Je ne supporte pas les contextes où on peut, voir où on doit, négocier avec des personnes avec lesquelles on ne partage aucune complicité.
La négociation qui a plus pour objet le rapport social que la marchandise convoitée ne me met pas trop mal à l'aise. Par exemple quand je suis sur un vide-grenier ou ce genre de choses, et que je tombe sur un vendeur marrant et avec lequel il y a un feeling humoristique, j'arrive à rentrer dans la négoce (quoi que, il faut qu'on m'y incite -que je sois avec des amis qui négocient par exemple-, je n'initierais que très rarement la négociation de moi-même). Je vois que la négoce fait partie de l'esprit, et surtout que je suis en face d'une personne pour qui c'est un plaisir de négocier, alors ça m'amuse et je rentre dans le jeu, même si au fond je m'en fous un peu de la façon dont le prix se verra modifié.
Par contre la négociation qui a plus pour objet la marchandise convoitée me met trop mal à l'aise. Je déteste vraiment devoir négocier parce que c'est dans la norme de le faire, même s'il n'y a aucun feeling avec le vendeur (vides greniers donc, mais aussi marchés, brocantes, friperies, évènements privés (quoi que ça, l'esprit privé me gêne alors je n'y fourre pas trop les pieds, j'y suis juste tombée cet après-midi)).
J'ai l'impression d'être un gros pigeon ou une fille pas dégourdie quand, dans ce genre de contextes, je suis face à un vendeur, qu'on n'échange aucun mot, qu'il me dit le prix, que je lui file pile le compte sans essayer de négocier, et que je m'en vais avec mon achat en poche. Je me sens un peu pigeonne parce que j'imagine que bien souvent, le prix indiqué par le vendeur est négociable puisque c'est une des coutumes de ce genre de ventes...
Et en même temps, je ne supporterais pas d'essayer de négocier avec ces personnes alors qu'on n'a aucun atomes crochus. Je sais que ça se fait, mais je n'y prendrais aucun plaisir instantané (le seul plaisir pourrait être celui de l'après, au moment où je réalise que j'ai fait une bonne affaire).
Ma peur de chiner, de me mettre dans la position de la personne qui attend de l'autre une « faveur » ou un compromis, ma gêne face au côté très instrumental de la scène, prend le pas sur mon désir de voir le prix baisser.
Et même parfois quand je m'entends bien avec un vendeur et qu'on est complices, je m'en veux au moment où il faut entrer dans la négociation, j'ai l'impression de donner l'impression (
) d'avoir créé la complicité juste pour ensuite pouvoir négocier, alors que la plupart du temps c'est l'inverse. Et en même temps, si je ne négocie pas, je loupe une occasion en or, parce que quand tu rigoles avec le vendeur il y a de fortes chances qu'il soit plus apte à négocier. Mais je sais pas, je vois toujours ça comme une sorte d'entourloupe, alors que c'est juste « jouer le jeu ». Ça m'énerve d'être aussi coincée par rapport à tout ce qui touche aux négociations, j'ai une espèce d'orgueil mal placé qui fait que je n'aime pas devoir brader face à des inconnus, mais c'est grotesque que ça apparaisse dans des contextes où la braderie est quelque chose de « normal ».
@mojave et @mandorle : Méga big-up !