mixdaisy;3876582 a dit :
(Sauf pour le fameux tweet, les médias se sont jetés comme un seul homme sur cette affaire, essayant d'en faire l'histoire du siècle avant que ça ne retombe au bout d'une semaine). (...)
Car effectivement on pourrait dire qu'il y a là une question d'apparence, d'image, de communication. C'est ce qui était en jeu au fond avec l'histoire du tweet. C'était une faille dans le show médiatique.
En gros en ce qui concerne l'image, la première dame ne peut qu'abonder dans le sens de son mari et rester discrète. C'est son rôle. Sa place est aux côtés de son mari, à le soutenir.
Le couple Hollande Trierweiler est donc perpétuellement en représentation. Mais je ne vois pas pourquoi cela devrait signifier qu'elle s'accorde systématiquement à ce que dit son mari. Je trouve même cela dommage, et horriblement sexiste, de confier à l'épouse du président ce rôle de femmes discrète, dans l'ombre. Est-ce que l'on dirait la même chose à propos d'un homme en couple avec une présidente ? Est-ce que l'on attendrait ce soutien modeste et réservé de la part d'un homme ?
Il n'est pas forcément malheureux qu'elle élève une voix légèrement ou franchement en désaccord. Je trouve presque cela "normal" (hihi). Ce n'est pas parce qu'Hollande est devenu président qu'elle ne peut plus avoir de conviction, et je pense qu'elle peut les dire si elle le juge bon, sans que cela ne déstabilise outre mesure l'autorité présidentielle. (Pour moi l'autorité -nécessaire à la fonction de chef de l'etat- s'applique sur les personnes qui sont sous ses ordres, mais pas sur sa femme, contrairement à ce qui a pu être dit pendant l'histoire du tweet)
Cette présence effacée que l'on attend de la première dame participe d'une vision sexiste du couple, vision que je dénonce. Je ne pense pas que cette fonction puisse se retrouver sur un mode inversé s'il s'agissait d'un "premier mari". La communication politique s'articule autour d'un schéma stéréotypé qui ne reconnaît pas le droit à la femme de s'engager dans la sphère publique. (Même si je persiste et signe, son engagement éventuel ne tient qu'à elle, et il n'a pas un poids démesuré dans le débat public dans la mesure où elle n'est qu'un personnage public et non une personne élue)
Bon, je ne vais pas répondre à tout mais voici mon avis sur quelques points :
- Le tweet : je pense que c'était habile politiquement bien que discutable moralement de la part de l'équipe de com' de Hollande de convaincre les journalistes de présenter l'affaire comme une histoire de jalousie et de couple.
En faisant passer Trierweiler pour une hystérique jalouse, ils ont enlevé la légitimité politique de son tweet. Peu de gens ont pensé qu'elle parlait en connaissance de cause sur Falorni, mais plutôt qu'elle voulait se venger sentimentalement. Résultat : ça n'avait plus de portée politique.
C'était ridicule de dire qu'Hollande devait tenir sa femme, mais c'était un argument bas de gamme de l'opposition et je pense qu'ils n'ont rien gagné en lui reprochant ça. Il y a peu de gens de gauche qui pensent qu'un bon président doit dominer sa compagne, je pense. Le seul effet que ça a eu, c'est de révéler un peu plus leur sexisme.
Par contre, du côté des électeurs, l'impact du tweet a été instantanément minimisé en emballant toute l'histoire comme un vaudeville.
Si Trierweiler avait été crédible, ça aurait pu être beaucoup plus dommageable. Le problème n'aurait pas été que Hollande n'a pas d'autorité sur sa compagne mais plutôt que si même sa compagne doute tellement de ses choix politiques qu'elle en parle devant des millions de gens, c'est qu'il doit y avoir un problème quelque part.
Je pense aussi que c'est pour ça que beaucoup de journaux s'acharnent sur elle. L'entourage de Hollande a dû bien balancer à la presse pour que si elle s'exprime en désaccord avec eux, ça paraisse ridicule.
Je ne sais pas si ce sort est plus enviable que d'être contrainte de respecter un protocole en public...
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Je ne pense pas que cette fonction puisse se retrouver sur un mode inversé s'il s'agissait d'un "premier mari".
Sur cette partie-là, je pense que oui, on attendrait exactement la même chose d'un homme. On reprocherait à la femme politique de se faire dominer, exactement pareil si son mari était trop bavard en public.
Je te renvoie à la page d'avant où on parlait des compagnons d'Angela Merkel et de Julia Gillard (Australie). Je ne connais pas hyper bien M. Merkel mais le mec de Gillard est vraiment proche d'une Première Dame. Il passe son temps à dire du bien de sa compagne et à soutenir ses actions.
En dehors d'eux, je pense à Peter Davis, le mari d'Helen Clark qui était l'ancienne Premier Ministre de Nouvelle-Zélande. C'est pas n'importe qui, elle a eu une immense carrière politique et elle travaille aujourd'hui pour les Nations Unies.
Lui est sociologue de la santé et prof de fac, et il ne parle quasiment jamais aux médias, même s'il a bossé pour des organismes de santé publique. Alors oui, c'est vrai qu'il ne se sentait pas obligé de faire la potiche dans les cocktails où sa femme se rendait, n'allant presque jamais en déplacement avec elle, mais en tout cas, il n'utilisait pas sa position pour donner son opinion politique ou parler aux journaux.
Quant au couple Hillary-Bill Clinton, je trouve qu'il est assez illustratif. Combien de fois as-tu entendu parler de Bill et combien de fois d'Hillary depuis la fin du mandat de Bill?
Bill est presque absent. Il ne se déplace que pour des galas de charité, des missions de représentations et de temps en temps pour donner son soutien à quelqu'un, et en particulier à sa femme comme il l'a fait en levant des millions de dollars pour sa campagne des primaires. Hillary, elle, a été sénatrice, sillonné le monde, géré la crise au Proche-Orient... Si elle avait été présidente à la place de Barack Obama, je pense qu'on aurait vu Bill Clinton faire à peu près la même chose que Michelle Obama - vanter les mérites de sa conjointe, dire qu'il pense qu'elle fait une merveilleuse présidente, la représenter un peu partout -, sauf qu'il n'aurait pas été obligé d'avoir l'air maternel et de parler tricot ou cuisine comme le font les femmes de politiciens pour draguer les conservateurs.
Je pense que Bill Clinton ne se serait pas permis de parler politique sans que sa femme lui demande, car ça aurait juste donné une image extrêmement négative d'Hillary (par exemple de laisser entendre qu'elle est sous la coupe de son mari). D'ailleurs, il ne l'a pas fait depuis qu'elle occupe un poste plus important que lui, et ce n'est pas un hasard.