Certains fans d’Harry Potter reconsidèrent leur tatouage à cause de J.K. Rowling

Statut
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19 Novembre 2014
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Paris
JKR a des opinions douteuses, sur un sujet particulier, qu'elle maîtrise beaucoup moins que ce qu'elle croit, et sur lequel elle s'exprime beaucoup trop et très mal.

Bon.
Je crois pas que ça en fasse une mauvaise personne pour autant. C'est pas comme si on avait découvert un autel au troisième Reich ou des posters de Donald Trump dans sa cave.

Je comprends en quoi ses propos sont blessants et mauvais pour les personnes concernées.
Mais c'est aussi une personne d'un certain âge, produit de son époque où ces sujets n'étaient pas discutés. Elle s'est construite et a construit ses combats dans un temps où la question de la transidentité n'existait pas médiatiquement. Expliquer n'est pas excuser attention, je dis juste que pour moi ses opinions ne sont pas une surprise, et je regrette surtout qu'elle s'exprime sur ce sujet, plus que le fait qu'elle ait ces opinions là.

Mon père devient un vieux con raciste de droite avec le temps et la retraite passée devant BFM. Mais ce n'est pas les valeurs qu'il m'a transmises. Et je ne vais pas rejeter tout ce qu'il m'a transmis de bien parce que ses opinions actuelles sont opposées aux miennes. Pour moi c'est pareil avec JKR. Elle exprime maintenant des opinions qui ne me vont pas, sur lesquelles elle n'avait probablement aucune idée quand elle a écrit son chef-d'oeuvre, et ses bouquins m'ont vraiment sauvée pendant mon adolescente... je ne peux pas lui retirer ça. Et si j'avais des tatouages HP, c'est avant tout à ça qu'ils me feraient penser.

Après je comprends que des personnes directement heurtées par ses propos soient mal à l'aise avec leurs tatouages et fassent ce choix. Mais ce n'est pas comme si les livres Harry Potter étaient directement transphobes, ou que JKR avait expliqué que tel truc en fait dans les livres ça voulait dire qu'il fallait nier et rejeter la transidentité...
 
23 Décembre 2012
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Je suis assez étonnée de lire les analyses des fans "engagés" sur Harry Potter. Je comprends qu'on projette ses propres histoires dans les récits jeunesse mais honnêtement, Harry Potter a toujours été une intrigue relativement simpliste en termes de valeur "l'amour c'est bien et la haine c'est mal", il n'y avait rien d'hyper militant ou de particulièrement radical en ce qui concerne l'appel à la tolérance. A l'époque, on faisait souvent une comparaison entre Voldemort et Hitler et bon, je veux dire, dans les années 90 clamer qu'Hitler c'est un méchant et que ce qu'il fait c'est mal, c'était pas franchement groundbreaking (aujourd'hui malheureusement peut-être un peu plus). Parler de sang pur comme symbole de la haine raciale c'est le niveau 0 de la lutte anti-raciste, d'autant que les personnages positifs eux-mêmes ne semblent pas très enthouasiasmés par la mixité (Hermione coupe les ponts avec son univers moldu, les sorciers ne sympathisent avec aucun Moldu, les seuls qu'on connait vraiment, les Dudsley, étant stupides et mesquins, M. Weasly est dans le fétichisme le plus total, les Craqumol, donc les descendants de sorciers qui n'ont pas la chance d'avoir un héritage génétique "valorisé" sont perçus comme des personnages négatifs ou minables, etc.), donc la lutte contre la classification raciale voulue par Voldemort est plus un combat d'idées qu'une vraie lutte pour le vivre-ensemble.
Et à la limite c'est pas grave que ce soit des concepts aussi simplets, c'est un livre jeunesse. Mais du coup, je suis un peu surprise que des gens "tombent des nues" sur le fait que l'univers d'Harry Potter et surtout sa créatrice ne soit pas une vraie alliée LGBT.
Il n'y avait rien de vraiment très radical dans Harry Potter, même les personnages féminins sont LOIN d'être des modèles de féminisme. Hermione est super cool mais c'est exactement le cliché de la fille qui est super cool "parce qu'elle est différente des autres filles", sous-entendu une fille ordinaire n'est par défaut jamais aussi cool. Le bouquin est bourré de personnages féminins un peu inconséquents, frivoles, bêtes, jaloux...
En dehors d'Hermione (qui n'a pas vraiment d'amies filles et se démarque des autres filles), les autres personnages féminins ont tous de gros problèmes : Tonks et Luna sont des Manic Pixie Dream Girl, Ginnie est d'abord une gamine impressionnée par le héros puis devient cool parce qu'elle se démarque elle aussi des autres filles en tant que pseudo-garçon manquée indifférente, Mme Weasley se définit uniquement par son rôle de mère, toutes les filles proches des Weasley bitchent sur Fleur Delacour parce qu'elle refuse de jouer le rôle de la femme faussement modeste, Cho Chang n'a pas d'autre personnalité que d'être le fantasme d'Harry, McGonagall est une vieille femme ce qui la desexualise et lui permet d'avoir de la crédibilité, Lilly reste dans les mémoires surtout en tant qu'intérêt amoureux et mère qui se sacrifie, etc... L'amitié entre femmes est quasi-inexistante, de même que la solidarité féminine et les rares femmes qui ont une intrigue vraiment complète ou indépendante du héros comme Hermione ou Fleur sont quand même obligées de rester dans l'ombre d'un homme.
A partir de là, avec des personnages féminins si conventionnels et conservateurs, j'ai du mal à comprendre comment la saga Harry Potter a pu passer pour un symbole LGBT (sans aucun perso clairement LGBT dedans) : la question du genre dans son acception la plus simple reste tout à fait patriarcat-compatible dans cette fiction.

Cela n'empêche pas qu'on puisse toujours être attachés à Harry Potter. Perso, j'ai grandi avec des récits où les femmes avaient un rôle secondaire et c'est tout simplement impossible de bannir tous les récits un peu sexiste de mon passé parce que sinon, il ne resterait plus grand-chose.
Je suis donc désolée que tant de fans aient CRU qu'Harry Potter était plus radical et progressiste qu'il ne l'était réellement et se sentent aujourd'hui si trahis! En réalité, ça n'a jamais été le cas, sans que ce soit pour autant un récit plus toxique qu'un autre!

A partir de là, je comprends le geste politique de couper ses liens avec HP mais j'ai du mal à comprendre les témoignages de l'article qui ont l'air de présenter Harry Potter comme bien plus militant qu'il ne l'était et donc l'attitude de Rowling comme un énorme retournement de situation :hesite:
 
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Jamais trop eu l'impression que les messages conscients de Harry Potter étaient hyper progressistes non plus, mais à mon avis ce serait mal comprendre comment fonctionne la littérature et notamment la littérature jeunesse.
Y'a des métaphores qui ne sont pas forcément voulues par l'auteur ou l'autrice mais qui ont une force évocatrice super forte... Pour les jeunes LGBT je suppose que c'est cette histoire de gamin paumé dans une famille qui ne l'accepte pas, à qui on cache sa vrai nature et qu'on déteste et persecute pour quelque chose qu'il n'a pas choisi, et qui va s'épanouir dans un monde où on l'aime et le considère enfin pour ce qu'il est, avec enfin des mots et un univers conceptuel pour comprendre sa différence.

C'est simpliste, c'est bateau, mais... Ça parle :lunette:
 

Kestrel

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1 Octobre 2014
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@Tzig0ne comme @Patate dorée je suis exaspérée de lire, encore maintenant, des trucs comme "ça va c'est moins pire que le nazisme". :stare: On pourrait, s'il vous plaît, arrêter avec ce vieux réflexe de tout ramener à la Shoah comme si rien n'était grave à côté de ça ??

Je ne suis pas non plus convaincue par l'argument de l'âge. On peut très bien se tenir au courant de l'évolution du monde et grandir avec ! (big up à mon père de 76 ans qui est tout à fait au clair sur les questions liées à la transidentité ou à Black Lives Matter et qui m'écoute quand je lui fait réaliser qu'il tient des propos sexistes). Etre d'une autre génération n'est PAS une excuse pour tenir des propos d'un ancien monde.

@MorganeGirly je suis tout à fait d'accord avec tout ce que tu dis sur la saga. Cependant, je pense qu'il y a plusieurs éléments qui jouent dans l'attachement qu'on peut avoir pour cet univers :
1) le côté "refuge" que beaucoup mettent en avant, et c'est mon cas également. Harry Potter, c'est un type qui va dans une école et s'y fait plein d'amis. Moi au moment où j'ai découvert cet univers, j'étais une gamine solitaire, pas du tout à l'aise dans le milieu scolaire, et j'avais l'impression, en lisant Harry Potter, de rentrer moi aussi à Poudlard et d'y avoir plein d'amis. J'imaginais cet endroit comme un refuge cool, qui protège de la solitude (c'est toujours plus facile de se faire des potes quand on vit avec que quand on les voit juste dans un cadre scolaire rigide). En tout cas, c'est ce que j'imaginais quand j'étais gamine. C'est clair qu'ensuite avec un regard d'adulte j'ai réalisé que le monde de Poudlard n'était pas plus safe que le mien, mais voilà, c'est une analyse d'adulte, a posteriori.
2) je pense qu'il faut remettre en perspective Harry Potter avec notre paysage culturel de l'époque. Personnellement, mes autres références quand j'ai commencé la saga, c'étaient les contes de Grim, Le Seigneur des Anneaux, Narnia, Tom Sawyer, Les Schtroumpfs, Astérix & Obélix, Les quatre filles du Dr March, Heidi... donc oui, à côté, Harry Potter c'était progressiste. Moi qui ai grandi avec des figures masculines et avec une image très négative de la féminité, des personnages comme Hermione ou McGonagall m'ont fait énormément de bien. Je trouve aussi que même les personnages masculins avaient des émotions qu'on ne retrouvait pas chez d'autres personnages masculins, dans Le Seigneur des Anneaux par exemple. Harry Potter est vraiment le premier livre qui m'a prise aux tripes comme ça, en me faisant m'attacher à fond aux personnages (puis j'ai découvert A la croisée des mondes <3). Le fait d'avoir grandi avec joue également : j'ai commencé vers 9-10 ans et j'avais 18 ans quand le dernier tome est sorti. Je pense que c'est plus facile de s'identifier à des personnages quand on évolue en même temps qu'eux que si on lit toutes leurs aventures d'un coup comme ça a été le cas avec la plupart des autres livres de mon enfance.
3) on s'est beaucoup approprié l'univers. Ok, Harry Potter c'est une histoire simple. Mais moi dans ma tête, ce monde je l'ai constamment nourri. Je me suis imaginée dedans, j'ai réfléchi à la maison dans laquelle j'aurais été envoyée si j'étais allée à Poudlard, je me suis créé un personnage dans l'histoire, j'ai joué à faire partir de ce monde avec une amie pendant plusieurs années (on avait nos baguettes magiques récupérées dans la forêt et customisées, nos potions dégueulasses qu'on laissait traîner partout dans la maison, nos listes d'ingrédients, nos formules magiques...) Dans ma tête, Harry Potter c'est beaucoup plus de choses que l'histoire de base.
Certains éléments de l'histoire ont également été le début d'une réflexion sur certains sujets. Par exemple, je me rappelle d'une longue discussion avec mon père quand j'avais 17-18 ans, dans lequel je lui avais expliqué l'histoire du pouvoir de l'amour. Cette discussion nous a permis de partager énormément de choses sur nos visions de l'amour, de la famille, et même de notre relation, entre père et fille. Il me semble que c'était une des premières longues discussions à cœur ouvert que j'ai eue avec mon père, et elle m'avait fait énormément de bien. Et quand j'y repense 12 ans plus tard, je pense que plusieurs de mes choix et opinions ont été influencés par cette discussion qui, à la base, partait juste de l'histoire un peu kitsch d'une mère qui protège à vie son enfant grâce au pouvoir de l'amour.

En écrivant tout ça, je suis curieuse de savoir comment Harry Potter va être vu par la génération actuelle, qui peut découvrir toute l'histoire d'un coup, sans "grandir" avec. Et puis effectivement, maintenant il y a de nombreuses œuvres beaucoup plus fournies et riches en réflexions que Harry Potter (je suis souvent jalouses de mes nièces et de mon neveu quand je vois les livres qu'ils ont actuellement, que j'aurais adoré lire à leur âge). Peut-être que nous sommes une "génération Harry Potter", et que les suivantes auront un lien différent avec l'histoire et les personnages ?
 
12 Juin 2018
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Ça m'intéresserait aussi d'interroger les gamins sur leur ressenti aujourd'hui. Moi j'ai à peine la vingtaine et j'ai lu toute la saga en l'espace d'un an aux alentour de mes dix ans et je n'ai pas l'impression d'avoir un rapport très différent par rapport à mon frère qui a lui grandi avec. J'ai même été beaucoup plus impliqué sur lui, d'ailleurs.

En librairie je vois des enfants de même pas dix ans acheter leur tome 2 et plonger tout de suite le nez dedans, et complément impatient quand on leur retire le temps de biper à la caisse.
J'y vois le reflet parfait du gamin que j'étais, complètement fasciné par l'univers et la plume de l'autrice. Leur regard d'adulte sera peut être différent mais pour ce qui est du regard d'enfant, je le pense très similaire.
 
9 Mars 2014
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Personnellement, je lis toujours des fanfictions d'Harry Potter, mais autrement j'ai quasiment coupé les ponts avec cet univers. JK Rowling ne se remet jamais en question et ces attaques sur la communauté des personnes transgenres ne datent pas d'aujourd'hui. Clairement, elle les prend pour cible et encourage leur isolement. Elle a soutenu publiquement une femme qui a été condamnée pour discrimination contre une personne transgenre.

En plus des problèmes soulevés plus haut, ne pas oublier également que:
- JK Rowling a également utilisé de nombreux clichés racistes, l'exemple le plus parlant c'est Cho Chang. Cho c'est un nom de famille coréen, pas un prénom. Apparement le traitement des femmes asiatiques et non caucasiennes dans les animaux fantastiques laissent également à désirer (d'après les critiques que j'ai lu)

- JK Rowling a également fait de l'appropriation culturelle avec des mythes amérindiens.

- Le soutient dont elle a fait preuve avec Johnny Depp (et je me fiche des avancées de l'affaire, Amber Heard avait assez de preuve pour obtenir une ordonnance de restriction).

JK Rowling veut faire usage de sa liberté d'expression sans en assumer les conséquences et les critiques.

Honnêtement, je ne comprends pas son problème avec la communauté transgenre, parce que oui elle les prend pour cible. On ne pas s'attendre à ce qu'il n'y ait aucune réplique.

Oui, elle reçoit des réponses violentes et de l'agressivité. Mais derrière son joli argumentaire bien rédigé, JK Rowling est tout aussi violente.

Après, JK Rowling est une personnalité publique ses propos auront beaucoup plus d'impacts que ceux d'un membre de la famille lambda qui s'est fait laver le cerveau par BFMTV.
 
23 Décembre 2012
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Jamais trop eu l'impression que les messages conscients de Harry Potter étaient hyper progressistes non plus, mais à mon avis ce serait mal comprendre comment fonctionne la littérature et notamment la littérature jeunesse.
Y'a des métaphores qui ne sont pas forcément voulues par l'auteur ou l'autrice mais qui ont une force évocatrice super forte... Pour les jeunes LGBT je suppose que c'est cette histoire de gamin paumé dans une famille qui ne l'accepte pas, à qui on cache sa vrai nature et qu'on déteste et persecute pour quelque chose qu'il n'a pas choisi, et qui va s'épanouir dans un monde où on l'aime et le considère enfin pour ce qu'il est, avec enfin des mots et un univers conceptuel pour comprendre sa différence.

C'est simpliste, c'est bateau, mais... Ça parle :lunette:
C'est effectivement intéressant comme analyse, ça ressemble au phénomène La Reine des Neiges avec Elsa devenant un symbole LGBT alors que je ne suis franchement pas sûre que ce soit ce que voulait vraiment Disney, et qu'elle peut aussi être assimilée à n'importe quel personnage "différent" pas accepté pour ce qu'il est. Je trouve totalement valide de se retrouver en Elsa par exemple, et d'en faire un symbole LGBT. Mais je ne suis pas sûre pour autant que les personnes concernées se sentiraient "trahies" par Disney si ses représentants passaient un message divergent :hesite: J'imagine que c'est assez clair pour tous les adultes qui s'identifient à elle que l'intrigue d'Elsa va au-delà de ce que prévoyait Disney :hesite:

Après dans le cas de Rowling, ce qui choque c'est peut-être qu'elle s'exprimait beaucoup politiquement et donnait l'impression d'être une alliée, ce qui a poussé à interpréter son oeuvre comme plus progressiste qu'elle ne l'était réellement :hesite:
@MorganeGirly je suis tout à fait d'accord avec tout ce que tu dis sur la saga. Cependant, je pense qu'il y a plusieurs éléments qui jouent dans l'attachement qu'on peut avoir pour cet univers :
1) le côté "refuge" que beaucoup mettent en avant, et c'est mon cas également. Harry Potter, c'est un type qui va dans une école et s'y fait plein d'amis. Moi au moment où j'ai découvert cet univers, j'étais une gamine solitaire, pas du tout à l'aise dans le milieu scolaire, et j'avais l'impression, en lisant Harry Potter, de rentrer moi aussi à Poudlard et d'y avoir plein d'amis. J'imaginais cet endroit comme un refuge cool, qui protège de la solitude (c'est toujours plus facile de se faire des potes quand on vit avec que quand on les voit juste dans un cadre scolaire rigide). En tout cas, c'est ce que j'imaginais quand j'étais gamine. C'est clair qu'ensuite avec un regard d'adulte j'ai réalisé que le monde de Poudlard n'était pas plus safe que le mien, mais voilà, c'est une analyse d'adulte, a posteriori.
2) je pense qu'il faut remettre en perspective Harry Potter avec notre paysage culturel de l'époque. Personnellement, mes autres références quand j'ai commencé la saga, c'étaient les contes de Grim, Le Seigneur des Anneaux, Narnia, Tom Sawyer, Les Schtroumpfs, Astérix & Obélix, Les quatre filles du Dr March, Heidi... donc oui, à côté, Harry Potter c'était progressiste. Moi qui ai grandi avec des figures masculines et avec une image très négative de la féminité, des personnages comme Hermione ou McGonagall m'ont fait énormément de bien. Je trouve aussi que même les personnages masculins avaient des émotions qu'on ne retrouvait pas chez d'autres personnages masculins, dans Le Seigneur des Anneaux par exemple. Harry Potter est vraiment le premier livre qui m'a prise aux tripes comme ça, en me faisant m'attacher à fond aux personnages (puis j'ai découvert A la croisée des mondes<3). Le fait d'avoir grandi avec joue également : j'ai commencé vers 9-10 ans et j'avais 18 ans quand le dernier tome est sorti. Je pense que c'est plus facile de s'identifier à des personnages quand on évolue en même temps qu'eux que si on lit toutes leurs aventures d'un coup comme ça a été le cas avec la plupart des autres livres de mon enfance.
3) on s'est beaucoup approprié l'univers. Ok, Harry Potter c'est une histoire simple. Mais moi dans ma tête, ce monde je l'ai constamment nourri. Je me suis imaginée dedans, j'ai réfléchi à la maison dans laquelle j'aurais été envoyée si j'étais allée à Poudlard, je me suis créé un personnage dans l'histoire, j'ai joué à faire partir de ce monde avec une amie pendant plusieurs années (on avait nos baguettes magiques récupérées dans la forêt et customisées, nos potions dégueulasses qu'on laissait traîner partout dans la maison, nos listes d'ingrédients, nos formules magiques...) Dans ma tête, Harry Potter c'est beaucoup plus de choses que l'histoire de base.
Certains éléments de l'histoire ont également été le début d'une réflexion sur certains sujets. Par exemple, je me rappelle d'une longue discussion avec mon père quand j'avais 17-18 ans, dans lequel je lui avais expliqué l'histoire du pouvoir de l'amour. Cette discussion nous a permis de partager énormément de choses sur nos visions de l'amour, de la famille, et même de notre relation, entre père et fille. Il me semble que c'était une des premières longues discussions à cœur ouvert que j'ai eue avec mon père, et elle m'avait fait énormément de bien. Et quand j'y repense 12 ans plus tard, je pense que plusieurs de mes choix et opinions ont été influencés par cette discussion qui, à la base, partait juste de l'histoire un peu kitsch d'une mère qui protège à vie son enfant grâce au pouvoir de l'amour.
Juste une précision, je ne voulais pas du tout dire que c'était stupide de s'investir autant dans Harry Potter, de s'en appoprier l'univers ou d'y trouver beaucoup de réconfort! Juste que je trouve surprenant que cette oeuvre ait paru plus progressiste par essence qu'elle ne l'était réellement à tel point que certains fans semblent tomber des nues comme si JKR avait toujours été une grande figure du progressisme sociale. Donc je comprends totalement que tu aies pu tant t'identifier à l'oeuvre et que tu y aies trouvé une richesse qui t'es propre et dépasse Rowling.
Je ne dis d'ailleurs pas qu'Harry Potter est problématique en soi, en tout cas pas plus que de nombreuses autres oeuvres (moi, mon imaginaire a été construit notamment autour de Peter Pan écrit par un possible prédateur pédophile à l'intention de ses victimes présumées, et des légendes de la Table Ronde où il est très largement question de "c'est quoi être un vrai bonhomme" et "est-ce légitime d'exiger l'amour d'une femme sans trop lui demander ce qu'elle en pense?" et j'en ai tiré des enseignements très positifs pour la construction de mon identité de femme moderne donc bon :yawn:). C'est juste que ce n'est pas non plus une oeuvre politiquement très engagée et le fait que les opinions de Rowling soit décevantes n'a à mon sens pas tellement de lien avec ce qu'on a pu retirer de l'oeuvre en grandissant :hesite: (après, on peut quand même décider de boycotter ou autre, c'est un choix politique tout à fait légitime, mais à mon avis distinct de l'oeuvre en elle-même!)

Pour ce qui concerne le contexte fictionnel de l'époque et les personnages féminins, j'imagine que ça dépend de ce à quoi on avait accès mais je maintiens qu'Hermione et McGonagall n'étaient pas particulièrement révolutionnaires, même pour l'époque!
Il y avait de nombreuses héroïnes de littérature jeunesse avant Harry Potter (Alice détective et les soeurs Parker, Fantômette, les filles du club des 5 et du clan des 7, le Club des baby-sitters, etc.). Elles n'étaient pas forcément hyper modernes, mais elles avaient le rôle principal, entretenaient des relations amicales solides avec d'autres femmes et faisaient preuve d'une grande intelligence ou d'autres qualités clés.
En dehors de la littérature jeunesse, de nombreux contes de fées et dessins animés, en particulier Disney et les séries inspirées de mangas comme Cats' Eyes ou Lady Oscar, mettaient des femmes au centre de l'intrigue. On peut voir durement le portrait de ces femmes, mais il n'empêche que c'était LEUR histoire, LEURS qualités et LEUR parcours qui comptait, et parfois avec beaucoup plus d'indépendance qu'on ne le décrit aujourd'hui.
Dans la bande dessinée aussi, on a des personnages féminins imparfaits certes, mais qui étaient déjà importants et accessibles à un jeune public depuis longtemps comme Yoko Tsuno, Aaricia et Kriss de Valnor (Thorgal), Lauréline (Valerian), etc.
Et tout au long des années 90, alors que la saga HP se développait, on a aussi vu beaucoup fictions avec des personnages féminins principaux qui se sont développées à destination d'un public jeune ou adolescent (à la télé il y avait Sabrina, Buffy, Charmed, Roswell, Dark Angel etc., dans la BD on avait Mélusine, etc., dans la littérature jeunesse beaucoup de sagas ciblaient principalement les filles avec des héroïnes filles comme Animorphs, etc.).
En tout cas pour moi qui ai commencé Harry Potter un peu avant la sortie du tome 4, je ne trouvais pas particulièrement ces personnages féminins originaux ou nouveaux, contrairement à des sagas comme Game of Thrones ou des séries comme Buffy qui je pense ont vraiment révolutionné la place des femmes dans la fiction grand public, malgré toutes les critiques qu'on en peut faire.
Après effectivement, j'imagine que ça dépend de ce qu'on a eu sous la main à l'époque et je peux comprendre qu'on ait adoré Hermione pour ces raisons, mais je ne crois pas qu'elle était particulièrement originale comme héroïne, même pour l'époque!
 
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Kestrel

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@MorganeGirly je précise que je ne me suis pas du tout sentie visée par ton message, et je ne pense pas non plus que tu aies dit que c'était stupide de s'investir autant dans Harry Potter !
J'ai plutôt rebondi sur ton message parce qu'il me permettait de réfléchir à ce qui faisait que j'accorde autant d'importance à Harry Potter tout en étant consciente de ses limites (et d'autant plus après avoir fait des études littéraires et découvert d'autres œuvres beaucoup plus complexes).

Tu cites Le club des cinq, effectivement il y avait des filles dedans, mais j'en ai un souvenir plutôt exaspérant. Il faut dire que j'étais très "garçon manqué" à l'époque, j'ai mis des années à accepter le fait d'être une fille. Il y avait effectivement des personnages féminins dans mes lectures, mais vraiment très peu auxquels je pouvais m'identifier, et c'est ça qui m'a manqué. J'ai l'impression que j'avais deux options : les stéréotypes féminins, qui aiment les robes, sont polies, rêvent de fonder une famille, etc. et les aventurières/guerrières. Et moi qui étais une fille timide, peu courageuse, toujours plongée dans les livres et qualifiée de "bizarre" par mes camarades, je ne me retrouvais dans aucun personnage. C'est ça que je veux mettre en avant, plutôt que l'absence de personnages féminins.
Ensuite, tu cites pas mal de dessins animés, séries et films et là je dois dire qu'ayant grandi sans télé, c'est tout un pan de la culture que j'ai loupé. Et je pense également que mes lectures étaient globalement plus celles de mon frère et de ma sœur, beaucoup plus âgés que moi, et donc plus des trucs populaires dans les années 70-80 que dans les années 90 de mon enfance. Je le sens quand je discute avec mes ami.e.s de mon âge, j'ai l'impression qu'iels parviennent à citer beaucoup plus de modèles féminins de leur enfance que moi... je pense que j'aurais vraiment adoré découvrir Game of Thrones plus tôt, et que ça m'aurait fait beaucoup de bien de regarder Buffy quand j'étais ado.
Mais en fait, tout ça aussi, c'est une analyse a posteriori. Je pense que sur le moment, ça m'allait de lire des livres avec des héros masculins, je m'y identifiais aussi. C'est après coup que j'ai réalisé que ça m'avait fait du bien d'avoir des personnages féminins qui me correspondaient plus que ceux du Club des cinq. Je me dis que si j'avais eu plus de modèles comme ça, j'aurais peut-être pas mis 15 ans à accepter l'idée d'être une fille. :sweatdrop: Mais sur le moment je ne m'en rendais pas compte, et je ne pense pas avoir une seule fois vanté les mérite de la saga en disant "lisez-le c'est plein de personnages féminins cool !" C'est plutôt le côté émotionnel que je mettais en avant. (Et aussi le fait que je suis une passionnée de sorcellerie depuis toute petite, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle on m'a offert le premier tome d'Harry Potter, alors que c'était pas encore très connu en dehors de l'Angleterre ^^).
Après, je pense que je n'ai jamais considéré Harry Potter comme une œuvre particulièrement progressiste. Je dirais plutôt qu'elle était différente de ce que j'avais pu lire avant. Je ne fais d'ailleurs pas partie des personnes qui tombent des nues de découvrir le "vrai" visage de JKR, que je n'ai jamais considérée comme un modèle (ne serait-ce que parce que j'ai appris dès mon plus jeune âge à ne pas considérer d'un très bon œil les personnes qui sont pétées de thunes :cretin:).
Ensuite, je pense qu'il y a aussi autre chose qui m'a fait défendre Harry Potter bec et ongles pendant longtemps : j'ai fait des études littéraires, et je ne compte plus le nombre de fois où on m'a sorti que c'était pas de la "vraie" littérature. Et ça m'a toujours gonflée d'entendre ça (je déteste le purisme culturel, qui est pour moi très lié au mépris de classe). Je pense qu'à mes yeux Harry Potter représentait aussi une littérature plus populaire, plus accessible à tous. D'ailleurs je connais pas mal de gens qui sont fâchés avec la lecture (voire ont carrément des difficultés avec le langage écrit), et qui ont quand même lu Harry Potter. Et ça me plaît énormément, ce pied de nez aux défenseurs de la Littérature avec un grand L.

Donc au final, même si je répondais à ton message, je crois qu'on est totalement d'accord ! D'ailleurs je ne tiens pas particulièrement à défendre Harry Potter ici. C'est une saga qui a été très importante pour moi et qui va le rester, mais je ne tiens pas forcément à ce que ce soit le cas pour tout le monde. Et je trouve très important d'être conscient de ses failles et de ses limites.
 
16 Septembre 2012
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J’ai jamais été tres fan de Harry Potter, j’ai toujours trouve ca tres simpliste et que Harry avait autant de personnalité d’un mug, j’ai donc abandonné des le troisième tome et vu les films parce que mes amis m’ont traine de force au ciné . Mais c’est vraiment la quête du héros basique, saupoudre de « soit gentil, pas méchant, c’est pas gentil d’être méchant ».
Pour JK, sur Twitter, ca me les pompait fort qu’elle rajoutait des details sur sa série 20 ANS après, et rajoutait des soit disant personnages diversifies, noirs ou gay ou juif pour surfer sur la vague du « woke » pour se faire acclamer par ses fans et renflouer son ego comme un vampire qui survit en pompant des louanges pour satisfaire son ego Alors qu’elle a fait le minimum syndical.
Il y a une série qui a fait beaucoup mieux en parlant de guerre, de moralité, de traumatisme, déshumanisation, de genocide , qui a plus de personnages divers et qui est sorti 2 ANS avant Harry Potter : Animorphs. L’autrice ne prend JAMAIS ses lecteurs pour des jambons, quand elle montre un genocide elle montre un genocide, parle de la moralité d’utiliser des agents de guerre biochimique pour tuer leurs ennemis... Les enfants font des choses discutables, commettent des meurtres er autres atrocités, changent pour le pire , sont traumatises... Bref, beaucoup plus de mérite. Et puis l’autrice, elle, reconnait qu’elle n’a pas pu écrire de personnages LGBT dans Animorphs, mais au moins, elle et son co auteur de mari ont par la suite écrit plus de personnages LGBT (et de couleur, et handicapes) dans leurs series suivantes, comme Gone ou BZRK.
 
Dernière édition :
12 Juin 2018
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Je ne suis pas d'accord avec la prétendu simplicité de Harry Potter, d'autant qu'on parle de 7 livres avec des dizaines d'arc très différents avec des personnages qui évoluent sur un spectre moral très variable. On peut discuter de la pertinence des choix narratifs, après.

Du coup ça me donne presque envie de les relire pour voir si des passages m'exaspère raient aujourd'hui :hesite:

Si on en est à citer de la fantasy jeunesse j'ai une liste longue comme un boa à vous conseiller :caprice:
 
21 Septembre 2015
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Oui alors le débat "un.e auteur.ice" a des opinions sexistes/racistes/homophobes/transophobes, faut-il continuer à le.la lire/soutenir très bien, ayons le (et ça couvrira un bon pan de la littérature, même en se concentrant que sur les auteur.ices en vie).

Mais considérer l'oeuvre de JKR simpliste je trouve ça méga méprisant d'une part, et très sexiste de l'autre. Vous pouvez très bien détester JKR sans tomber dans cette critique là. Dans le même genre quand Céline est critiqué pour son antisémitisme, personne ne répond, "oui Voyage au bout de la nuit je sais c'est pas du génie littéraire, mais j'ai un attachement émotionnel avec, j'ai grandi avec les bouquins, donc jamais je pourrai cancel cette oeuvre".Or j'ai l'impression qu'ici que personne ne veut reconnaître, même pour ceux qui y sont attachés mais en grand désaccord avec JKR, que la série Harry Potter est une très belle série. (Je prends l'exemple de Céline car je sais très bien qu'on se permet de critiquer la littérature jeunesse/ado, encore plus d'une femme, comme on se permet pas de critiquer les Prix Nobel de Littérature qui au demeurant peuvent avoir écrit vachement de la merde).

La construction du monde d'Harry Potter est du génie comme il s'en voit très rarement dans les oeuvres de fantasy. Elle est liée au folklore anglais notamment de manière magnifique. C'est aussi pour cela que c'est devenu aussi populaire, et que ça c'est bien intégré à notre mythologie globale au point qu'il est difficile aujourd'hui de penser sorcellerie sans l'interprétation de JKR. Est-ce qu'on peut reconnaître le talent là où ça en est, même quand ça vient d'une femme, et même dans une oeuvre populaire ?

Je me prononce par sur le fond du débat parce que je pense que ça demande de quitter le cas Rowling pour interroger de manière générale notre déification des auteurs. Je rebondis juste sur le point "séparer l'oeuvre de l'artiste" que @Mymy rappelle dans l'article. Je pense que sur ce point on peut comparer JKR à des auteurs qui ont fait preuve d'intolérance (donc antisémitisme pour Céline, sexisme pour HP Lovecraft, transphobie pour JKR). Cela me paraît assez malsain par contre de les mettre au même niveau que des personnes qui ont commis (ou ont été accusés) des crimes, soit le meurtre pour Cantat et le viol pédophile pour Allen et Polanski (et d'autres). Le débat se pose dans les deux cas mais, il me semble, pas avec la même intensité.
 
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