarmants même chez des ados, mais du coup beaucoup de gens considèrent que tous ces comportements sont des comportements ''de gamin'' et qu'un adulte est capable de gérer sa vie et ne s'envoie pas à l'hôpital alors qu'il y a des vrais-patients-qui-n'ont-rien-demandé.

Je peux pas dire que j'y souscris pas pour moi même. Je me sens coupable de ça.

Par contre, c'est tellement éloigné de l'idée que j'ai du vivre ensemble et de comment on se doit de se comporter envers d'autres êtres sensibles que ça me laisse abasourdi. Ça me paraît être l'évidence même qu'on se doit de porter assistance à quiconque en a besoin, dans la mesure de ses moyens.
C'est peut être parce que comme j'ai l'habitude d'être sur le fil, j'ai conscience d'à quel point une interaction avec une personne peut changer le court d'une journée. Mais ça me paraît juste évident quand on a choisi de travailler dans le soin. En revanche je sais pas dans quelle mesure les infirmier.es et les aides soignant.es choisissent leurs services. Peut être qu'effectivement, quand on y connaît rien, c'est pas une bonne idée de balancer quelqu'un en psychiatrie. Remarque, c'est même pas vrai, parce que dans tous les témoignages que je lis c'est les règles de base de l'information, du consentement et de l'intégrité physique dont l'absence est critiquée. J'ai pas l'impression qu'il faille être particulièrement formé au PTSD, à la schizophrénie ou quoi que ce soit d'autre pour savoir que la base c'est d'expliquer et de prévenir avant chaque geste pratiqué sur le patient. Chaque fois qu'il y a une position de pouvoir ça arrive d'autant plus que des gens s'abstiennent de tout respect parce que trop délirant, trop jeune pour comprendre, trop vieux pour décider, trop pauvre pour faire des choix, trop handicapé mentalement ou physiquement... C'est toujours la même chose.

Apres je me rends bien compte que comme tout le monde parfois j'ai pas le temps, pas l'envie, pas le courage, c'est normal on peut pas être partout à la fois. Mais quand c'est ton métier...
Et puis il y a une différence entre ne pas agir et maltraiter activement.
 

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