@Chat-au-Chocolat Je me permets de te poker ici car ce que tu dis sur l'angle mort du féminisme au sujet de la maternité m'a interpellée et interessée.
Personnellement, j'ai l'impression que ça fait une dizaine d'année que le féminisme s'est emparé du sujet, à des degrés divers selon l'angle d'approche. Mais je pense aussi qu'il y a toute une partie de ces discussions qui sont internes aux cercles liés à la maternité, où les mères féministes parlent entre elles de ces aspects
De mon point de vue, il y a plusieurs angles d'approche et plusieurs vagues
- le premier aspect est celui que tu mentionnes, de cesser de considérer que la maternité est une étape obligatoire et que les mères ont atteint le level au-dessus de la vie d'une femme
J'ai l'impression que ça fait 10-15 ans que le féminisme en parle et tente de faire passer ce message. Ca percole très mal dans la population, mais il ne me semble pas du tout que le sujet soit mis sous le tapis dans les cercles féministes.
Ne serait-ce que ici sur Mad, où la question de la maternité a longtemps été taboue. Ou sur des comptes IG qui ont quand même pignon sur rue
La discussion plus récente sur le regret maternel y aide aussi pas mal, et a généré beaucoup de discussions.
Dans mon entourage pro, les jeunes femmes de 20-30 ans disent facilement qu'elles ne savent pas si elles veulent un enfant. Ca n'est plus une réponse automatique (même si je suis entièrement d'accord que la pression sociale à en avoir reste forte)
- Un autre aspect a été de considéré que les mères étaient responsables de la victoire du féminisme, car ce sont elles qui élèvent les hommes de demain.
Dire que je ne suis pas fan de cet aspect est un euphémisme.
Parce qu'une fois encore, ce sont les femmes qui sont responsables. Les mères de petites filles peuvent crier "perchées !" et regarder les mères de petits garçons se dépatouiller pour lutter contre l'influence de la société toute entière pour éduquer leurs enfants.
Je veux éduquer un petit garçon féministe, je m'informe beaucoup pour ça, mais je déteste ces "hot takes" du type "mères éduquez vos fils"
- Un autre angle d'approche du féminisme a été de vouloir réinsister sur le fait que c'est aux pères de prendre leur place.
Demander un congé paternité plus long (ce qui a été obtenu même si c'est pas encore suffisant) par exemple.
Pour moi, ça c'est pas éludé par le féminisme non plus
Par contre, à mes yeux, y a un truc qui est peut-être plus difficile à concevoir quand on est pas dans la situation est que pour moi, il y a pas mal de féministes qui ne veulent pas inclure les mères dans leurs réflexions.
Soit parce qu'elles sont jeunes et pas encore concernées, et considèrent les mères comme la génération du dessus qui seraient de toutes façons "perdues pour la cause". Soit parce qu'elles sont CF et considèrent +/- les mères comme des vendues au patriarcat.
Lors d'une discussion sur le forum, une personne m'a frontalement dit que son état d'esprit était bel et bien "tant pis pour toi si tu as fait un enfant comme la dernière des soumises au patriarcat". Et c'est un état d'esprit qui apparait en filigrane dans certaines discussions féministes selon moi.
80-90% des femmes auront un enfant.
Il peut effectivement être pertinent de voir si en travaillant sur les injonctions à la maternité, ce nombre diminuerait. Mais je doute qu'il passe sous la barre des 50%.
Et même s'il n'y avait que 10% de femmes qui ont des enfants, les exclure du féminisme a 0 sens pour moi.
Pour moi, c'est ça l'angle mort dans certains cercles féministes. C'est de ne pas vouloir inclure ces discussions sur la maternité.
Après, comme je disais, il y a pas mal de discussions sur la maternité et le féminisme entre mères féministes. Mais ça reste souvent cantonnés à des cercles de personnes ayant des enfants
(j'espère que ceci n'est pas trop décousu)