@clarinouille : le lien de @tardigrade est parfait, et j'en profite pour signaler ce lien dans le lien dans le lien :
http://reflexions.ulg.ac.be/cms/c_25043/quand-le-sexisme-se-veut-bienveillant
La galanterie, ça fait partie de ce qu'on appelle le sexisme bienveillant.
Outre que, comme ça a été souligné ici, ça se base sur des idées stéréotypées sur les femmes (plus faibles, plus fragiles, ayant besoin d'un homme même pour les tâches les plus simples et même si elles sont capables de se débrouiller), ce que je trouve très important à souligner, c'est que ça a des conséquences négatives pour les femmes.
Je cite l'article (c'est quand même sur 5 pages, donc tout le monde aura pas le temps de tout lire) : dans des études confrontant des femmes à du sexisme hostile ou bienveillant, ou pas de sexisme, les résultats sont assez surprenants :
"
Il apparut que les femmes exposées au discours hostile ou au discours neutre réalisaient des performances équivalentes, mais que les femmes confrontées au sexisme bienveillant obtenaient de moins bons scores."
C'est logique, quand on y pense : c'est plus facile d'influencer quelqu'un en le caressant dans le sens du poil, en disant aux femmes, en substance : "vous êtes inférieures, mais c'est pas grave, nous les hommes, on vous aime quand même, et on sera toujours là pour vous aider et vous éviter de vous vautrer."
"
« Ce constat est en accord avec la thèse défendue par différents auteurs, dont Mary Jackman, selon laquelle les groupes dominants maintiennent plus efficacement les inégalités sociales à travers l'influence persuasive de la bienveillance qu'à travers l'hostilité », commente Marie Sarlet."
Je sais, j'ai déjà posté tout ça, mais je ne m'en lasse pas !
Montrer aux gens qui ont les meilleures intentions du monde que ce qu'ils font a des conséquences négatives est la meilleure façon de les faire réfléchir à leur façon d'agir et de penser.
_________________________________
@dear-lily-briscoe : premièrement, ce qui lui semble si logique (qu'une femme a plus de chances de se faire agresser qu'un homme) EST TOUT SIMPLEMENT FAUX !
Voyez donc
ce rapport sur la violence en Ile-de-France : page 14, il y est bien dit que, concernant les agressions dans la rue, les hommes sont davantage victimes que les femmes (6,6% d'hommes contre 5% de femmes).
Mais alors pourquoi, POURQUOI garde-t-on cette idée qu'une femme a plus de chances de se faire agresser ? Serait-ce parce que dans les médias, presque à chaque fois qu'une personne seule se fait agresser par un inconnu, c'est une femme ? Ces représentations sont profondément ancrées en nous, on intériorise cette idée. Même en sachant que c'est de la fiction, ou des faits-divers soigneusement triés, impossible de se défaire de cette image.
Prenons un exemple criant :
cet article d'un journal pris au hasard (... ou pas ?
). La première phrase démonte le mythe de la femme davantage victime :
"Les femmes ne sont pas plus victimes d'agressions que les hommes dans l'espace public: 7,3 % des Franciliens déclarent en effet avoir été agressés au cours des trois années précédentes, contre 7 % des Franciliennes."
MAIS imaginez que vous feuilletez le journal.
[ul]
[li]Quel est le titre ? "
Ile-de-France : une femme sur trois craint de sortir seule le soir".[/li]
[/ul]
[ul]
[li]Quelle est l'image qui illustre l'article ? Une femme seule dans une ruelle sombre, cadrée entre les jambes d'un (supposé) dangereux individu.[/li]
[/ul]
[ul]
[li]Quel est le texte mis en gras en milieu d'article ? "
Toujours une bombe lacrymogène avec elle"[/li]
[/ul]
Bref, cet article, alors que son but est de démonter que cette peur n'est pas plus fondée pour les femmes que pour les hommes, contribue, par ses plus gros traits, à renforcer l'idée que quand même, la rue, c'est dangereux pour les femmes.
Pour en revenir à toi, @dear-lily-briscoe, tu peux expliquer tout ça à ton copain. Tu l'as parfaitement dit toi-même : moins tu sors seule, plus tu as peur. Peut-être que tu n'as pas envie de passer ta vie à avoir besoin d'un homme pour te déplacer. Peut-être que tu n'as pas envie de régenter ta vie en fonction de ce qui peut t'arriver de pire.
Et surtout, le plus important : si tu as envie de rentrer seule chez toi, c'est ta décision. Ce n'est pas à lui de décider de quand et comment tu peux aller marcher dans la rue. Ce serait tout simplement une restriction de ta liberté.
___________________________
EDIT : j'ai failli oublier que j'étais venue pour poster un truc que j'ai trouvé génial :