@Kaeloolagrenouille
J’ai beaucoup apprécié ton post, et je suis convaincue par toutes les nuances que tu amènes.
Peut-être que mon agacement face à la binarité des discours sur la parentalité (notamment le fait qu’elle est souvent présentée comme un sacerdoce jusqu’à la mort) me conduit à forcer le trait. Je ne pense pas du tout, en effet, que la parentalité soit une simple parenthèse sans effet sur le reste de la vie une fois que les enfants sont plus autonomes ou qu’ils ont coupé le cordon. Mais je ne pense pas non plus que les parents soient des gens qui renoncent irrévocablement à leurs passions, qu’ils ne peuvent plus accomplir autre chose dans leur vie, et que l’épanouissement individuel ne soit plus possible. Mais ton post préservaient ces nuances mieux que je ne le fais
A vrai dire, c’est un sujet qui me tient assez à coeur… dans l’éducation que je donne à mes enfants

(parce que j’ai eu le contre-exemple de ma mère qui s’est complètement fondu dans sa maternité et c’est problématique à bien des égards, la façon dont elle a vieilli à partir de la quarantaine, désœuvrée et suspendue à ses enfants pourtant autonomes, est assez tristoune). J’aime par exemple beaucoup lire et dessiner, il m’importe TRES FORT de faire comprendre à mes enfants (encore petits) que j’ai besoin de cultiver cet espace, que c’est mon jardin à moi, qu’ils doivent le respecter et… cultiver le leur. Faire respecter cette barrière est fondamental pour ma santé mentale, même si aujourd’hui ça reste symbolique parce qu’ils sont en bas âge et qu’ils ont effectivement beaucoup besoin de moi (je ne prétends pas que je suis une femme libre parce que je dessine des pâquerettes le dimanche devant mes enfants m’voyez, mais je veille déjà à leur envoyer le message ostensible que moi aussi, individuellement, je fais des choses
pour moi). Je n’ai pas du tout envie que mes enfants aient la sensation que ma vie leur est dédiée et que tout mon rapport au monde se joue à travers eux. Et dans le fond je pense que c’est aussi un cadeau que je leur fais que de cultiver farouchement mon individualité, mes envies et mes passions : mon épanouissement n’est pas suspendue à leurs choix, à leurs réussites et à leurs échecs. Enfant, j’ai senti très fort à quel point ma mère se définissait par rapport à nous, et je pense que ça a inhibé, ou en tous les cas compliqué, pas mal de mes élans ainsi que la découverte de qui j’étais,
moi, indépendamment de ce que mes parents pouvaient penser ou souhaiter.