Oh bon sang ! J'étais passée à côté de ça.
J'en retiens plusieurs choses (mais c'est surtout le texte de Valls qui m'a fait réagir) :
- Kamel Daoud souhaite mettre en avant les mauvais traitements des femmes dans le "monde arabe/musulman" (c'est gentil) qui seraient liées à la "culture" mais n'a aucun problème à parler de "la femme" pendant des lignes et des lignes. Beurk.
- Le texte des opposants (chercheurs) est exactement ce qu'on pouvait attendre d'eux : ils remettent en cause l'essentialisme du texte de Daoud, son culturalisme, son psychologisme etc ... Là-dessus pas vraiment de surprise.
- Manuel Valls, qui a pourtant fait des études d'histoire si je ne m'abuse, ne sait clairement pas ce qu'est une approche rigoureuse des réalités humaines. Il est complètement à côté de ses pompes, mais ça en devient carrément grave là, parce que si c'est comme ça qu'il lit le monde eh bah on comprend mieux pourquoi il est nul à ce point. En plus, s'il considère que ces universitaires sont des dangers si importants qu'il prend le temps d'écrire un texte relativement long en réponse, ses priorités me font peur également. Menfin déclarer la guerre aux universitaires français me semble une stratégie très saine, oui oui oui, pis surtout, dénigrer les intellectuels ça a toujours donné lieu à de belles choses nespa.
Donc, voici un florilège des énormes conneries (de mon point de vue bien sûr !) du texte de Valls :
"Pourtant, dans une époque de plus en plus indéchiffrable, gagnée par la montée des extrémismes, des fanatismes, les analyses de Kamel Daoud – et d’autres avec lui – peuvent nous être d’un grand secours. Car derrière les caricatures qui en ont été faites, l’écrivain algérien nous livre un point de vue éclairant et utile, celui d’un intellectuel, d’un romancier. Une réflexion à la fois personnelle, exigeante, et précieuse.
Personnelle, parce que Kamel Daoud n’avance pas sans preuves. Il nous parle du réel, de ce qu’il voit, de ce qu’il ressent, de ce qu’il vit aussi. Ce sont des réalités longuement étudiées, des rapports de force méticuleusement examinés qu’il nous décrit. Et si son propos a tant de profondeur, c’est qu’il nous parle, non pas de théorie, mais d’expérience."
Donc en fait, selon lui, les gens qui ont écrit la tribune n'ont jamais foutu les pieds dans un pays arabe. Mébiensûr. On retrouve pas mal ça : ces universitaires feraient de la "théorie" et lui du terrain. Argh. Le terrain est la base des sciences sociales. Il n'y a pas de "théorie" s'il n'y a pas d'enquête de terrain approfondie ... normalement beaucoup plus approfondie que celle d'un journaliste ou d'un romancier, et, surtout, qui dit sa méthode !! Car là on nous dit "nan mais il a vachement observé". Ah oui mais comment ? D'où ? Qui a-t-il interrogé ? Quelles questions a-t-il posées ? Quels documents a-t-il analysé ? De quel pays parle-t-il ? Bref, en quoi ce qu'il dit est-il éclairant alors qu'il nous enfume complètement sur l'origine de ses "connaissances" ? (car, tout bêtement, ce n'est pas son travail de donner sa méthode)
"Exigeante, car Kamel Daoud va loin. Il refuse le simplisme, le convenu, l’évident. Il nous dit au contraire que le monde est plus confus, moins lisible qu’on ne le pense."
LOL, c'est vrai que dire que les arabes violent les femmes parce que c'est leur culture c'est pas du tout simpliste

(ils sont comme ça car ils sont comme ça. Merci au grand penseur).
"Réflexion précieuse, enfin, parce que Kamel Daoud se risque à tracer la voie à suivre. Entre l’angélisme béat et le repli compulsif, entre la dangereuse naïveté des uns – dont une partie à gauche – et la vraie intolérance des autres – de l’extrême droite aux antimusulmans de toutes sortes –, il nous montre ce chemin qu’il faut emprunter."
Ah ça y est c'est bon. La fusion Valls-Sarko est achevée.
"Un chemin que la France emprunte, en faisant savoir, à tous ceux qui ont abandonné la pensée, qu’un musulman ne sera jamais par essence un terroriste, pas plus qu’un réfugié ne sera par essence un violeur."
Ah bon, c'est pas ce qu'il a dit ? On a dû mal comprendre alors ...
Après je suis d'accord qu'il faut le protéger et le soutenir contre sa fatwa, bien sûr. M'enfin il ne me semble pas que ce soit la place d'un premier ministre de défendre ses propos.
(edit : je viens de lire la réponse de
@madmoizelle N sur la fatwa, du coup, la question du besoin de soutien n'est finalement pas si claire et le texte de Valls en devient encore plus de la récupération ("c'est pas moi qui l'ai dit, c'est un grand écrivain qui sait de quoi il parle")
Et puis ils me font bien marrer ceux qui disent qu'il faut accepter le discours de Kamel Daoud et que du coup il faudrait "rééduquer" les migrants (???) (notons que c'est pas eux qui vont leur donner des cours de français ...). Alors concrètement ça donne quoi ? On va ouvrir des centres de "désexismation" ? Ah bah bon courage pour trouver les profs. Et puis aussi on pourrait donner une liste de gens bien français qui pourraient profiter de l'enseignement. Les classes vont être rapidement surpeuplées.
edit 2 (après avoir lu
ce texte linké par
@madmoizelle N ) (ce poste ne finira jamais ... désolée ...) : il y a à mon avis deux erreurs qui ont été faites dans cette histoire. C'est d'abord que le texte de Kamel Daoud a été pris (et va continuer à être utilisé) comme un texte journalistique (car il est journaliste) alors que c'est juste son ressenti. Or, on ne peut pas nier un ressenti, mais on ne peut pas non plus en faire une vérité générale. L'autre erreur c'est que les chercheurs ont répondu avec un vocabulaire scientifique à un texte plutôt littéraire. Du coup forcément, ça ne fait pas le même effet et ça n'était peut-être pas très opportun.