En même temps, j'ai l'impression que ce sont souvent des femmes (ou des toutes jeunes filles/ado) qui se projettent dans le personnage d'Hermione et qui veulent la mettre en couple... Avec ce qui leur permet de vivre un peu par procuration à travers ce personnage. Parfois, bien sûr, ça donne des réalisations de qualité malgré tout. Mais parfois aussi, le but n'est plus d'écrire sur l'univers d'Harry Potter, en tâchant d'en respecter les modalités et d'y insérer une histoire qui s'appuie sur la cohérence des personnages et de leur évolution. Le but, c'est plutôt de prendre son pied, de se perdre dans l'écriture. Ce qui explique que certaines Hermione soient assez souvent plus des "Mary-Sue", comme on dit dans le jargon, qu'autre-chose. Elles sont parfaites. Elles sont intelligentes, ont de la "répartie" (autant que l'auteur peut se le permettre), sont essentielles à l'histoire, plaisent énormément aux garçons et ont souvent subi une transformation physique qui les font être des bombes ("Depuis quand était-elle aussi sexy..., se demandait Drago en se mordant la lèvre inférieure de plaisir, laissant son regard se promener sur ce corps parfait, et blablablaaa"). Et cela amène à des situations où les couples hors canons peuvent être très tentants.
Aussi, un nom de personnage, ça suggère souvent toute une histoire, pas forcément très précise, parfois comprise avec trop de manichéisme. Un nom, c'est une réputation, c'est une idée qu'on se fait, c'est un sentiment. Quand on le lit, même si on ne le connaît pas vraiment, ça nous inspire quelque chose de part ses caractéristiques ("Greyback" => Loup-garou et méchant) voire juste les sonorités de son nom (perso, quand j'ai découvert qu'un personnage s'appelait Rolf Scamander, j'ai tout de suite eu envie de lire à son propos... et comme il finit en couple avec Luna, bah il y a eu des gens pour m'écrire de quoi assouvir cette envie sortie, finalement, de nulle-part
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).
On entend "Greyback" (pour en citer un peu connu et donc, finalement, très surprenant à mettre avec Hermione), on a beau ne pas trop le lire, on a cet image d'un loup garou sanguinaire, qu'on peut se présenter comme sexy si on le souhaite et que seul Hermione saura dompter, parce qu'il a un bon fond en réalité, il lui fallait juste CETTE fille pour s'en rendre compte. Cliché du Bad Boy, donc finalement, on cherchait juste un type d'homme, et on a pioché le nom qui nous évoquait le plus de choses.
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On lit "Rogue", on a l'imaginaire collectif d'un Rogue sexy à souhait (bizarrement, ses cheveux gras et tout le reste n'existent souvent plus), de ce prof un peu tyrannique qui conçoit en secret un crush sur vous. Donc cliché de la relation prof/élève.
Avec Drago, c'est encore plus complet. On a le bad boy, BG, qui est censé la haïr et la considérer comme une "sang-de-bourbe". Et Voldemort ? Ce type est censé ne pas savoir aimer, alors oui, forcément, ça peut donner envie de se dire "Sauf si c'est moi...", et de se projeter derrière cette Hermione qui saura le séduire, souvent en remontant le temps. Ca tient vraiment du fantasme, parfois.
Après, il y a aussi des fics de qualité avec ces fandoms. Je ne sais pas si ce n'est pas justement en lisant un (bon ou mauvais, d'ailleurs) "Hermione/Drago", par exemple, qu'on ne va pas se dire "Tiens, et si j'en écrivais un, moi aussi !", ce qui pourrait expliquer que certaines se lancent dans ce genre d'exercice avec plus de savoir-faire que d'autres, malgré les fandoms un peu incohérents. Ca doit parfois être le cas...
Il y a des gens qui essaient vraiment de faire coller ces topoi assez séduisants et stéréotypés (les deux ennemis qui finissent ensemble, le bad boy avec la fille intelligente qui se révèle être sublime, le "monstre" qui s'humanise au contact de l'Unique, les meilleurs amis qui finissent par se dire qu'ils s'aiment, les gens de milieux différents qui finissent par s'aimer, les amours impossibles, le prof avec l'élève, etc.), voire à ces fantasmes inavouables (inceste, nécrophilie, zoophilie, etc.). Ils peuvent chercher ensuite à les exploiter, voire quelque fois à les rendre extrêmement cohérents, en faisant appel à des stratégies d'écriture et des développements psychologiques qui vont presque rendre le déroulement de l'histoire naturel. Et parfois, ça donne des choses géniales.
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Mais pas toujours.
Il y a aussi les gens qui ne lisent plus vraiment les HP, mais juste des fanfictions. À force, on peut se créer une nouvelle image des personnages, on peut en avoir des approches très stéréotypées. Chaque lecture donne lieu à sa nouvelle façon d'entrevoir un personnage, et on perd progressivement la nature de ce que JKR a écrit, pour se construire une vision neuve de Hermione, Harry, Ron, Drago, et tous les autres, à base d'un patchwork des visions des autres.
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Exemple : j'avais une amie qui adorait les Hermione/Drago, qui en écrivait pas mal... et qui proposaient des personnages absolument OOC (out of character). Parce qu'elle ne se les représentait plus qu'à travers ses lectures de fanfiction. Et elle n'en avait pas conscience du tout, elle lisait même certaines fics pour me dire "Drago n'est pas assez ci, Hermione est trop comme ça...", et souvent elle reprochait des éléments que JKR induisait déjà de base.
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Du coup, ça semblait limite naturel quand elle écrivait ça, mais elle aurait pu les appeler Jacques et Jacqueline que ça aurait pu tout aussi bien marcher. Dans ce genre de cas, ce ne sont plus que des noms, avec des auras de base qu'on arrive tout juste à préserver, des épithètes qui les résument entièrement à une idée sans nuance, et plus grand-chose de ce que JKR a créé derrière.
Bref, de toute façon, l'écriture est tellement personnelle qu'on y met un peu beaucoup de ce qu'on est, de ce qu'on aime, de ce qui nous fait fantasmer et de ce qu'on rêve d'être. Et ça fait donc autant de réalisations que d'auteurs. Et donc, parfois, de très belles bouses.
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