@Aethelthryth @MorganeGirly Je suis vraiment à l'intersection entre vos deux opinions. Certes, Catherine Deneuve n'est (probablement) pas un monstre, et non, ça n'excuse pas pour autant son parallèle plutôt nauséabond entre "porc" et "pute". Mais qui forcerait la grande Deneuve à parler si elle ne le voulait pas? Plutôt que de dénoncer ou de défendre (notamment quand il s'agit d'une personne, à priori un homme, qui nous est proche), il reste toujours la solution de ne rien dire du tout, histoire de n'enfoncer aucun des partis sans preuve tangible. C'est ce qui me semble être le réponse la plus saine dans ces cas particuliers. Ca a été la posture de Scarlett Johansson quand on l'a interrogé sur les accusations portées sur Woody Allen, par exemple: "
Je ne suis pas au courant des répercussions de cette affaire. Et je suis sûre que les personnes impliquées ont leur propre explication. Ce n'est pas non plus comme si c'était quelqu'un qui a été poursuivi et reconnu coupable de quoi que ce soit. Tout ça, ce sont des hypothèses. Ce serait ridicule de ma part de faire quelque supposition que ce soit."
C'est un blabla informe et détaché probablement dicté par son attaché(e) de presse, n'empêche qu'elle a opté pour une position neutre, prenant le soin de n'accuser personne (elle parle de "personnes impliquées", donc accusé et accusatrices, non de Woody Allen en particulier, en précisant bien qu'elle ne lui jette pas la pierre puisqu'il n'a pas été "reconnu coupable"), alors qu'elle aurait surement eu plus d'intérêt à défendre ce cher Allen, qui, en plus d'être un monstre sacré du cinéma américain, a bien boosté sa carrière.
Deneuve, contrairement à Johansson, a décidé de prendre parti malgré tout, en faveur des agresseurs -de manière plus ou moins directe- et au détriment des victimes. Alors certes, je crois que cela peut s'expliquer par le décalage générationnel (même s'il y a des exceptions, nos grands-mères sont en général bien moins conscientes des injustices, inégalités et violences envers les femmes en tant que genre, puisqu'elles ont grandi dans un environnement qui normalisait ces comportements sans aucune voix divergente pour faire contrepoids, contrairement à notre génération), par l'attache émotionnelle (c'est mon père/frère/ami, il n'est pas capable de faire ça), mais j'y vois aussi une bonne dose de mauvaise foi: s'est-elle seulement renseigné sur les ressorts sociaux à l'origine des agressions sexuelles avant de décréter que porc=pute, ou que violer une fille de 16/17 ans vaut mieux que de violer une fille de 13 ans "parce qu'elle faisait plus âgée"?
Et sinon, au sujet de l'écriture inclusive, je suis un peu surprise que personne n'ait mentionné les solutions alternatives pour un langage plus inclusif. J'ai vu passer un article, par exemple, qui proposait d'accorder le participe passé ou l'adjectif au dernier sujet mentionné, genre "elle a mangé un concombre et une courgette, elles étaient vraiment délicieuses". Dans le même genre, utiliser le "elles" plurielle quand on sait que l'on parle d'un groupe composé d'une majorité de femmes. Et si l'on parle d'un groupe dont on ne connait pas la répartition hommes/femmes, citer les deux. C'est un changement que j'ai déjà constaté dans les discours politiques: il y a quelques années, quand on parlait de la "plèbe" on (le "on" est très pratique aussi comme énonciateur agenré) s'adressait aux "français", aux "citoyens". Depuis quelques temps, ça a évolué, et de plus en plus de politiques, commentateurs et commentatrices parlent de "français
et françaises", " citoyens
et citoyennes". Reste le problème de la féminisation de certains termes, de professions en particulier, mais c'est pas la fin du monde de faire la distinction entre "auteur" en "auteure", "jardinier" et "jardinière", "médecin" et "médecine" (qui est un terme qui existait jadis, me semble-t-il) , et ça me parait être une solution plus charitable que l'inclusion de tirets et de points à répétition dans le langage écrit.