Salut!
Déjà, je m'avance peut-être un peu, mais je crois que personne ici ne viendra te taper sur les doigts!
J'en ai ma claque des collègues qui te disent que prendre des boulots mal payés nivelle les tarifs vers le bas et que c'est à cause de gens comme toi qu'il devient impossible de vivre de la traduction, mais qui pour autant refusent de te communiquer leurs tarifs et les contacts de ces fabuleux clients qui paient du €0.20 le mot voire du €500 la journée (véridique).
Sur mon CV, j'ai toujours affichée la fourchette de prix que ProZ recommandait pour mon domaine, pour ma paire de langue, et pour mes années d'expérience (pas de diplôme en traduction, mais un LLCE anglais et quelques années de LocQA pour ma part), qui était, attention, de €0.11 minimum (autant dire que je demandais quand même pas la Lune) et... j'ai jamais rien obtenu pour ce tarif.
Pour te donner une idée, ça fait depuis 2014 que je bosse dans la loca, depuis 2017 que je fais de la localisation pure dans mon domaine de spécialité et le client qui me payait le mieux me payait... $0.07 (après négociations, lol).
Sauf que j'ai des factures à payer, j'aime bien manger accessoirement, et donc oui, moi aussi j'ai accepté des boulots mal payés, si le client était ceci dit correct (j'avais un client qui par exemple payait $0.056 le mot, mais qui payaient TOUS les mots pareils, dans le sens où, dans mon domaine, je recevais parfois des projets déjà en grande partie dans la TM, et on ne me tronquait pas le tarif pour autant; ils avaient toujours des deadlines raisonnables, répondaient rapidement à mes questions, et me proposaient personnellement les projets au lieu d'envoyer un mail à tout leur pool de traducteur sur le principe du first come first serve) et ça me permettait de payer mes charges, de me payer un salaire et de mettre de côté.
Et j'ai accepté des boulots hyper nuls auprès d'entreprises chinoises (qui ignorent les weekends, pensent que ta semaine fait 100h et tes journées 48, t'envoient des fichiers pas préparés et ne maîtrisent pas assez l'anglais pour envoyer des mails clairs et/ou comprendre tes requêtes) payés $0.045 le mot (après négociations, re-lol) juste parce que c'était un projet de sous-titrage qui nécessitaient de s'y connaître en RPG, et que c'était une occasion absolument inespérée pour moi de pouvoir prétendre à un boulot de sous-titrage sans expérience dans le domaine, et d'ensuite pouvoir le mettre sur mon CV pour postuler à de meilleurs boulots (ce que j'ai fait, et j'ai bossé pour Deluxe et VSI, mais leur système se basant sur "premier arrivé, premier servi", j'ai réussi à chopper des boulots qu'une paire de fois. )
Après, cette année ayant été catastrophique, j'ai renoncé au freelancing car IMPOSSIBLE d'augmenter un minimum mes tarifs, même avec la justification de l'inflations et que j'en pouvais plus de vivre dans le stress permanent: le stress de pas recevoir assez de projets tous les mois, et, quand j'en recevais, le stress de pas réussir à tout finir dans les temps à cause des deadlines et des volumes insensés.
Donc au final, j'ai trouvé un boulot à temps plein en télétravail, ce sera beaucoup moins créatif que mon précédent domaine vu que ça va être IT/Marketing, mais au moins, je retrouve un peu de sérénité.
Beaucoup de courage, et surtout n'écoute pas les gens de l'industrie: certes, ça n'aide pas d'accepter des tarifs super bas, mais faut être réaliste aussi: quand tu te lances et/ou que t'as pas assez de projets pour vivre de la trad, c'est un peu dur d'aller imposer ses tarifs; ceux qui le font sont en général ceux qui ont d'autres clients à côté, hein.
Après, je suis d'accord avec
@P'tite Ju' que c'est hyper compliqué de relever ses tarifs ensuite (j'ai pas pu envoyer mon message pile après l'avoir écrit, et j'ai pu lire ton message qu'une fois le mien envoyé!), d'où l'importance de jamais mettre un minimum trop bas, et de bien négocier chaque nouveau client en fonction du travail requis, et d'élever au fur et à mesure de ton expérience ton tarif minimum quand tu prospectes de nouveaux clients.