Le topic des profs ou futurs profs !

[Iris Chase]

Bonjour à toutes,
J'aurais besoin d'aide les Madz. Voilà je vous résume le souci : un de mes collègues me harcèle (pas de manière sexuelle) et je n'en peux plus, ça me bouffe mon moral et mon énergie, ma confiance en moi et ma volonté de pousser les élèves et moi même vers le haut (et il en faut de tout cela pour enseigner). J'ai pensé à aller en parler à mon CDE avec un élu syndical, le problème c'est que le collègue qui me harcèle est lui-même une de ces personnes syndiquées, qui imposent leur loi ou presque aux chefs d'établissements et que tout le monde craint / respecte, car justement normalement ils sont ceux qui défendent notre profession et nos conditions de travail. Du coup je crains de confronter ce collègue qui me maltraite moralement (soyons clairs là-dessus) car généralement ce genre de personne a tout pouvoir ou presque dans un établissement scolaire... Que me conseillez vous donc de faire ?

 

[Ratatatouillette]

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[Polynie]

@Iris Chase

Spoiler: Quelques pistes

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@Ratatatouillette Ta question est au bon endroit ! Je vais te répondre avec mes 2 ans et demi d'expérience en tant que professeur d'HG.
Je crois qu'il ne faut pas chercher une utilité pratique à tout ce que l'on apprend au collège et au lycée. L'instruction élève avant tout l'esprit : on ne fait pas des maths en Terminale S pour savoir recompter sa monnaie mais parce qu'on aime la rigueur, la beauté des maths (et après avoir abandonné les maths en 3ème, je redécouvre grâce à mes collègues et en ayant insisté sur le traitement des documents statistiques en histoire, le plaisir des maths. J'aimerais sincèrement prendre le temps de retravailler mes bases et de faire des maths pour le plaisir). Si l'on veut réfléchir à "l'utilité" de l'histoire et de la géographie, la réponse est simple : devenir des individus et des citoyens éclairés. Eclairés c'est-à-dire capable d'une réflexion argumentée et critique fondés sur des faits avérés scientifiquement. Sincèrement dans notre monde actuel, je crois que c'est fondamental : la seule source d'informations de la plupart de nos élèves sont les réseaux sociaux où tout et n'importe quoi circule. Sans les savoirs, la réflexion apportée par l'histoire, la géographie et une culture scientifique solide fournies par les sciences, ils risquent de devenir des personnes facilement influençables, crédules et in fine plus facilement exploitables. Réfléchir en géographe c'est éviter pour des personnes de tomber dans le piège de "l'Europe envahie par les migrants, les terroristes etc" parce que l'on a appris que les migrations internationales se font principalement entre les pays dits "des Suds". On a vu avec l'élection de Donald Trump, l'affaire Cambridge Analytica et le Brexit combien il pouvait être facile d'influencer quelques milliers, dizaines de milliers de personnes et de faire basculer une élection en diffusant des tracts électoraux, des fausses informations. Le savoir est une première barrière contre ces infos mensongères, partielles, vagues qui sont utilisées à des fins politiques, électoralistes. Pour être plus terre à terre, en histoire-géographie, en collège comme en lycée on apprend les méthodes et exercices propres aux deux disciplines : les croquis de géographie, le commentaire de document, la composition (le récit historique en collège).
Si tu as des questions sur le Capes n'hésite pas.
EDIT : Oui, certains élèves aimeront nos disciplines (et davantage l'histoire que la géographie) et poursuivront leurs études dans cette voie (peu au final). Le cours d'HG peut aussi susciter la curiosité et l'émerveillement des élèves, quelque soit leur âge (surtout chez les "petits" au collège : la préhistoire et l'Egypte ancienne ont toujours du succès) parce qu'on parle d'autres temps, d'ailleurs qu'ils ont du mal à se représenter (en partie parce qu'ils maîtrisent mal les repères géographiques et le repérage dans le temps, parce que parfois ils ne font pas/ pas beaucoup d'HG en primaire).
EDIT 2 : Alors oui, tous les élèves ne se souviendront pas de tout. Oui, certains élèves en Terminale indiqueront que la France se trouve en Espagne et que la Belgique se trouve en France...

 

[Iris Chase]

@Polynie Merci beaucoup pour ta répnse et tes conseils ; je vais en effet faire comme ça ! J'ai gardé tous ses email, malheureusement pas ses textos mais c'est pas grave, et j'envisage de l'enregistrer la prochaine fois qu'elle m'agresse oralement !

 

[Naede]

@Iris Chase courage pour faire face à ça

@Ratatatouillette j'enseigne aussi l'H-G et comme @Polynie je pense qu'il ne faut pas chercher d'utilité, la culture et le savoir élève l'esprit, force à s'ouvrir à d'autres choses. Au-delà de dire que connaître le passé aide à comprendre le présent, c'est surtout pour moi un apprentissage des autres, une formation de la personne comme individu. La lecture du dernier chapitre des 12 leçons sur l'histoire de Prost m'a beaucoup marqué. L'histoire te force à sortir de toi-même, à essayer de comprendre le point de vue de l'autre, à faire l'expérience de l'autre. Certains élèves s'exclament parfois que tel personnage historique est "stupide" d'avoir réagi comme ça et on essaye en classe de dépasser ça, de comprendre, d'expliquer.
C'est aussi leur faire prendre le réflexe, ou du moins essayer, de comprendre un évènement, de chercher les causes, les conséquences et ne pas être juste sur l'évènement. On peut aussi les aider à être "libre" en leur faisant comprendre que les individus sont à la fois pris dans des contraintes mais qu'ils prennent aussi des décisions, leur faire comprendre que l'histoire bégaye sans se répéter. Sans faire trop de "si il ça s'était passé comme ça...". J'aime bien demander à mes élèves de me dire comment tel acteur/groupe de personne auraient pu réagir. Je crois beaucoup aussi à la défatalisation de l'histoire.
Au delà de ça on travaille aussi beaucoup de compétences utiles en général: la lecture et la compréhension d'un document, la rédaction de textes ordonnés, la mise en forme du temps et de l'espace...

Bref désolé pour ce post foutraque mais mes 3 bières commencent à m'embrouiller le cerveau.

 

[Ratatatouillette]

Merci @Polynie et @Naede pour vos réponses
En effet, cela permet toutes ces choses mais c'est vrai que j'avais du mal à visualiser si cela avait vraiment un effet sur les élèves. Mais j'imagine que oui en fait
Et du coup, si je devais être prof ce serait histoire ou SES mais en ayant fait de la sociologie je ne sais pas si c'est possible d'essayer le Capes d'HG... Sachant que pour l'instant je ne suis pas du tout calée sur plusieurs périodes historiques... Vous en pensez quoi ? Merci

 

[Polynie]

@Ratatatouillette L'effet sur les élèves est difficile à juger, à percevoir à long terme.
Ce n'est pas gênant pour le CAPES mais cela te demandera plus de travail. Je suis géographe avant tout même si j'ai fait beaucoup d'histoire et en tant que T2 je dois encore me replonger régulièrement dans les manuels car il y a des périodes que je n'ai absolument pas étudiées : par exemple là, pendant les vacances, je veux relire de la médiévale (j'en ai fait 2 semestre durant mes études et c'est la période que je trouve la plus dure à appréhender) et pour les Terminales, je dois avaler des bouquins sur la Chine depuis 1949 : j'ai de vieux et fragiles souvenirs de ma propre première quand j'avais étudié La Condition humaine en lettres et quelques bases mais c'est loin d'être suffisant pour faire un cours de niveau bac !

 

[Ratatatouillette]

D'accord @Polynie merci de ta réponse ! C'est vrai qu'avec cette double discipline déjà, on n'a forcément pas étudié à fond les deux matières, mais moi cest carrément aucune des deux...
Mais ça doit être faisable avec du travail oui. Bon je vais réfléchir a tout ça alors

 

[Polynie]

Aux Madz qui sont en vacances, profitez-en bien ! Et courage aux collègues de la zone C (vendredi, on y croit) !

 

[Jadina]

Bonjour, je m'excuse d'ores et déjà car je ne suis pas sûre que ce sujet soit le bon pour poster mon message.
Alors voilà, je suis en pleine réorientation (pour la seconde fois...). J'ai obtenu ma licence de droit l'année dernière, en septembre j'avais intégré un master en droit mais je me suis rendue compte que finalement ma place n'était pas là et après ces quelques mois de réflexion j'ai réalisé que le domaine de l'enseignement m'attirait particulièrement.
J'ai désormais l'intention de m'inscrire dans une ESPE pour la rentrée prochaine, j'ai lu que c'était possible si on était titulaire d'une licence mais je voulais vous demander si le fait que celle-ci soit une licence de droit n'allait pas me bloquer l'accès au master MEEF.

 

[Anfhidl°]

@Ratatatouillette Je réagis également entant que prof d'école, mais @Polynie a déjà dit beaucoup !
A l'école, je conçois l'histoire comme une ouverture sur le monde. Cela n'a pas d'applications "directes", comme le français ou les maths par exemple : apprendre à compter la monnaie pour des situations du quotidien, apprendre le passé composé pour écrire un récit...
Et je trouve ça chouette que ça se construise petit à petit, sur toutes les années de l'école, puis du collège.
Personnellement, je suis peu exigeante sur les dates et les "grands personnages" (ce n'est pas ma manière de concevoir l'histoire, d'ailleurs). Ce qui compte pour moi, c'est que les gamins comprennent en gros les mécanismes de cause/conséquence (quand ils sont présents) : par exemple, ce qui a amené la Révolution Française, et comment ça s'est poursuivi ensuite. A un stade vraiment premier, bien sûr, ils sont jeunes (en CM1). Et aussi, surtout, de leur donner le goût d'enquêter, de se poser des questions, de comparer avec l'actualité (Quand on parlait des états généraux, certains ont comparé le tiers-état avec les gilets jaunes.), de s'approprier cette matière vivante et passée pour, comme le dit @Polynie en faire des citoyens éclairés, avec leurs propres opinions. Tout comme y participent les sciences, la géo, l'EMC, les langues vivantes...
Après, j'imagine que ça dépend aussi de la manière dont chaque prof envisage l'histoire et comment faire cours.

J'entame ma deuxième semaine de vacances et ouah, ça fait du bien ! Je me lance dans un projet pour mes CM1, j'avance bien. C'est quelque chose qui me tient à coeur depuis mon année de PES mais que je n'ai jamais mis en oeuvre par manque de temps/idée/motivation. Et là, ça foisonne, ça se structure.
Je suis très contente. C'est quelque chose qui prend beaucoup de place dans ma vie et je suis contente d'en faire quelque chose pour l'école. (Ils vont vraiment en manger, de la culture bretonne, cette année )

 

[Naede]

J'ai désormais l'intention de m'inscrire dans une ESPE pour la rentrée prochaine, j'ai lu que c'était possible si on était titulaire d'une licence mais je voulais vous demander si le fait que celle-ci soit une licence de droit n'allait pas me bloquer l'accès au master MEEF.

Tout dépend de la matière que tu souhaites enseigner mais à priori rien ne te bloques à part peut être si ils arrivent aux capacités maximales et encore. La seule chose c'est que si tu ne souhaites pas être PE et que la discipline que tu souhaites enseigner est éloignée du droit, tu auras plus ou moins de travail pour te remettre à niveau pour le concours.