Ok, là j'ai envie de péter un énoooooorme coup de gueule. J'suis désolée ça va être moche et gros mais là ça me saoule.
Genre, est-ce que je suis la seule à avoir l'impression qu'en dehors de mes collègues au collège (qui sont trop cools), le prof' type c'est... un vieux réac' complètement imbu de sa personne et de son énooooooooooooorme savoir qu'il vient, grand seigneur, délivrer à des élèves ingrats que plus rien n'intéresse ?
Je m'explique : dans un groupe FB, que peut-être certaines d'entre vous connaissent, un débat a été "lancé" (à l'insu de la personne qui posait la question, je crois) quant à la possibilité et la pertinence de faire sauter une classe au collège. Et bien sûr les vieux réacs se sont ramenés : et gnagnagna, et moi je m'y opposerais quel que soit l'élève, il/elle va rater des contenus importants, en plus elle (dans le contexte de la question posée par un collègue) va se retrouver avec les garçons en rut de 4e... J'aurai du mal à condenser le contenu d'une cinquantaine de commentaires, mais ce qui me frappe à chaque fois qu'un débat de ce type est lancé, c'est à quel point une bonne partie des profs refuse tout simplement de se remettre en question.
En fait, j'me dis que tout ça, c'est des gens qu'ont jamais eu aucune difficulté avec le système scolaire et qui donc peuvent même pas concevoir qu'on puisse y être réfractaire, qu'on puisse ne pas trouver sa place dedans... Et en fait ça me révolte, parce que j'me dis que tant qu'on aura des profs égocentrés et déconnectés de la réalité des élèves, bah on continuera à avoir des gamins dégoûtés de l'école. Pourtant je dis ça en ayant moi-même été considérée comme une "tête de classe", une "gamine précoce", etc.
La question des contenus m'a fait bondir, pour la simple raison que, comme quelqu'un l'a dit (Dieu la bénisse), 'faut arrêter de croire qu'en tant que profs on est les seuls détenteurs et surtout les seuls passeurs du savoir. Au contraire, perso' j'étais bonne élève donc, parce que j'avais d'énormes facilités, mais concrètement l'école ça m'faisait chier, les autres élèves me faisaient chier parce que je les trouvais trop cons, et les profs me faisaient chier parce que je les trouvais quasiment tous prétentieux et despotiques (Plus de dix ans plus tard, arrivée de l'autre côté, je constate que j'avais pas tort...) Là où j'ai le plus appris, du coup, c'est pas à l'école, mais de moi-même, en autodidacte :
- la littérature, la langue, j'ai appris en lisant énormément et en faisant des recherches sur Internet (pour analyser plus en profondeur).
- l'anglais, j'ai appris en lisant des fanfictions en anglais et en regardant des séries en vo.
- l'histoire, j'ai appris de OUF quand j'étais dans ma période Hetalia (un manga qui personnifie les pays, avec une tendance boyslove comme on aime).
- la philosophie, j'ai appris, deux ans après ma terminale mdr, de mon côté, encore une fois en lisant et en recherchant.
Le point commun, dans tout ça, c'est que j'ai appris (de manière vraiment solide et approfondie, j'veux dire, pas appris pour avoir une bonne note au contrôle) à partir du moment où ça prenait sens pour moi, où y'avait un intérêt à savoir tel ou tel truc. Et tout ça, bah ça m'est resté jusqu'à aujourd'hui. On peut clairement pas en dire autant de tout ce que j'ai "appris" à l'école.
Tout ça pour dire que, déjà, il faudrait peut-être accepter de faire rentrer, dans la manière dont on conçoit son enseignement, le fait que les élèves, a priori, ils ont pas envie de savoir c'que t'as à leur apprendre. 'Faut arrêter d'croire qu'ils attendent que ça de toi, que tu viennes les gaver de culture et de savoir comme des oies dont on boufferait le foie une fois arrivées au bac. (Pardon je m'emporte.) Et faut arrêter de s'obstiner dans cette condescendance offensée qui résume le problème à : les jeunes ils sont cons, ils s'intéressent à rien, et blablabla... Oui, c'est vrai. (Pardon encore une fois, moi aussi je suis une réac'.) En attendant, rester à pleurer et à maugréer contre ces sales merdeux, à qui est-ce que ça profite ? Déjà, pas au prof' qui va finir aigri/dépressif/fou/etc. Et surtout pas aux élèves qui, si on continue à les enfermer dans cette vision de génération de merde lobotomisée par les réseaux sociaux, bah... vont continuer à être des merdeux lobotomisés par les réseaux sociaux. De fait.
Donc maintenant on fait quoi ? Bah. Peut-être que, mais juste peut-être hein, déjà arrêter de jouer les réacs élitistes ce serait un bon début. Comme ça, peut-être on peut envisager d'essayer de les comprendre, ces gamins : qu'est-ce qu'ils aiment ? qu'est-ce qu'ils n'aiment pas ? pourquoi le français (dans mon cas, mais ça pourrait être les maths, les sciences, n'importe) ça les intéresse pas de base ? qu'est-ce qui fait sens pour eux ? comment ils conçoivent la vie, du haut de leurs 11/12/13/14 ans ? qu'est-ce qu'ils savent déjà, qu'est-ce qu'ils ne savent pas ? qu'est-ce qui leur est facile, qu'est-ce qui leur est difficile ? Tout ça pour arriver aux deux questions ultimes :
- Comment je fais pour leur faire comprendre telle notion ?
- Comment je fais pour que les élèves donnent du sens à l'apprentissage de telle notion ?
C'est pas baisser son niveau d'exigences que de s'adapter aux capacités des élèves. Et puis au bout d'un moment, 'faut peut-être se rappeler aussi qu'en tant que prof' on est pas là pour faire étalage de notre savoir immense, mais bien pour apprendre quelque chose, de manière DURABLE, aux élèves.
Et bref, ça m'révolte de savoir que tous ces gamins vont rester avec leurs lacunes, avec leur manque de culture, de curiosité, d'esprit critique ; et qu'ils vont potentiellement galérer toute leur vie... tout ça parce que l'Éducation nationale pullule de profs qu'ont pas compris leur métier et qui pourrissent le système entier avec leurs énooooormes égos de merde.
... Je m'excuse profondément pour ce pavé vulgaire, décousu et agressif (quoique c'est pas du tout contre vous, vous vous êtes cools, au contraire vous m'redonnez foi et m'empêchez d'penser que l'EN est foutue pour encore je ne sais combien de générations
) ; mais vraiment ça m'dégoûte et ça fait des mois que ce constat mûrit et grossit dans ma tête et m'énerve au quotidien. 'Fallait que ça sorte. J'éditerai si y'a quoi que ce soit qui vous dérange, n'hésitez pas à me dire.